La semaine dernière, suite à une demande insistante du pôle emploi (1), je me suis rendu à une « journée recrutement ».

Cette charmante journée était organisée par une SSII (2) qui se dit en manque de candidats de qualité, dûment diplômés et expérimentés (3).

L’invitation était donc réservée aux bac+4 minimum, avec une expérience significative dans l’informatique : en clair, des vieux inemployables.

Que croyez-vous qu’il arriva ?

Nous étions une bonne trentaine « d’invités » forcés, et tous avions le même profil, qui peut se résumer à : plus de 40 ans, et un regard désabusé sur le monde du travail en général, et l’informatique en particulier.

J’ai été reçu en entretien, comme il se doit par une responsable RH qui a environ la moitié de mon âge, et déborde donc de l’expérience nécessaire pour jauger un CV.

Elle a été calmée par mes prétentions salariales, qui l’ont brutalement ramenée à la réalité, lui ont rappelé que demandeur d’emploi ne signifie pas demandeur d’aumône, et peut-être lui ont appris que l’expérience a une valeur.

(1) Insistante : dont le ton indique qu’il est préférable que je m’y rende si je veux profiter de mes futures indemnités
(2) SSII : Société de Service en Ingénierie Informatique
(3) Bac +8, moins de 25 ans, 15 ans d’expérience, travaillant pour le SMIC

 Il est généralement admis que travailler est bénéfique pour la santé mentale, ce que le demandeur d'emploi que je suis ne peut que confirmer.

Une étude (1) vient cependant de démontrer qu'il y a des limites à cette affirmation : le travail en question doit être de qualité.

Un travail de mauvaise qualité est défini par « des fortes exigences, peu de contrôle sur la prise de décision, une mauvaise sécurité de l’emploi et un déséquilibre entre l’effort et la récompense », qui peut même « s’avérer plus néfaste que le chômage ».

Ces quelques points décrivent très précisément la prestation de service en général, et dans l'informatique en particulier :

- il n'y a aucune prise de décision : c'est le client qui les prend
- l'emploi est précaire : les missions sont souvent de courte durée
- la récompense de l'effort n'est qu'exceptionnellement au rendez-vous : la seule possibilité de réelle augmentation de salaire étant le changement de société.

Ce qui m'étonne le plus, c'est de ne pas être surpris par cette étude.

(1) http://www.slate.fr/lien/35623/sante-chomage-travail