Pas plus tard que l'autre jour, je me suis rendu à un entretien, n'ayant rien de mieux à faire.

La personne qui m'a reçu m'a fait, comme d'habitude, une présentation détaillée de la société.

Elle a beaucoup insisté sur l'importance du « social » dans cette société, sous l'impulsion d'un dirigeant très à l'écoute de ses employés.

Parmi les prétendues avancées, je n'ai vu que des RTT en nombre correct.

L'intéressement et la participation, présentés comme des cadeaux d'une généreuse direction, ne sont que des obligations légales vue la taille de cette entreprise.

Aucun détail ne m'a d'ailleurs été donné sur ces prestations, certainement à cause de leur montant modeste, mais surtout parce que je n'y aurai jamais droit dans cette entreprise, à moins d'un miracle, que je ne souhaite pas forcément.

Mais il y a plus ridicule : la personne qui me vante les nombreuses avancées sociales n'est même pas une employée . Il s'agit d'une stagiaire, qui d'après mes informations, est là depuis de très nombreux mois.

En voilà du recrutement : faire vendre les qualités humaines et sociales d'une entreprise par une personne qui n'y est même pas salariée et ne profite d'aucun de ces avantages.

Les niveau des salaires en France donne lieu à des débats sans fin, chacun pensant que celui qui est bien payé, c'est l'autre.

Pour mettre tout le monde d'accord, l'observatoire des inégalités a mis un site sur lequel il est possible de savoir où chacun se situe précisément sur l'échelle des salaires.

La page donne le pourcentage de personnes qui gagnent moins qu'un salaire donné.

Ça se passe ici : http://www.inegalites.fr/spip.php?page=salaire

NB : les données sont celles des secteurs privé et parapublic pour l'année 2008

A titre d'information, dans la fonction publique d'état, en 2007 :
10% des agents gagnent moins de 1429 euros, contre 33% dans le privé.
90% gagnent moins de 3223 euros, contre 89% dans le privé.

Source INSEE : http://www.insee.fr/fr/themes/document.asp?reg_id=0&ref_id=ip1257

Les citations qui suivent sont authentiques, et montrent à quel point le niveau monte chez les recruteurs, mais aussi le respect des candidats, d'après l'attention portée à la rédaction et la vérification de l'annonce.

Le titre : «Responsable paie et daminsitration du personnel ».

Le contenu : il faut maîtriser un « logicieil interne »...Et bien entendu « Tous les travaux d'administration du personne. ».

La diplôme ? Là aussi c'est la fête : « Bac+2 Minimum Coptabilité ».

Ils ajoutent qu'une formation complémentaire en RH serait un plus : heureusement, puisqu'il s'agit d'effectuer tous les travaux d'administration du personnel.

Oser publier un torchon pareil sur un site d'emploi destiné aux cadres laisse pensif quant à la réelle volonté de recruter, et surtout quant à la considération pour les postulants.

Mais ce n'est que le début : avec tant de candidats potentiels, et leur nombre toujours croissant, il y en aura toujours un pour accepter.

Voilà que ça les reprend, la saison du blaireau, toujours aussi cons.

Cette fois, c'est Sandrine (1) qui m'écrit, pour me proposer encore un des ces improbables postes à l'autre bout de nulle part.

Tellement nulle part qu'elle a oublié de préciser le lieu, c'est dire sa compétence, son respect des destinataires, et le soin apporté aux vérifications.

Elle a lu mon CV avec attention, elle sait que je ne peux qu'être intéressé, après 15 ans d'expérience, par un poste de débutant pour programmer en Cobol.

Le sommet du délire, c'est le salaire : même comme chef de projet, pas une SSII ne donnerait autant, c'est juste pour remplir du mail ; le chiffre donné, personne ne l'aura.

Quant à la pérennité du poste, je vous laisse juger : la durée de la mission est de 2 mois.

En résumé : un poste précaire et sans intérêt, dans un endroit inconnu, pour un salaire illusoire.

Je lui propose donc une autre rédaction de son annonce moisie : « Cherche crétin acceptant de rêver à un salaire qu'il n'aura pas, dans un bled pourri, pour faire un taf sans intérêt, et tout ça au grand maximum pour 2 mois ».

A défaut d'attirer le pigeon, ça aurait au moins le mérite d'être honnête.


(1) Par respect pour ses compétences, le prénom de la demeurée n'a pas été changé