Daniel a de l’humour, mais il ne fait pas exprès, il me voudrait disponible « rapidement pour une opportunité », afin de me proposer un « nouveau challenge ».

En clair : il n’a personne pour une mission qui commence demain et qui demandera des efforts démesurés.


Il s’agit d’un projet de « build » qui démarre, mais je ne sais pas ce qu’est un projet de « build ».


Il me faudrait être « consultant LE », mais je n’y connais rien.


Seule qualité que je possède : je suis sénior (1), et il demande un consultant sénior ; par contre, il veut un consultant avec du « drive ». Est-ce que ça veut dire qu’il faut savoir jouer au golf ?


Le lieu de travail est particulièrement bien situé, surtout d’après ma localisation actuelle, puisqu’il est entre Paris et Dunkerque, ce qui doit le situer vers Amiens d’après googlemaps, soit une petite dizaine d’heures de route pour l’aller, et autant pour le retour. 


Enfin, il paraît que ma réactivité fera la différence, alors voilà : cher Daniel, sais-tu ce que tu peux faire de ton opportunité ?


Ca, c’est fait.


(1)    Un simple rappel : dans l’informatique, on est sénior dès 30 ou 35 ans, et il faut alors se dépêcher de trouver un vrai travail, parce que vers 40 ans, on passe sans préavis de sénior à obsolète.

Les jours passent et le message reste dans les médias : c’est maintenant l’aéronautique qui aurait du mal à recruter (un effet secondaire du salon du Bourget).

Les mêmes poncifs débités par les mêmes journalistes : il serait difficile de trouver des ingénieurs, techniciens, et ouvriers pour l’aéronautique.


Evidemment, puisque peu d’écoles forment à ces métiers, et qu’il y a la fuite vers d’autres domaines d’activité pour les ingénieurs. 


Les premiers de promotion des meilleures écoles vont dans la finance : il faut des têtes bien faites pour fabriquer les produits financiers qui provoqueront la prochaine crise en prétendant la prévenir.


Ensuite il y a l’informatique, les ESN bien sûr, qui recrutent à tour des bras des ingénieurs (obligatoirement jeunes et débutants), en leur promettant là aussi des carrières.


Ils y déchantent ensuite, mais trop tard, en voyant qu’il est très difficile de faire carrière quand tous les autres sont aussi compétents et diplômés que vous, et surtout se demandent  à quoi peut bien servir un bac+5 quand leur activité consiste souvent à faire des réunions et envoyer des mails (je me demande encore pourquoi ils ont tant scruté mon CV pour ma mission en cours, qui consiste à faire du secrétariat et du support téléphonique).


Au final, les employeurs pleurnichent parce qu’ils ne trouvent pas à vil prix un jeune surdiplômé possédant par avance toutes les compétences du poste visé.


Il me paraît pourtant évident que des spécialistes d’un domaine ne peuvent se former que dans le domaine en question, en particulier dans l’aéronautique, où l’on peut difficilement parler de pléthore de constructeurs concurrents chez qui il serait possible de dégotter la perle rare.


Il faut bien commencer par embaucher des débutants pour un jour avoir des spécialistes. Mais allez expliquer ça à un brillant responsable RH, qui croit dur comme fer que le candidat parfait existe quelque part, ce qui est plus facile que de prendre le risque d’en choisir un sur son potentiel.

Le Syntec numérique (1), qui se présente comme « le 1er syndicat professionnel de l’écosystème numérique français », a beaucoup travaillé.

Tellement qu’il en est arrivé à la conclusion qu’il fallait renommer les SSII (Sociétés de Services en Ingénierie Informatique).


Il faudra désormais les appeler des ESN : Entreprise de Services du Numérique.


Ça ne change rien, et c’est sûrement ce qui change tout.


Le chômage, qui lui n’a pas encore changé de nom, a augmenté de presque 16% dans l’informatique en 2012 (2).


Après ça, on pourra rire ou pleurer devant les "économistes" qui dissertent dans les médias sur la difficulté à recruter dans l’informatique , ou plutôt, dans les ESN …


(1)    http://www.syntec-numerique.fr/content/qui-sommes-nous
(2)    http://munci.org/Bilan-de-l-emploi-informatique-en-2012-et-previsions-2013

Il y a longtemps que Cindy ne m’avait pas écrit, et ses emails ne me manquaient pas.
Mais la revoilà, et c’est un plaisir de commenter sa prose.


Sa carrière a fait un bond, elle se présente maintenant comme « chasseur de tète », ou avait-elle la « tête », et m’apprend que mon profil a été sélectionné « par mots clés ».


Je le sais déjà : personne ne lit les CV, des recherches en base de données ont depuis longtemps remplacé cette pratique ancestrale, et c’est compréhensible, étant donnée la quantité que les « recruteurs » doivent avoir  en stock.


D’après son offre alléchante, ce serait un atout pour moi d’avoir travaillé dans « l’informatique industriel », et sans faute ?


Ou encore d’avoir travaillé dans le domaine de l’énergie, ou les domaines proches comme l’électronique. C’est bien connu, les centrales nucléaires, les raffineries, et la fabrication de processeurs : c’est la même chose !


Quant au niveau d’anglais, il doit être « correct », ce qui n’est pas trop demandé.


Dire que je vais devoir décliner cette offre alléchante, alors qu’il m’est proposé un salaire sur 13 mois, des RTT, et même, c’est vraiment le luxe, des tickets restaurants, dont le montant n’est cependant pas précisé.


En effet, ce poste est situé près d’une célèbre capitale française, ce qui fait un peu loin pour un trajet quotidien.

« Le livre noir de l'agriculture », d'Isabelle Saporta, journaliste.

En ces temps de lasagnes de bœuf au cheval (que nous allons failli manger avec une cuillère de bois) et de tarte au caca, la lecture de ce livre ne peut que légitimer nos inquiétudes.


D’autant que tout ce qui y est décrit obéit aux règlementations françaises et européennes, il ne s’agit pas  de tromperie. 


Le premier chapitre nous dit tout sur le cochon : pauvre bête ! Gavé de mélanges les plus improbables de produits achetés aux quatre coins du monde, et dopé aux antibiotiques, ça ne donne pas très envie de manger du jambon.
 

Du maïs peut-être ? Mais c'est bien sûr : comment faire pousser une plante tropicale dans des régions où on manque d'eau quand il fait chaud ? Facile, il suffit d'irriguer, et même, de donner des primes pour irriguer.
Ensuite, il suffit de donner d'autres primes pour dépolluer l'eau contaminée par les pesticides diffusés par l'irrigation...
 

Mangez des pommes ! Et bon courage à ceux qui le font : c'est un des fruits les plus traités (26 à 27 traitements chimiques différents, mais d’autres sources en indiquent plus).
 

Inutile d'espérer éviter cette pollution en pelant les pommes avant de les manger nous dit l’auteur  (il faudrait enlever 8mm d'épaisseur), d'autant que de plus en plus de produits sont dits "systémiques", et qu'ils se diffusent jusqu'au cœur du fruit.
 

Du pain peut-être ? Alors évitez le pain complet s’il n’est pas bio : il serait truffé d’additifs chimiques dont plus de 200 sont autorisés au niveau européen.
Je m’arrête là, il y aurait trop à dire tant les exemples cités sont nombreux.
 

Tout au long du livre, il est triste de constater que des solutions simples et peu coûteuses permettraient de passer rapidement à une agriculture « raisonnée », beaucoup moins polluante et presque aussi productive. Mais il faudrait pour ça changer les mentalités, et plus difficile encore, faire plier les lobbys.

En conclusion : bon appétit bien sûr !

D’après une enquête du site cadremploi.fr (1), les salaires dans l’informatique continuent d’augmenter.

Je suis ravi d’apprendre qu’un développeur ayant 5 à 10 ans d’expérience gagne déjà plus que moi (2), comme d’ailleurs presque n’importe quel profil d’après cette étude.


Et encore, en restant dans le domaine « études et développement » (3), si je regarde du côté « conseil et MOA », c’est avant 5 ans d’expérience que tout le monde gagne plus que moi.


C’est à se demander ce que j’ai bien pu foutre pendant toutes ces années pour en arriver à un poste et un salaire aussi misérables.


A moins que ces chiffres ne soient un tantinet bidonnés, ou strictement parisiens, parce qu’en fait, la plupart des gens que je connais sont dans ma situation.

(1) http://www.cadremploi.fr/editorial/actualites/actu-metiers-regions/detail/article/informatique-et-telecoms-les-grilles-des-salaires-2013.html
(2) Ceux qui me connaissent savent que mon âge avancé m'a donné une expérience bien plus consistante

(3) Un nom bien ronflant pour tout ce qui concerne la programmation


Une annonce a attiré mon attention, personne ne sera surpris d'apprendre que ce n'est pas pour ses qualités.
 

Le début est toujours le même : les 2/3 de l'annonce servent à présenter l'entreprise, comme s’il était encore nécessaire de présenter une SSII.
 

Le contenu qui décrit le poste est une succession de banalités et de fautes de grammaire, d'orthographe, ou de syntaxe.

Il faut par exemple "bien sûre assurer la qualité de livraison".  Bon sang, mais c’est « bien sûre » !

Il faut aussi posséder un "anglais technique développé », c’est "un plus". C'est quoi donc qu'est-ce dont il s'agit ?
A Croire qu'il existe de l'anglais "sous-développé", qui serait donc un "moins".


La plus grande partie de l'annonce décrit, non pas un poste particulier, mais ce que tout manuel de gestion de projet racontera, et je me demande à qui ce genre d'annonce s'adresse : en quoi est-il nécessaire de répéter ces lieux communs ? D’autant plus que ceux à qui il faut les rappeler n’ont pas les compétences pour répondre à l’annonce.

Sans compter qu'il faut "Une certaine aisance relationnelle" pour gérer un projet.
Quelle surprise ! D'habitude ils recrutent des dictateurs ou des mercenaires pour gérer les projets ?

Peut-être viennent-ils  de trouver la pierre philosophale de l'informatique de gestion : pour gérer un projet, il faut des qualités, notamment relationnelles, et pas seulement une grande gueule pour harceler son équipe en pensant que les décibels valent tous les arguments, et qu’une langue bien baveuse peut suffire à satisfaire sa hiérarchie.

Ce poste n'est, on s’en doutait, accessible qu'avec un bac+5, sans que ne soit précisée l'expérience, alors qu'elle est évidemment nécessaire pour ce type de poste.

La conclusion de tout ça : à force de recruter n'importe comment, ils n'y a même plus de recruteurs capables de recruter, la boucle est bouclée.

Bonne année !

Manigong bagong taon !

Happy new year !

新年快乐 !