La « carte musique jeune » a été lancée : il s'agit d'une carte prépayée permettant d'acheter de la musique sur des sites labellisés « HADOPI ».

Le prétexte est de lutter contre le téléchargement illégal, alors qu'une étude a montré que ceux qui téléchargent le plus achètent le plus (1) .

D'autant que le budget qui ne passe plus en musique passe ailleurs, s'imaginer qu'il serait extensible à l'infini laisse perplexe quant au sens des réalités des décideurs économiques.

Cette carte permet aux 12-25 ans d'acheter, sur 14 plateformes dûment accréditées, 50 euros de musique en n'en payant que la moitié.

Vous voyez l'astuce ?

Ceux qui achèteront de la musique avec cette carte en payeront la moitié de leur poche, tout de suite, ensuite, les impôts et taxes de tous payeront le reste.

Cette dépense ne faisant pas partie des priorités de l'état, elle sera financée – comme une bonne partie du budget - par l'emprunt.

La même mécanique a été à l'œuvre avec les « primes à la casse », qui ne sont que de futurs impôts : payez demain les voitures que vous achetez - ou pas - aujourd'hui.

Une drôle d'idée qui fait penser, à une autre échelle, aux causes de la crise actuelle : faire croire, par le crédit, que tout le monde peut avoir accès à tout, tout de suite.

Comme le rappelle Umberto Eco (dans « à reculons, comme une écrevisse ») : l'industrie du superflu est l'ossature de notre système économique.

Une preuve de plus, à quand le réveil ?

(1) http://www.guardian.co.uk/music/2009/apr/21/study-finds-pirates-buy-more-music

Il y a longtemps que je n'avais pas envoyé de candidature, l'évidente inutilité de la démarche ne m'incitant pas à cet effort.

L'insistance de collègues prêts à me coopter pour une offre d'emploi correspondant à mon profil m'a néanmoins amené à postuler.

C'est sans surprise aucune que j'ai illico prestissimo reçu une fin de non-recevoir : quelques heures ont suffi, durant lesquelles a eu lieu un « examen attentif » de mon parcours (1).

Comme ils savent que j'ai du temps à perdre, ils m'incitent (et même « m'encouragent ») à postuler sur d'autres offres de leur société.

Fort heureusement, cet encouragement et leurs distinguées salutations de fin de mail m'ont, et le lecteur s'en doute, redonné un moral d'acier inoxydable propre à entretenir l'espoir de trouver un emploi stable.

La lecture de la presse a fini de me faire gravir des sommets jusque là ignorés de la félicité suprême en me rappelant que « l'informatique recrute à nouveau » (2).

Certes, elle recrute, mais des moins de 25 ans, diplômés d'un école à concours éminemment sélectif, avec 10 ans d'une expérience qu'on ne peut acquérir que sur le poste convoité, poste qui n'a pas grand intérêt ni perspectives d'évolution, et qui acceptent le SMIC informatique.

Autrement dit des gens qui de toutes façons trouveront mieux, et vite, ailleurs.

Et dire que tous ces recruteurs se demandent encore quel mystérieux mécanisme entraîne un taux de turn-over à 2 chiffres.

Il est vrai qu'on manque cruellement de candidats : le vivier potentiel contient seulement 2,784 millions de personnes indemnisées par le pôle-emploi.


(1) Examen attentif qui consiste à vérifier que le candidat n'aurait pas osé, l'effronté, postuler passé 40 ans.
(2) http://www.lexpansion.com/carriere/l-informatique-embauche-a-nouveau-des-cadres_242255.html?xtor=EPR-175
(3) http://www.pole-emploi.org/communication/septembre-2010-personnes-indemnisees-@/communication/cocommunique.jspz?id=11157