Le projet sur lequel je travaille en temps que grouillot de base spécialiste des technologies des années 60 (1) est en retard.

La raison principale est que ce très long (plus de 2 ans) projet est très technique, et personne parmi les gestionnaires du projet n'a un profil technique.

Quand je suis arrivé il y a quelques mois,, il y avait 4 personnes pour gérer, et 2 "ressources off-shore" (2) pour faire le travail, alors que le peu de documentation du logiciel est en français.

Depuis, nous sommes 2 ou 3, en France, selon les jours.

Comme le projet a évidemment sérieusement dérapé, il devient impossible de réaliser des tâches parce qu'elles ne sont pas réalisables en parallèle, et personne n'avait prévu qu'elles pourraient entrer en collision suite à divers délais, c'est la panique, et les retards s'accumulent.

Pour résoudre ce problème, lié à l'incompétence technique de ceux qui ont planifié le projet, la solution classique est employée : faire des lampistes les responsables de tous les maux de la terre, et viser en priorités dernières recrues.

C'est arrivé aujourd'hui : moi et un collègue avons été désignés comme ceux à qui on ne peut pas faire confiance, et comme des personnes qui ne donnent pas de visibilité sur leur activité, en gros des incapables ingérables.

Ces compliments ont été proférés durant un "meeting" de haut niveau, en notre absence, mais nos noms ont été donnés en pâture au donneur d'ordre final.

Il est fort probable que ce dernier sera dupe, ou fera semblant de l'être, puisqu'il doit aussi justifier de son retard, ou du moins désigner des coupables, ce qui soulagera tout le monde.

La morale de cette histoire est qu'il vaut mieux être chef de projet sans rien comprendre de ce qui se fait, plutôt que technicien qui maîtrise son sujet.

Je devrais très rapidement avoir des nouvelles de mon cher employeur : le connaissant, il est possible que ce soit effectivement de ma faute, et que je doive payer au prix fort le désastre qui m'est imputé. 

Heureusement, la peine de mort abolie, le pôle emploi est ouvert, et c'est bientôt noël.

(1) Si, si, le Cobol et le JCL existent depuis plus de 50 ans.
(2) C'est ainsi qu'ils sont désignés par les "project managers" : ce sont des indiens nouvellement formés à ces technologies ancestrales, et qui n'ont pas encore d'autonomie sur le projet.