C’était hier, au journal télévisé, la bonne nouvelle de l’année : le pôle emploi prévoit en 2014 une hausse de 5% des intentions d’embauche.

Il faut souligner qu’il ne s’agit que d’intentions, et surtout que je ne connais personne à qui pôle emploi ait trouvé un travail. Sans compter que ce n’est pas une hausse des intentions, même de plusieurs  % qui permettra  de faire baisser le chômage. 

La suite du reportage coule de source : la journaliste a jugé bon de poser à l’expert du marché de l’emploi la question bête qui appelle une réponse inepte. Elle lui a demandé si par un hasard curieux il n’y aurait pas des secteurs « en tension » qui auraient beaucoup, mais alors vraiment beaucoup, de mal à recruter malgré 5 millions d’inscrits chez Pôle.

Qui l’eut cru ? Le premier secteur cité est l’informatique : il serait difficile de recruter des « ingénieurs en informatique ».  Allez donc demander aux 77 000 inscrits dans ce secteur (1) ce qu’ils en pensent : il est vrai qu’ils ont sûrement trop d’expérience, ou plus de 35 ans, ce qui revient au même dans un secteur où on est sénior après 5 ans d’expérience.

Autre secteur cité : la restauration. Rassurez-vous, il n’auront pas besoin de recruter bien longtemps : les tickets restaurants qui jusque-là étaient surtout cumulés pour se payer un bon restaurant le week-end ou les courses de la semaine ne deviendront bientôt utilisables que dans des restaurants, en semaine, le midi. (C’était déjà le cas, en théorie, mais le laxisme était de mise).

Si cette règle est strictement appliquée, nombreux seront ceux qui comme moi, diront clairement à leur employeur ce qu’il peut faire de ses tickets (il est tout à fait possible d’y renoncer), puisqu’il est hors de question que je sois obligé de manger dans des restaurants où on me servira du réchauffé le midi (2) : je peux le faire pour moins cher à la maison. Les intentions d’embauche devraient s’en ressentir.

Mais voilà, il faut bien remplir le journal télévisé avec des bonnes nouvelles, quitte à passer pour définitivement incompétent, pour faire croire qu’il reste une lumière au bout du tunnel, alors qu’elle a été éteinte pour des raisons budgétaires.

(1)    Les (vrais) chiffres sont là : http://munci.org/emploi-informatique.pdf
(2)    Selon l’Umih, le principal syndicat des métiers de l’hôtellerie, "aujourd’hui, près de 80 % des 150 000 établissements répertoriés dans l’Hexagone travaillent avec des produits industriels semi-élaborés ou finis". source : http://www.ufc-quechoisir-tours.org/acturestosplats.html