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Un essai vient d’avoir lieu : un A380 a volé pendant 3 heures avec de l’huile de friture (1). 

Serait-ce un espoir de sauver cette industrie à l’avenir incertain ?

Il suffit de regarder les chiffres:

La production mondiale d’oléagineux prévue était d’environ 500 millions de tonnes pour 2019 (2) .

La consommation mondiale de kérosène était d’environ 600 millions de tonnes en 2020.

La conclusion est simple : à moins de priver la planète de frites, de mayonnaise et de vinaigrette, il ne sera pas possible de faire voler plus que quelques prototypes avec de l’huile alimentaire, et c’est tant mieux (quoique l’odeur de carburant brûlé doit être un peu meilleure qu’avec du kérosène).

Plutôt que de faire des expériences dont le seul but est de faire le « buzz », les industriels seraient bien inspirés de lire cette étude du Shift Project (3) faite avec Supaéro dont je vous livre la conclusion:

« Nos travaux montrent à la fois par rapport à la croissance historique pré-covid et par rapport aux prévisions du secteur que respecter le budget carbone nécessite de conjuguer deux leviers : le progrès des technologies décarbonantes et l’ajustement du trafic aérien au rythme de leurs déploiements. »

En clair, sans baisse du trafic, pas de solution. 

Pour mémoire, le traffic aérien génère mondialement autant d’émissions que les camions ou les bateau, qui eux sont nécessaires à la notre approvisionnement en produits de base.


(1) https://www.geo.fr/environnement/airbus-un-a380-vole-pour-la-premiere-fois-avec-de-lhuile-de-cuisson-209028

(2) http://www.fopoleopro.com/marche-mondial-des-oleagineux-juin-2018/

(3) https://theshiftproject.org/wp-content/uploads/2021/03/Pouvoir-voler-en-2050_Shift-Project_Synthese.pdf

Depuis maintenant plusieurs mois, une liste de produits contenant du sésame traité à l’oxyde d’éthylène ne cesse de s’allonger (1).

Pour tenter de nous rassurer, il est dit sur le site de la DGCCRF  « Des investigations sont actuellement en cours en lien avec la Commission européenne pour identifier l’origine de cette contamination. »

Ça me rappelle l’histoire de l’huile de tournesol contaminée à l’huile moteur en 2008, pour laquelle on nous a dit qu’après tout, quelques grammes d’huile minérale ne sauraient nuire à la santé, même pas celle d’un enfant (2).

C’est au moins l’occasion de se rendre compte qu’il y a du sésame partout, qu’étrangement, la même contamination se retrouve dans des produits certifiés bio, et d’autres qui ne le sont pas.

C’est évidemment une marque d’attention des fabricants qui mettent du bio sans nous le dire, pour notre plaisir et notre santé.

J’ai lu dans un article que les industriels se sont défendus avec un argument si frappé au coin du bon sens qu’il m’a presque convaincu : s’ils n’ont pas testé la présence d’oxyde d’éthylène, c’est parce que celui-ci est interdit en Europe.

Quelle sincérité, quel pragmatisme, quelle efficacité, d’autres entreprises pourraient les prendre en exemple:
- Plus de vigile dans les supermarchés puisqu’il est interdit de voler
- Plus de coffres forts dans les banques puisqu’il est interdit de les braquer

Les services de l’état devraient aussi en prendre le la graine afin de réaliser de très substantielles économies:
- Suppression de tous les radars puisqu’il est interdit de rouler trop vite
- Plus de contrôles fiscaux puisque la fraude fiscale est interdite

Et bien entendu, disparition des policiers, gendarmes, juges, tribunaux, prisons : personne ne fait rien de mal puisque c’est interdit

Il faut quand même penser à garder l’armée : la guerre ce n’est pas bien, mais pas encore interdit.

Le week-end dernier, avec le journal du dimanche, il y avait un supplément sur les métiers d’avenir.

L’informatique y tenait une bonne place, et en particulier les développeurs, qui seraient très recherchés : il est question de 150 000 postes créés cette année (je soupçonne l’auteur de l’article de souffrir d'un sévère excès d'optimisme)

L’article précise aussi que le salaire des débutants est de 40K annuels.

L'emploi en chiffres

L’emploi informatique représentait en 2017 3,2% de l’emploi total en France (source Dares : https://dares.travail-emploi.gouv.fr/sites/default/files/pdf/dares_inseereferences_metiers_numerique_2019.pdf )

40% de ces emplois sont en île de France, 20% seulement des employés on plus de 50 ans (contre 32% en moyenne en France), les moins de 30 ans représentent 30%.

D’après le Syntec numérique, il y aurait 150 00 créations de postes par an : https://syntec-numerique.fr/actu-informatique/combien-secteur-numerique-cree-t-il-emplois

Et pourtant…

Il est prévu par la DARES 110000 créations de poste, mais de 2012 à 2022, soit 11 000 par an.

D’après France stratégie (rapport de 2015 : les métier en 2022):

https://www.strategie.gouv.fr/sites/strategie.gouv.fr/files/atoms/files/fs_rapport_metiers_en_2022_27042015_final.pdf


Pour les métiers de l’informatique : « un taux de création nette qui pourrait dépasser 1,7 % par an d’ici à 2022. »  , soir 13600 postes par an, on est loin des 150 000 du Syntec, mais proche de la DARES.

L’informatique n’est pas, et de loin, le secteur le mieux loti pour les créations d’emploi,  une bonne part n’y étant que des remplacements, pas des créations nettes

Le pôle emploi dit la même chose:

51000 projets de recrutement, mais il ne s’agit pas de créations : dans un secteur où le turn-over est d’environ 20%, le simple remplacement des salariés pourrait générer 150 000 offres d’emploi par an (beaucoup moins puisque beaucoup de recrutement se font par cooptation, connaissance, etc. et ne donnent pas lieu à la publication d’une offre)


Sachant qu’il y a environ 270 000 développeurs en France (https://www.lemondeinformatique.fr/actualites/lire-portrait-robot-du-developpeur-en-france-74809.html) , avec 58% ayant moins de 10 ans d’expérience, il est compréhensible de voir beaucoup d’offres pour des postes sur lesquels il n’est pas possible de rester longtemps.


Et les salaires


D’après l’enquête de l’usine nouvelle en 2017, le salaire moyen brut en sortie d’école d’ingénieur est de 39 722 euros
(c’est environ 5000 euros de moins par an pour les diplômés de l’université), soit sensiblement celui qui serait proposé pour des développeurs débutants.

Mais il ne s’agit pas spécifiquement d’informaticiens, même si les ESN (entreprises de service du numérique, ex-SSII) aiment beaucoup recruter des bac+5 pour des emplois de techniciens, qui, il y a 15 ans, étaient occupés par des bac+2.

https://emploi.developpez.com/actu/290185/Diplomes-de-Master-2016-plus-de-5000-dans-la-filiere-informatique-avec-un-taux-d-insertion-professionnelle-de-95-pourcent-a-18-mois-et-97-pourcent-a-30-mois-apres-l-obtention-de-leur-titre-universitaire/

Concernant le salaire des développeurs, les chiffres les plus fantaisistes circulent:

Si on regarde https://www.carriere-info.fr/salaire/metier-developpeur.html
la fourchette va de 17k à 35k

D’après https://www.salairemoyen.com/salaire-metier-1581-Developpeur_informatique_.html

La moyenne est de plus de 50k par an. (Sans rire ? En Province ? Je peux poster mon CV ?)

D’après https://fr.indeed.com/career/d%C3%A9veloppeur/salaries

Les développeurs de base sont à près de 40k.

Mais d’après https://www.cidj.com/metiers/developpeur-developpeuse-informatique#:~:text=Les%20salaires%2C%20plut%C3%B4t%20%C3%A9lev%C3%A9s%20dans,%C3%A0%20exclure%20par%20la%20suite.

Il faut compter sur 2100 euros bruts mensuels, soit environ 25k, ce qui me semble, de très loin, le plus réaliste, surtout en province.

Mais plutôt que de parler d’embellie, de recrutement massif, de pénurie, de salaires élevés, les « journalistes » qui publient ces fantasmes devraient aller voir ce qui se passe vraiment dans les ESN.

Celle dans laquelle je suis n’est pas une exception: il y a des gens qui n’ont pas été augmentés puis 15 ans, dans mon cas c’est 2% (en tout) en 10 ans (autant dire que j’ai perdu au moins 20% de pouvoir d’achat en tenant compte de l’inflation, des hausses de charges, d’impôts, etc.), pourtant mon salaire est proche de ceux de soi-disant développeurs débutants du premier article cité.

La vérité est qu’il y a trop de monde sur le marché, des donneurs d’ordre qui tirent les prix vers bas, et le jeunisme.

Le site munci.org était le seul, à ma connaissance, qui décrivait avec précision ce marché si particulier, mais il est fermé depuis des mois.

Il ne reste donc que des articles qui survolent le sujet en décrivant un eldorado qui n'existe plus depuis longtemps.

 Ce matin le débat économique hebdomadaire de 7h50 sur France inter portait sur les engagements du gouvernement sur le climat (1).

Le débat de chiffres, en plus d’être comme souvent centré sur l’électricité, a tourné au ridicule, avec par exemple « les éoliennes sont plus soutenables que le nucléaire ». 

On s’en fout: le problème est que 67% de l‘énergie utilisée en France est d’origine fossile (au niveau mondial c’est plus de 80%).

Pour une simple question d’échelle et de ressources, les énergies fossiles ne seront jamais remplacées, à leur niveau d’utilisation actuel, par des éoliennes, des panneaux solaires, des barrages, ou du nucléaire. (2)

C’est aussi oublier un peu vite qu’un parc éolien ou solaire doit être impérativement associé à un parc «  classique », en général des centrales à gaz, pour pallier l’intermittence, sans parler de la durée de vie de ces équipements (environ 25 ans) et de leur recyclage difficile.

Le sommet de l’incompétence a été atteint sur la question du pétrole (qui accessoirement représente 98% de l’énergie utilisée dans les transports): d’après l’un des intervenants (vers 10mn30) le pic pétrolier serait une théorie dont « on sait maintenant que ce n’est pas vrai ».

(Il parle aussi des réserves de gaz et pétrole qu’il ne faudrait pas utiliser, il oubli le charbon : double faute)

Dire que le pic pétrolier est une fausse théorie revient à dire dire que puiser de façon infinie dans un stock fini est possible, ce que seuls les prestidigitateurs et les économistes savent faire.

D’autant que l’agence internationale de l’énergie dit dans son rapport de 2018 : (3)

«  La production de pétrole brut conventionnel a atteint son maximum en 2008, à 69,5 Mb/j, et elle a depuis baissé d’environ 2,5 Mb/j. 

Dans le scénario « Nouvelles politiques », elle baisse de 3 Mb/j supplémentaires entre 2017 et 2040, et sa part dans l’offre mondiale de pétrole baisse régulièrement, passant de 72% aujourd’hui à 62% en 2040. 

Le niveau des ressources conventionnelles dont le développement a été approuvé ces dernières années est bien inférieur aux exigences de la demande du scénario Nouvelles politiques, ce qui créera un risque de tension sur le marché dans les années 2020. »

Et: 

« Le risque de resserrement de l’offre est particulièrement prégnant pour le pétrole. Ces trois dernières années, le nombre moyen de nouveaux projets approuvés de production de pétrole conventionnel ne représente que la moitié du volume nécessaire pour équilibrer le marché jusqu'en 2025, compte tenu des perspectives de demande du scénario « Nouvelles politiques ». Il est peu probable que le pétrole de schiste prenne le relais à lui seul. »

En bref, nous sommes mal barrés: entre les prévisions de l’AIE, les élucubrations des économistes, et l’incompréhension des enjeux par les dirigeants économiques, politiques, et souvent d’entreprises, l’avenir est plus que jamais compromis.

Pour plus d’information sur le pétrole : https://youtu.be/LeDzFEyICXI

Et pour en savoir un peu plus sur l’énergie en général et le climat, voir le cours (8 fois 2h) donné à l‘école des mines sur : https://slides.pimoid.fr/jancovici/mines_2019/


(1) Emission du 20 novembre: https://www.franceinter.fr/emissions/le-debat-economique

(2) Et encore moins par l’hydrogène comme des fantaisistes avides de subventions nous le promettent : faire de l’hydrogène nécessite de l’énergie, celle utilisable avec l’hydrogène produit sera forcément inférieure à celle utilisée pour le produire, donc autant utiliser directement l’énergie en entrée. Sans parler du stockage.

(3) Le site de l’AIE ne le propose pas en entier, mais des extraits sont disponibles ici: https://fr.wikipedia.org/wiki/World_Energy_Outlook


 J’ai vu le Périgord, et ça se mérite.

C’est Waze qui nous a guidés : erreur fatale.

Waze, c’est bien pour éviter les bouchons dans les agglomérations, mais beaucoup moins bien sur les routes de campagne.

Il nous a conduits sur des routes qui feraient passer les départementales, communales, et chemins vicinaux, pour l’autoroute du soleil.

Des chemins improbables au milieu desquels l’herbe pousse et sur lesquels il vaut mieux ne croiser personne, et d’ailleurs, ça tombait bien, il n’y avait personne.

Pour les paysages, à la végétation près, ça ressemble au Luberon : routes ridiculement sinueuses et étroites, à flanc de coteaux pierreux, où la prudence nécessaire rend inutiles les limitations de vitesses.

Pas pour les autochtones qui ont été nombreux à me doubler.

On m’avait dit « on mange bien dans le Périgord ».

C’est vrai, à condition de casser sa tirelire.

Parce que dans la restauration standard pour touriste, c’est assez moyen : 20 balles pour une cuisse de canard confite sortie de sa boîte, réchauffée (1), parsemée d’herbes de Provence (qui doivent se demander ce qu’elles font là), et accompagnée de frites surgelées premier prix, ce n’est pas donné.

Par contre, dans un bon restaurant, canard frais IGP cuisiné maison, c’est autre chose, et c’est un autre prix, d’où la tirelire cassée.

Après ça, une bonne bière, en ville et en terrasse, c’est 5 euros le demi, j’ai pris le temps de le siroter.

Ça doit être à cause des nombreux anglais, les prix sont directement convertis en livres sterling.

Il y a aussi l’effet Covid : beaucoup trop de monde dans les villes, les villages, les jardins, les châteaux.

A refaire, mais en Juin ou en Septembre.


(1) Forcément réchauffée, je ne vais pas attendre les 12 heures de passage au sel et les 2 heures de cuisson, les autres touristes non plus.


C’est un sujet très à la mode en ce moment chez les politiques, dirigeants, journalistes et doux rêveurs : l’avion vert (ou zéro carbone, ça dépend des goûts).

D’après un de ces brillants esprits (1) il sera même possible d’ici 15 ans de faire voler des avions à l’hydrogène.

Un autre, tout aussi brillant, vous le promet même d’ici 2022, mais avec un « peut-être », ce qui permet de dire n’importe quoi en pensant garder sa crédibilité (2).

Il y a juste un problème : l’expression « avion vert » ne correspond à aucune définition, aucun cahier des charges, c’est juste un slogan.

C’est pratique un slogan : facile à retenir, mais suffisamment flou pour pouvoir lui faire dire ce qu’on veut et le réinterpréter quand il sera devenu ridicule.

Si un avion vert est un avion écologique, c’est qu’il ne vole pas, ne bouge même pas.

Pour d’autres, l’avenir est l’avion à hydrogène.

Bien sûr ! Comment ne pas y avoir pensé avant, l’hydrogène est l’élément simple le plus abondant de l’univers, à un détail près : sur terre il n’existe qu’à l’état de trace, et à ce jour aucune méthode avec un rendement acceptable n’existe pour le récupérer (sans parler du stockage).

Bien sûr, tous ces guignols vont vanter l’avion « zéro émission », ce qui serait vrai, mais uniquement pendant le vol. L’énergie dépensée pour récolter et stocker l’hydrogène, avec les rendements d’aujourd’hui, sera supérieure à celle qu’aurait utilisé un avion classique.

Au fait, un moteur à hydrogène, ça existe déjà, on l’appelle Vulcain sur Ariane 5, par contre, tous les billets sont des allers simples.

Il me faut aussi évoquer une évidence : l’aviation, et surtout le transport de passagers en masse ne sert à rien. Transporter des milliers de personnes à l’autre bout du monde pour dépenser leur argent chez des plus pauvres qu’eux, quelle utilité ?

D’autant qu’il n’y a que les « riches » qui prennent en avion (4).

Sur les derniers mois, presqu’aucun avion n’a volé, et qu’est-ce qui a changé ? Rien, il faut pourtant sauver d’urgence ce secteur, au détriment d’autres beaucoup plus utiles, comme la santé ou l’agriculture.

Le lecteur pourra aussi jeter un oeil à cet article brillant de compétence (3), qui parle d’avion électrique dont les réservoirs d’hydrogène (« hautement robustes ») seraient comme ceux de la Toyota « Mia ». Visiblement le journaliste a confondu une danse marseillaise avec la Toyota Mirai.

Quand je vois le niveau de réflexion et de compétence de ceux qui nous promettent un « avion vert », je me dis qu’il n’est pas près de voler.

Et aussi que les années à venir nous rapprocheront plus du soleil vert que de l’avion vert.


(1) https://www.marianne.net/politique/extension-de-roissy-charles-de-gaulle-pollution-de-total-sur-ces-dossiers-borne-ne-se

(2) https://www.fredzone.org/les-avions-a-hydrogene-vont-peut-etre-envahir-nos-ciels-dici-2022-441

(3) https://www.bfmtv.com/economie/une-start-up-americaine-parie-sur-un-avion-propulse-a-l-hydrogene-1758339.html

(4) les 2 déciles des revenus les plus élevés représentent l’essentiel des voyageurs

Un seul mot a suffit, « confinement », pour semer la panique dans les chaumières.

Ruée vers les supermarchés pour faire le plein de denrée plus ou moins utiles.

Puis des millions de personnes en télétravail, et d’autres millions en chômage partiel.

Tout s’est arrêté, ou presque.

Ça m’a rappelé une phrase d’Umberto Eco, dans laquelle il dit que c’est l’industrie du superflu qui constitue l’ossature du système économique.

Tout est dit : les compagnies aériennes au bord de la faillite, des aéroports, les cinémas, salles de sport, cafés, restaurants, salles de spectacle, campings, hôtels, etc. qui ferment, et la vie continue.

Tant qu’il y a de l’électricité, de l’eau, du pétrole, des agriculteurs, et des camions pour transporter la nourriture, tout va bien.

Les « pénuries » dans les magasins m’ont rappelé des mauvaises blagues des années 80 sur les pays de l’Est :
« un sandwich , c’est un ticket de jambon entre deux tickets de pain ».
Ou encore «
- Ils sont 2 fois moins chers les oeufs dans le magasin d’en face, mais ils n’en ont plus
- Nous aussi, quand on n’en a plus, ils sont 2 fois moins cher »

Il aura suffit d’un microscopique organisme pour faire tomber les certitudes des obsédés de la croissance.

Ou plutôt faire vaciller leurs certitudes : des économistes  ou responsables politiques se répandent déjà dans les médias pour rassurer tout le monde ( et surtout se rassurer eux-mêmes), annonçant des « plans de relance » et autres milliards qui seront débloqués, histoire de repartir comme avant.

Et pour en avoir plus sur pourquoi ça ne repartira pas comme avant, c’est ici, en anglais: https://ourfiniteworld.com/2020/03/31/economies-wont-be-able-to-recover-after-shutdowns/


Et restez chez vous

Dans la plupart des grandes entreprises, l’accès aux locaux, et parfois à d’autres services, se fait avec un badge.

Afin de ne pas mélanger torchons et serviettes, les prestataires de service ont le plus souvent un badge de couleur différente.

Lorsque durant une mission il m’arrive de croiser un ancien collègue qui a été embauché par ce client, sa première réaction n’est pas de me saluer, mais de vérifier la couleur de mon badge, en le retournant si nécessaire.

Ce n’est qu’après qu’il prendra le temps de me dire qu’il a oublié mon nom et l’endroit où on nous avions travaillé ensemble.

Mais maintenant il sait que je ne fais pas parti des élus, et que je ne dois vraiment pas être très doué pour être encore en ESN à mon âge.

Il passe ensuite quelques minutes à m’expliquer que tout n’est pas si facile, même quand on n’est plus prestataire, qu’il y a la pression, tout ça.

Tu penses ! 30% de salaire en plus, des augmentations régulières, 2 ou 3 semaines de congés supplémentaires, la possibilité d’évoluer et même de changer de métier, et un CE généreux, quel enfer (1) ! Si c’est si difficile, les ESN recrutent, je peux coopter.

Il n’a pas le temps de m’écouter lui raconter ce que j’ai fait depuis toutes ces années, mais prend poliment, et surtout rapidement, congé, afin de ne pas trop verser dans le social ou laisser penser qu’il aurait un semblant de considération pour celui qui n’est qu’un intrus dans « son » entreprise.

C’est comme ça la vie de prestataire.



(1)    Si, si, c’est encore le cas dans beaucoup de grandes entreprises dans lesquelles j’ai été prestataire

Tous les ans, c’est le même rituel : les entretiens annuels, qui prennent des noms différents selon les entreprises, mais recouvrent la même triste réalité : faire semblant d’évaluer les employés.

Le but de ces entretiens est d’occuper les managers dispensables en leur donnant l’occasion de s’imaginer posséder un pouvoir qu’ils n’ont pas.

En effet, les décisions sont prises en haut lieu, où des idiots inutiles décident de ne pas augmenter la majorité des salariés en faisant mine de tenir compte de l’avis des idiots utiles que sont les « managers » qui font passer ces entretiens.

Bien entendu, tous les ans, le manager change afin de prétende ne rien savoir de vos activités passées ni de vos compétences ou envies d’évolution, et donc de ne pouvoir appuyer une demande d’augmentation ou de changement de statut.

Cette année, le brillant chef (ou directeur) de feuille Excel de son état, qui m’a fait passer cet inutile entretien a innové en tentant mettre un titre parlant sur mon CV.

Il ne semble pas au courant qu’après des années de missions sans lien entre elles, dans des domaines et des entreprises hétéroclites, je suis devenu si polyvalent qu’il est possible de me vendre sur n’importe quelle mission.

Enfin presque, n’étant évidemment pas « manager », je ne peux rien gérer.

Mais en fait, si, au gré des missions je suis déjà devenu chef de ceci ou administrateur de cela, mais juste le temps d’une mission, afin de faire plus de marge sur mon dos.

L’entretien s’est très bien passé : le résultat sera une année supplémentaire sans augmentation, sans formation ni perspective d’évolution.

Mais alors, pourquoi ne pas tenter ma change ailleurs ? Doit se demander le lecteur attentif (mais y en a-t-il ? (des lecteurs, pas des gens attentifs))

Simplement parce que personne ne recrute vraiment, les recrutements consistent à remplacer les départs (Le turnover moyen doit dépasser les 20%). Il est même probable que le nombre de postes créés chaque année soit inférieur au nombre de diplômés.

En plus, j’ai presque atteint l’âge fatidique d’une demi-siècle, ce qui rend tout recrutement impossible (ou presque, sur un malentendu peut-être, et encore en CDD ou intérim)

La seule parade que j’ai trouvée est de fournir à mon employeur une quantité de travail directement corrélée à ma rémunération.

Je tiens évidemment compte de l’inflation, et même du prélèvement à la source : je vous laisse imaginer ma productivité actuelle.

C’est pourtant suffisant pour que le client soit content.

Alors en attendant, j’attends.

En France l’état se mêle de tout, c’est pour ça qu’il occupe autant de monde.

Il s’occupe même de taille de la police de caractère qui sera sur les bulletins de paye en janvier prochain.

Puisque le prélèvement à la source va faire baisser le net à payer, nos brillants dirigeants ont imaginé une astuce en adaptant le code du travail :

« Pour la composition de la mention “Net à payer avant impôt sur le revenu” et de la valeur correspondant à cette mention, il est utilisé un corps de caractère dont le nombre de points est au moins égal à une fois et demi le nombre de points du corps de caractère utilisé pour la composition des intitulés des autres lignes. » (1)

Ce tour de passe-passe a pour but de mieux faire passer la baisse du net perçu par les 17 millions de foyers soumis à l’impôt sur le revenu.

Personnellement, j’ai plus que jamais l’impression d’être pris pour un con, je suis heureusement vacciné par mon employeur (et j'ai régulièrement des rappels).

Cette mesure est d’ailleurs une demie-mesure : quitte à afficher un montant virtuel qui ne sera pas versé, pourquoi ne pas avoir affiché 1 million d’euros pour tout le monde ?


   (1)    extrait du journal officiel : https://www.legifrance.gouv.fr/eli/arrete/2018/5/9/CPAS1812606A/jo/texte



La nouvelle est tombée vendredi dernier, le sous-fifre devant me l’annoncer n’ayant pas le courage de le faire, il a envoyé un sous-sous-fifre.

La voici : pour la 7ème année consécutive et malgré de forts bons retours sur les missions que j’effectue, mon augmentation de salaire sera de 0% (zéro pour cent, que dalle, peanuts, nib, nada, voyez ?).

Pourtant, des collègues qui font le même travail que moi, mais qui ont 10 ans de moins, gagnent plus.

Dans le même temps mes chers leaders servent à qui veut l’entendre des « on a du mal à recruter ».

Sachez que les « difficultés de recrutement dans l’informatique », ce n’est pas une news, ce n’est pas non plus une fake-news, mais bien une défèque-news.

Comme son nom l’indique, cette dernière est généralement émise par un trou-du-cul.


Mon employeur, après m’avoir vendu pendant 1 mois pour presque 2 fois ce que je lui coûte (c’est à dire plus de 3 fois mon salaire net) sur une mission totalement en dehors de mes compétences, a retrouvé mon CV.

Il y a une bonne quinzaine d’années, j’ai développé pendant quelques mois en ABAP, le langage de SAP.

Selon les dires de mon manager à l’universelle incompétence technique : « c’est comme le vélo, ça ne s’oublie pas ».

Je ne sais pas si vous voyez le niveau de mépris pour la technique - et ceux qui en font - de ce guignol.

D’abord parce que je n’ai pas fait de vélo depuis plus de 30 ans, mais surtout parce qu’un environnement comme SAP et son langage, ça s’oublie d’autant mieux que je n’en ai jamais été un spécialiste.

Mais le pantin qui fera son chiffre sur mon dos s’en fout, d’autant plus que lors de mon prochain entretien annuel, il m’expliquera que cette mission technique de débutant ne m’ayant rien apporté, je n’aurai pas d’augmentation.

Pas de panique toutefois : plus de 25 ans d’expérience m’ont appris que ce n’est pas au travail que le cerveau s’use sur des problèmes ardus, et que google est l’ami du développeur.

De toutes façons, étant payé pour faire 37h30 par semaine, il est hors de question que j’en fasse plus.

Une nouvelle mission signifie souvent renoncer à ce qui m’aurait intéressé et remplir les poches d’un commercial qui me place sur une mission sans autre intérêt que la marge qu’il fera.

C’est encore le cas cette fois-ci, avec une nouveauté : le client ayant demandé un chef de projet sur un domaine très spécifique, je suis instantanément devenu « chef de projet ».

J’ai informé ma hiérarchie que je ne suis absolument pas chef de projet, mon salaire, tout comme mon absence de l’organigramme en sont la preuve, mais il a été décidé que je le serai pour cette mission.

Ca ne changera rien à mon salaire ni à mon travail qui, au final, n’est à nouveau qu’une mission de technicien de base devant exécuter avec attention des centaines de « fiches de test ».

J’ai lu dans la presse que le gouvernement promet de « donner un 13ème mois aux français ».

Me concernant, je serai déjà ravi que me soit rendu mon douzième mois, disparu avec la fin de la défiscalisation des heures supplémentaires, l’imposition de la part de mutuelle payée par l’employeur et l’augmentation de l’impôt sur le revenu.

Avec cette annonce, j’ai bon espoir.

Cette fois, la boucle est bouclée : non seulement la mission sur laquelle je suis vendu ne m’apportera rien et ne sera qu’un accident de plus sur mon CV, mais surtout, elle correspond très exactement au niveau de compétence que demandait mon premier stage en IUT en 1990.

Pour ceux qui pensent que le COBOL n’est plus utilisé ou est au musée : rassurez-vous, la plupart de vos opérations bancaires sont traitées à un moment ou un autre par un programme dans ce langage, lui même lancé par un JCL (aussi ancien que la COBOL) ou dans un CICS (bien plus récent : 1ère version en 1968).

Et oui, il y a encore des applications à maintenir ou à développer dans ce langage créé en 1959.

Comme les jeunes n’ont pas envie de s’investir sur cette technologie assez peu porteuse pour leur avenir, il faut faire appel à des presque quinquas, même s’ils n’ont pas écrit un programme dans ce langage depuis longtemps (presque 20 ans en ce qui me concerne).

Il serait malvenu de refuser une mission si engageante : la nouvelle direction locale de ma société a déjà commencé son grand ménage.

Celui-ci consiste pour l’essentiel à faire baisser les moyennes d’âge et de salaire, avec des méthodes parfaitement illégales mais à l’efficacité prouvée : « tu me signes cette rupture conventionnelle, sinon je te colle une faute grave et tu es viré ».

La faute en question n’existe pas, mais ça prendra des années aux prud’hommes pour obtenir gain de cause.  Que choisiriez-vous ?

Je vais donc consciencieusement m’ennuyer les prochains mois : ce n’est pas trop grave, c’est près de chez moi.


J’ai souhaité commenter cette chronique sur le site de France Inter :

https://www.franceinter.fr/emissions/le-billet-de-charline-vanhoenacker/le-billet-de-charline-vanhoenacker-12-avril-2017

Comme ce n’est pas possible, je dois le faire ici.

Cette chronique traitait  du CDI intérimaire qui serait une nouvelle forme « d’uberisation ».

C’est pourtant très exactement la situation dans laquelle se trouvent déjà les prestataires de service en général, et ceux de l’informatique en particulier.

Une différence néanmoins : ces CDI intérimaires proposeraient des missions à 50 km maximum du domicile.

Pas dans les ESN : la mobilité qui y est demandé couvre en général la métropole, parfois même « tous les sites sur lesquels l’entreprise a une activité ».

Il y est aussi question de passer d’un emploi à l’autre (de la compta à l’intendance dans la chronique), c’est moins pire dans les ESN, au détail près que des ingénieurs sont embauchés pour des postes sur lesquels un technicien débutant s’endormirait d’ennui.

Une remarque très bien vue à la fin de cette chronique : « le CDI intérimaire est un hybride, comme une voiture hybride, ça fait pas de bruit quand ça t’écrase ».


C’est arrivé pas plus tard que l’autre soir.

J’étais convié, comme tous les autres employés, à une soirée de présentation de début d’année comme beaucoup d’ESN en font.

Et maintenant, je comprends ce que ressent David Vincent dans « les envahisseurs » : je me sentais comme lui au milieu d’une assemblée de quelques centaines d’incrédules que je ne pourrai jamais convaincre.

Ce type de réunion donne en général lieu à de grandes envolées sur les « valeurs » de la société, ses offres, et l’avenir radieux qui nous attend : cette fois encore, je n’ai pas été déçu.

Lors de la prise de parole d’un cadre de plan national venu voir ses ouailles de province, nous avons eu droit à de la langue de bois, ponctuée de « digital » pour faire bien plutôt que de « numérique », et la répétition des poncifs habituels de la profession.

Il a tout d’abord parlé de l’importance du « capital humain » de l’entreprise. Dans une ESN ? Sans rire ? Le seul capital est le capital, et les quelques cadres et commerciaux qui en profitent. (1)

Oser parler de capital humain quand le turn-over moyen de la profession dépasse les 20% (2), il ne faut vraiment pas manquer d’aplomb, ou bien prendre son auditoire pour une troupeau d’aliénés (un peu des deux je pense).

Il a ensuite, vous l’aviez deviné, parlé des difficultés de recrutement : comment se fait-il qu’il soit si difficile de recruter ?

C’est prendre le problème à l’envers : il faudrait d’abord se demander pourquoi les gens partent.

Il n’y aurait plus alors qu’à recruter pour augmenter l’effectif, pas pour le conserver.

Dans mon entreprise, je fais partie des chanceux, il n’y a que 7 ans que j’ai le même salaire, et pour certains, c’est plus de 10 ans, si bien que les salaires des « séniors » sont sensiblement les mêmes que ceux des « 3 à 5 ans d’expérience ».

Ce qui  est présenté comme une politique RH consiste à attendre que les vieux partent (et ils le font de moins en moins, alors on les aide un peu) et à embaucher des jeunes en leur promettant la lune.

Après 2 ou 3 ans, les jeunes vont voir ailleurs pour une augmentation, et vérifier que les autres promettent les mêmes évolutions illusoires.

Il faut donc recruter toute l’année : les ESN recrutent, en moyenne, l’équivalent de 20% de leur effectif tous les ans, et ce, alors que ce dernier évolue peu.

Pour pallier ce problème de recrutement, la cooptation nous a été vantée : mais comment présenter les qualités d’une entreprise qui me vend au plus offrant pour des compétences que je n’ai généralement pas ? Qui en fin de mission se félicite de m’avoir fait réussir, dans le meilleur des cas, et m’accable s’il y a eu un problème ? Qui trouve toujours un prétexte pour refuser une augmentation ? (3)

Il a été aussi question de la marge qu’il faut absolument augmenter, alors qu’elle est déjà juteuse : j’ai failli partir quand le pantin qui annonçait ça nous a expliqué que c’est pour « investir ». 

Investir dans quoi ? Une société qui ne fabrique rien, n’augmente ni ne forme ses salariés, ne leur reverse quasiment pas de participation ou d’intéressement, utilise du matériel obsolète (le PC « portable » qui m’a été attribué date de 2011, comme le téléphone portable qui va avec et que je partage avec un collègue) : son seul investissement est la rémunération des nouveaux et très gourmands actionnaires.

Bien entendu, durant cette mascarade, chacune des prises de paroles donnait lieu à des applaudissements nourris.

Le plus affligeant est de voir tous ces gens si imbus de leurs importance, et de cet auditoire aussi attentif que crédule.


Finalement, rien de neuf, mais je m’épargnerai ce supplice l’année prochaine.



(1) N’oublions pas que dans les ESN, il est exceptionnel que l’intéressement et la participation représentent plus qu’un repas dans un fast-food : environ 1% du bénéfice généré par les salariés leur est reversé dans l’ESN qui m’emploie.

(2) Aucune entreprise « normale » ne pourrait se le permettre sans se mettre en péril, mais dans ce métier où on ne fait que louer au plus offrant, c’est la norme.

(3) Un classique de l’entretien annuel : si l’année a été bonne, ne nous emballons pas : pas d’augmentation. Si l’année a été mauvaise, impossible de justifier une augmentation.

Un nouvelle mission, et rien ne change.

Dès mon arrivée, on m’a bien fait comprendre qu’un « technique » comme moi, avec ses mains pleines de cambouis, n’aurait jamais la considération des responsables du projet : pour eux, forcément, si j’accepte ce boulot à mon âge, c’est que je suis mentalement déficient et / ou incompétent (en fait un peu des deux, mais il ne le savent pas encore).

De plus, il y a sur ce projet une guerre entre les 2 principaux sous-traitants.

N’étant d’aucune de ces 2 sociétés, c’est sur mon dos que tout le monde tente de régler ses comptes.

Un exemple : je demande au sous-traitant N°2 des documents pour pouvoir travailler. 

Celui-ci me dit qu’il les a déjà envoyés au sous-traitant N°1, à qui je dois les demander.

Le sous-traitant N°1 répond un heure plus tard dans un mail expliquant qu’il ne les a jamais eus.

Le sous-traitant N°2 me les envoie 3 heures plus tard : une demi-journée perdue pour des problèmes d’ego.

Ca promet, d’autant que les retards accumulés sur le projet rendent impossibles de nouveaux dérapages.

A peine une mission refusée à demi-mot, une autre pointe le bout de son ennui.

Cette fois c’est encore plus misérable : grâce à une recherche par mot-clé de mes chers commerciaux dans la base des CV, une application sur laquelle j’ai travaillé quelques mois il y a plus de 20 ans ressurgit du passé.

J’en deviens immédiatement le spécialiste pour être présenté au client.

Client qui est dans les choux, et qui est en fait surtout intéressé par des compétences antédiluviennes en mainframe (1) parce que même les indiens qu’il font travailler ne s’en sortent plus.

Comme je l’ai rappelé à un commercial qui tentait (il me croit vraiment demeuré ?) de m’expliquer qu’il est difficile de trouver des compétences mainframe : nous avons tous été virés comme des vieux cons incompétents, traités comme des moins que rien, et maintenant vous venez pleurnicher parce qu’il serait difficile de recruter ?

En fait, plutôt que de payer des gens correctement en France, les SSII (je n’arrive toujours pas à dire ESN) font venir à vil prix des indiens, soit-disant pour pallier la pénurie locale.

Mais les visas ont des limites, le niveau d’anglais des français aussi, il faut donc trouver des dinosaures comme moi pour faire avancer le boulot.

Ce projet sur lequel on m’envoie a un problème simple, et récurrent en France : il y a à peu-près 3 managers (en français : remplisseur de feuilles Excel ou de présentations powerpoint) pour un technique.

Si j’avais une carrière à gérer, comme les jeunes managers qui dessinent des plannings, je n’aurais pas accepté cette mission, qui consiste à revenir au plus bas niveau d’un projet, sur des technologies obsolètes.

Heureusement je n’ai plus de carrière depuis longtemps : j’attends juste le courrier recommandé promis par ma responsable RH depuis 18 mois, je vais donc faire mes 7h30 quotidiennes et contractuelles sans trop me fatiguer.

En plus, c’est près de chez moi.

(1) https://fr.wikipedia.org/wiki/Ordinateur_central , avec des technologies comme le cobol, le JCL, DB2, Vsam, CICS .

Jamais à cours d’idées, mon employeur m’a présenté une « opportunité ». 

Quand il utilise ce mot, c’est pour dire que c’est une opportunité pour le commercial de faire une belle marge sur mon dos.

La mission en question était aux antipodes de mes attentes, de mes compétences, et de de mon lieu de résidence.

Il s’agissait de faire du support téléphonique pour des utilisateurs, donc un poste de débutant en centre d’appel, après plus de 20 ans d’expérience, il fallait oser.

Cette mission m’aurait contraint à passer 2h par jour, au minimum, dans les bouchons.

Ca fait beaucoup pour aller faire un travail que je n’ai pas envie de faire sur des technologies que je ne connais pas.

Cerise sur le gâteau, ça devait durer des années.

J’ai donc tenté d’argumenter auprès de mon cher commercial, en lui expliquant que je ne tiendrai pas plusieurs mois compte tenu des contraintes du poste, tout en essayant de lui faire comprendre (mais il ne comprend que la marge et son pourcentage) qu’un poste de débutant ne me convient pas.

J’ai conclu par la phrase fétiche des managers à cours d’argument que j’ai pour une fois utilisée à mon profit : « vous prenez vos responsabilités ».

Ils les ont prises, et ont miraculeusement trouvé quelqu’un de plus approprié.

Lorsque je leur avais demandé ce qui dans les 25 ans de mon CV leur faisait penser que j’étais le plus à même de faire du support téléphonique, ils s’étaient énervés, me demandant qui je voyais d’autre…En fait, je voyais n’importe qui à part moi.


Il reste que se voir constamment rabaissé par des commerciaux aussi avides qu’incompétents (sinon ils trouveraient des missions adaptées) est épuisant, on ne s’y habitue jamais.