Le désormais aussi célèbre qu'obsolète slogan m'est revenu à l'esprit quand j'ai reçu un mail du pôle-emploi.

Ayant très temporairement retrouvé un emploi, j'ai actualisé ma situation en précisant la date de début et le nombre d'heures travaillées sur le mois de novembre.

Le résultat de mon honnêteté m'inciterait presque à passer du côté obscur de la fraude : le fait d'avoir travaillé 8 jours sur le mois de novembre me fait, semble-t-il, perdre mes droits à toute allocation sur ce même mois.

Avoir travaillé en novembre m'a fait perdre 600 euros.

Si j'aurai su, j'aurai pas travaillu.

Ma naïveté me perdra, je le sais, cette habitude saugrenue qui consiste à faire confiance à des gens dans le monde professionnel, précisément parce qu'ils sont supposés être professionnels.

Je devrais le savoir : il ne faut jamais faire confiance, à personne.

Tout a commencé par un banal entretien : ce qui m'a mis la puce à l'oreille, c'est le ton mielleux sur la fin de l'entrevue, façon « maintenant que le contrat est quasiment signé, on peut se tutoyer ». Cette formule est la préférée des commerciaux en goguette après avoir arnaqué le candidat.

Sauf que le contrat...Ben...Il n'est pas près d'être signé dans les termes qui me sont proposés.

Ils ont ressorti des oubliettes une habitude qui consiste à mélanger salaire brut, indemnités de déplacement et de repas, primes hypothétiques, intéressement, etc.

Le résultat qui apparaît alors est flatteur et bien supérieur au salaire réel qui sera perçu.

Cette astuce fonctionne bien par téléphone, puisqu'il n'est pas toujours aisé de vérifier les chiffres. Par contre, dès que le contrat arrive, l'énormité de l'arnaque saute aux yeux.

En l'espèce, il s'agissait (autant en parler au passé vu le mail que je leur ai envoyé) de me sous-traiter auprès d'un client dont le salaire minimum d'embauche est celui qui m'est proposé.

Le prix de mes années d'expérience est donc de 0 centime et 0 euro.

Par contre, comme je suis vendu sur la base de mon expérience, la marge du commercial, qui sur ce contrat n'a absolument rien eu à faire, est ENORME.

C'est pourquoi il sera de très mauvaise humeur après avoir lu mon mail, je pense même qu'il ira jusqu'à la menace « on va vous griller sur le marché », les plus minables le font souvent.

Il est hors de question, du moins tant que je ne suis pas physiquement menacé (1), d'accepter de travailler pour le salaire d'un débutant tout juste sorti de l'école.

(1) C'est à dire : revolver sur la tempe, ou plus probablement, suppression des allocations.

Ils sont vraiment tous aux fraises, en ce moment, dans les cabinets de recrutement.

Des baffes se perdent, et en quantité.

Leur racolage du jour porte sur des profils « Java/J2EE », pour lequel mon CV aurait retenu « toute leur attention ».

Peut-être ont-ils abusé de substances illicites, ce qui me semble le minimum pour aller s'imaginer que je possède un atome de compétence dans ce domaine après voir lu mon CV.

Mais rien ne les arrête, les mails ne coûtent pas assez cher : il faudrait les taxer (ce qui pourrait arriver avec un des prochains plans de rigueur).

Dans la plus pure tradition des incapables qui se disent en quête de candidats, ils demandent mon CV, alors qu'ils l'ont déjà, puisqu'ils l'ont « sélectionné ». Cherchez l'erreur.

Il faut même, luxe suprême, certainement du à la pénurie, que je leur précise pour quelles entreprises je veux travailler, et de quelle façon, selon des modalités dont les nuances m'échappent : soit y être « positionné », soit y être « intégré » (si un lecteur sait de quoi il s'agit, merci de me le dire).

Suite à ces informations, que je ne leur donnerai évidemment pas, ils sont supposés « revenir vers moi », comme on dit dans les cabinets, afin de « valider ces points ».

Dommage qu'ils soient si loin, j'aurai bien aimé valider avec eux quelques poings...

Et s'ils allaient tous se faire voir, au hasard, chez les grecs, tous ces ânes ?

Qu'ils le sachent : je ne postule que pour des missions d'intérim : c'est beaucoup plus transparent, et beaucoup plus avantageux.

Malheureusement, la crise aidant, les missions y sont aussi de plus en plus rares.

Pas possible ! Mais c'est tous les ans alors ? Le 13 novembre, journée de la gentillesse ?

Désolé, je n'ai plus la force d'être gentil, ne serait-ce qu'un jour par an : assez d'avoir été un gentil employé, qui a fait gentiment son travail, en respectant ses gentils collègues, en suivant les règles du jeu, pour finalement se retrouver gentiment au chômage de longue durée.

C'est bien beau comme concept, bien dégoulinant de bien-pensance, tellement dans l'air du temps des zinzindignés.

Pour beaucoup d'adeptes de cette journée, c'est un moyen facile de légitimer à bon compte le fait de se comporter comme le dernier des salauds 364 jours par an, et même 365 les années de jeux olympiques.

J'en ai assez de ces donneurs de leçons, mais je vais leur donner un bon conseil à tous : vous devriez vous mettre en contact avec la SNFCP (http://www.snfcp.org/), brillante société savante qui organise les journées de la proctologie, et ça tombe bien, c'est en novembre aussi.

En réunissant vos journées, vous saurez où, et comment vous les ranger sans risque, ces valeurs que tant prônent et que si peu respectent.

« Il y a des moments de la vie où une sorte de beauté naît de la multiplicité des ennuis qui nous assaillent. »

Marcel Proust, « Albertine disparue »

Avec le temps, je devrais être habitué à entendre des foutaises lors des entretiens, et ne plus me formaliser du décalage entre les paroles et les actes.

Mais je n'y arrive pas : l'honnêteté est une irrémédiable tare dont je n'arrive pas à me défaire et qui me pousse à penser qu'un recruteur peut parfois, dans un moment de faiblesse, dire la vérité.

Les propos auxquels j'ai eu droit lors d'un des derniers entretiens que j'ai passé, et qui constituait la deuxième étape d'un processus de recrutement à rallonge, auraient pourtant du me mettre la puce à l'oreille.

C'était trop beau pour être vrai.

Parmi les nombreuses salades, j'avais eu droit au caricatural : « il n'y a pas de piège ici, nous jouons carte sur table, nous cherchons à mieux vous connaître ». Ce à quoi j'avais failli répondre, mais j'ai évité de le faire grâce à un effort surhumain : « oui, je le sens bien votre intérêt pour ma personne, d'ailleurs, j'ai déjà mal au cul » (1).

Ces pantins m'avaient dit que je recevrai, dès la semaine suivante, une proposition de collaboration éventuelle, mais quoi qu'il en soit, je pouvais avoir la certitude d'être tenu au courant de la suite donnée à ma candidature.

L'absence de réponse depuis plus de trois semaines, et ce malgré mes multiples relances auprès de tous les interlocuteurs que j'avais eu, fait que je connais maintenant la suite donnée à ma candidature : la corbeille.

Que de temps perdu, mais il est vrai qu'en ce moment, ils n'ont que ça à faire : passer des entretiens et trier des CV, puisqu'il n'y a aucune mission en vue, et qu'une amélioration ne semble pas attendue avant plusieurs mois.

(1) Ma patience ayant atteint ses limites, ce blog pourrait désormais se voir régulièrement émaillé de propos grossiers, vulgaires, et autres allusions graveleuses : ça défoule.

Pas plus tard que l'autre jour, je me suis rendu à un entretien, n'ayant rien de mieux à faire.

La personne qui m'a reçu m'a fait, comme d'habitude, une présentation détaillée de la société.

Elle a beaucoup insisté sur l'importance du « social » dans cette société, sous l'impulsion d'un dirigeant très à l'écoute de ses employés.

Parmi les prétendues avancées, je n'ai vu que des RTT en nombre correct.

L'intéressement et la participation, présentés comme des cadeaux d'une généreuse direction, ne sont que des obligations légales vue la taille de cette entreprise.

Aucun détail ne m'a d'ailleurs été donné sur ces prestations, certainement à cause de leur montant modeste, mais surtout parce que je n'y aurai jamais droit dans cette entreprise, à moins d'un miracle, que je ne souhaite pas forcément.

Mais il y a plus ridicule : la personne qui me vante les nombreuses avancées sociales n'est même pas une employée . Il s'agit d'une stagiaire, qui d'après mes informations, est là depuis de très nombreux mois.

En voilà du recrutement : faire vendre les qualités humaines et sociales d'une entreprise par une personne qui n'y est même pas salariée et ne profite d'aucun de ces avantages.

Les niveau des salaires en France donne lieu à des débats sans fin, chacun pensant que celui qui est bien payé, c'est l'autre.

Pour mettre tout le monde d'accord, l'observatoire des inégalités a mis un site sur lequel il est possible de savoir où chacun se situe précisément sur l'échelle des salaires.

La page donne le pourcentage de personnes qui gagnent moins qu'un salaire donné.

Ça se passe ici : http://www.inegalites.fr/spip.php?page=salaire

NB : les données sont celles des secteurs privé et parapublic pour l'année 2008

A titre d'information, dans la fonction publique d'état, en 2007 :
10% des agents gagnent moins de 1429 euros, contre 33% dans le privé.
90% gagnent moins de 3223 euros, contre 89% dans le privé.

Source INSEE : http://www.insee.fr/fr/themes/document.asp?reg_id=0&ref_id=ip1257

Les citations qui suivent sont authentiques, et montrent à quel point le niveau monte chez les recruteurs, mais aussi le respect des candidats, d'après l'attention portée à la rédaction et la vérification de l'annonce.

Le titre : «Responsable paie et daminsitration du personnel ».

Le contenu : il faut maîtriser un « logicieil interne »...Et bien entendu « Tous les travaux d'administration du personne. ».

La diplôme ? Là aussi c'est la fête : « Bac+2 Minimum Coptabilité ».

Ils ajoutent qu'une formation complémentaire en RH serait un plus : heureusement, puisqu'il s'agit d'effectuer tous les travaux d'administration du personnel.

Oser publier un torchon pareil sur un site d'emploi destiné aux cadres laisse pensif quant à la réelle volonté de recruter, et surtout quant à la considération pour les postulants.

Mais ce n'est que le début : avec tant de candidats potentiels, et leur nombre toujours croissant, il y en aura toujours un pour accepter.

Voilà que ça les reprend, la saison du blaireau, toujours aussi cons.

Cette fois, c'est Sandrine (1) qui m'écrit, pour me proposer encore un des ces improbables postes à l'autre bout de nulle part.

Tellement nulle part qu'elle a oublié de préciser le lieu, c'est dire sa compétence, son respect des destinataires, et le soin apporté aux vérifications.

Elle a lu mon CV avec attention, elle sait que je ne peux qu'être intéressé, après 15 ans d'expérience, par un poste de débutant pour programmer en Cobol.

Le sommet du délire, c'est le salaire : même comme chef de projet, pas une SSII ne donnerait autant, c'est juste pour remplir du mail ; le chiffre donné, personne ne l'aura.

Quant à la pérennité du poste, je vous laisse juger : la durée de la mission est de 2 mois.

En résumé : un poste précaire et sans intérêt, dans un endroit inconnu, pour un salaire illusoire.

Je lui propose donc une autre rédaction de son annonce moisie : « Cherche crétin acceptant de rêver à un salaire qu'il n'aura pas, dans un bled pourri, pour faire un taf sans intérêt, et tout ça au grand maximum pour 2 mois ».

A défaut d'attirer le pigeon, ça aurait au moins le mérite d'être honnête.


(1) Par respect pour ses compétences, le prénom de la demeurée n'a pas été changé

Suite à la consultation de mon CV sur un site web (« je ne sais plus lequel, peut-être l'APEC, ou monster, ou un autre... » m'ont-ils dit), je me suis à nouveau rendu à un entretien.

Les locaux de cette société sont perdus au milieu d'autres locaux d'autres sociétés, avec une particularité régionale : des milliers de bureaux, mais les places de parking se limitent à quelques dizaines.

D'autant plus stupide qu'il y a largement la place d'en faire plus, mais surtout qu'il n'y a absolument aucun moyen de s'y rendre en transport en commun.

Une belle galère avant même de commencer...

Une fois dans leurs locaux, j'ai compris de quoi il retournait vraiment : une usine à entretiens.

Nous étions 5 convoqués à la même heure et dans les mêmes lieux, chacun étant ensuite reçu par un « consultant en recrutement », et dans mon cas un débutant qui ne sait pas trop comment s'y prendre.

Comme il ne sait pas, il commence par me présenter sa société dont il me fait une hagiographie en règle, et ça dure, ça dure...

Plus de 20 minutes de moulin à paroles sur les avantages, la proximité, la reconnaissance, le partage, toutes ces calembredaines entendues partout et pratiquées nulle part.

Ce long discours m'a laissé le temps de préparer ma défense : « une SSII n'est pas une entreprise, c'est une boîte d'intérim déguisée dans laquelle la réussite n'est en aucun cas liée à la qualité du travail fourni ».

Mais finalement je ne l'ai pas dit, il faut laisser les jeunes à leurs illusions, j'ai patiemment attendu le moment ou viendrait les mots qui fâchent : c'est soit l'âge, soit le salaire.

J'ai eu droit aux deux, je ne suis plus très jeune, pas contre je coûte déjà trop cher. Avec pour précision : « c'est normal, en intérim, avec les primes, vous étiez mieux payé ». A quoi j'ai répondu que le salaire que je lui demandais est de 10% inférieur, sans les primes (1), à celui qui m'est versé depuis plus de 4 ans.

Peut-être aurais-je du lui proposer de contacter les entreprises pour lesquelles j'ai travaillé, et les prévenir que je suis un dangereux escroc qui les a spoliées par une rémunération sans rapport avec la réalité de ses compétences.

Peu importe, un entretien de plus, c'est surtout un entretien de moins à passer.

(1) Pourquoi « les primes » ? Il n'y a en qu'une, dite de précarité, qui représente 10% des rémunérations versées, et qui couvre la période de carence des ASSEDIC...Le reste, ce sont les congés payés acquis, ce qui n'a rien d'une prime.

Par un hasard malheureux, un clic de trop, j'ai postulé dans une société de service, et ces pantins m'ont appelé pour un entretien.

L'individu qui m'a reçu a, d'entrée, marqué son territoire, en brave chien de garde de la bienséance : il m'a fait remarquer, comme s'il s'agissait d'une faute impardonnable ou d'un manque de respect, que j'étais en avance.

La suite a été sans surprise : 20 minutes de blabla sur l'entreprise, ses qualités, ses valeurs, son côté familial, la façon dont les collaborateurs sont choyés et évoluent dans un environnement disneylandesque, avec de merveilleuses perspectives de carrière.

Puis il en est venu à mon CV, et là, c'est le drame : rien ne correspond à ses attentes, dès le titre du CV « mais vous n'êtes pas du tout ça », « ça ne correspond pas à notre recherche ».

Il a passé 10 bonne minutes à relever toutes les compétences nécessaires pour le poste (1), dont il a une image grandiose, et qu'il se prévaut de parfaitement maîtriser, mais qui me font toutes défaut.
Lui serait un vrai « chef », un « manager » de compétition capable de gérer moult projets comme un vrai chef d'entreprise. Le déroulement de l'entretien me fait néanmoins penser que côté management et communication, il a de sérieuses lacunes à combler.

J'ai hésité un moment à lui demander nonchalamment : « dis-donc blaireau, si tu avais lu mon CV, tu aurais certainement remarqué les carences et lacunes, et tu nous aurais évité à tous les deux cette entrevue désagréable. Alors, pourquoi me recevoir ? Tu as des soucis ? Besoin de te défouler sans risque ? »

C'est d'autant plus ridicule que les CV sont en général enjolivés (2), et que je n'ai comme compétences, au mieux, que ce qui est écrit. Si c'est déjà insuffisant, pourquoi un entretien ?

Le point culminant de l'incompétence, et un indice me faisant penser qu'il ne faut pas forcément chercher dans les lacunes de mon CV, est venu sur la fin. Il m'a demandé mon âge : le grand classique de la conclusion d'entretien bidon.

Autre élément dans cette vaste comédie : je connais quelqu'un qui a 10 ans de moins que moi, les mêmes diplômes mais beaucoup moins d’expérience, et aucune compétence dans le domaine demandé sur l'annonce (3), qui a été embauché il y a quelques jours dans cette même entreprise.

Il est vrai qu'il est fringant et porte bien mieux le costume.

Pour résumer, un lien intéressant, concernant les entretiens et leur utilité. Il s'agit d'une interview de Jean-François Amadieu, dont j'avais parlé ici-même pour son livre (4) :

http://www.cadremploi.fr/edito/actu-et-conseils/cadremploi-tv/on-revient-vers-vous/d/1/jean-francois-amadieu-lentretien-ne-sert-a-rien.html

Si les entretiens sont inutiles, ou au moins inefficaces pour un vrai travail, imaginez un peu leur utilité pour un presque-job éventuel à une date inconnue, si une mission se présente ?


(1) Il s'agit d'une SSII, donc d'un poste hypothétique, voire imaginaire, et toujours dans un futur indéterminé.
(2) Pas le mien (parce que je mens très mal), mais les études montrent que deux tiers des CV le sont à divers degrés (de la période de chômage cachée au diplôme inventé).
(3) Il en bien d'autres, là n'est pas la question
(4) Il y a bien longtemps : http://affresdemploi.blogspot.com/2009/04/le-poids-des-apparences.html

« Mais où sont les yachts des clients ? » de Fred Schwed, jr

Le livre doit son titre à une histoire ancienne :

Il était une fois un étranger en visite à Wall Street.
En sortant, son guide lui montra la marina :
« - Et ici vous pouvez admirer les yachts des banquiers et des agents de change !
   - Mais où sont les yachts des clients ? », demande alors le naïf visiteur.


Il a été écrit en 1940, et plusieurs fois réédité. L'auteur a travaillé pendant 10 ans à Wall Street, et a connu le krach de 1929.

La citation anonyme au début du livre donne le ton : « Les informations mentionnées ci-après, bien que divulguées sans aucune garantie, proviennent de sources qui n'ont jamais fait preuve, dans le passé, de la moindre fiabilité ».

Tous les aspects de la bourse et de la finance, et en particulier ceux qui déchaînent les médias depuis 3 ans, sont traités. Ce livre est resté une référence pour une raison simple : rien n'a changé.

Il y est question des fonds d'investissement et leurs promesses de performance, des clients qualifiés de « peuple courageux », des options, de la croyance en un bon vieux temps de la finance, la passion pour les prophéties boursières, etc.

Un chapitre est consacré aux « chevaliers noirs » de la finance : les vendeurs à découvert.
L'auteur rappelle à juste titre, que s'ils sont la cible privilégiée des critiques « du système », ils perdent bien plus souvent tout ce qu'ils ont, et parfois plus, qu'ils ne font fortune. Si on en parle autant, c'est parce que les rares qui gagnent à ce jeu le font en période de crise, au moment au tout le monde perd (du moins ceux qui vendent, puisque tant qu'on n'a pas vendu...).

Étonnamment, il est aussi question de régulation, qui sous la forme qu'elle a prise dans les années 30, semble pour l'auteur avoir été inutile, voire même contre-productive.

Les théories « chartistes » étaient déjà très à la mode dans les années 30 : les partisans de cette doctrine prétendent prédire l'avenir en lisant les graphiques du passé (1). Pour se donner un vernis de sérieux, ils appellent ça « analyse technique », alors qu'il n'y a rien de technique, c'est juste de l'extrapolation à partir d'un dessin.

Même un des plus fervents partisans, le major Angas, le dit « Toutes ces théories sont valables la plupart tu temps; aucune n'est valable tout le temps ».

Ce que ne rappelle pas l'auteur, et qu'il semble considérer comme acquis, est que si la bourse peut (en théorie) enrichir n'importe qui, elle ne peut jamais enrichir tout le monde (2) : c'est un marché, et comme sur tout marché, l'argent est simplement transféré de l'acheteur au vendeur, aucune richesse n'est créée. Seuls les courtiers s'en sortent toujours bien, puisque quels que soient les ordres qu'ils passent, ils ont une commission.

La lecture de ce livre devrait être obligatoire avant de débuter en bourse, afin de méditer sur des phrases comme : « cette incapacité à saisir les réalités ultimes constitue l'exceptionnelle déficience mentale du spéculateur, petit ou grand ».

Pour conclure, une dernière citation :

« Le client ruiné préfère certainement croire qu'il a été volé comme au coin du bois plutôt que d'admettre qu'il a été assez fou pour suivre les conseils d'autres fous ».


(1) Historiquement, l'analyse technique est née sur le marché du riz au 18ème siècle, autant dire qu'à wall-street, c'est aussi efficace que le marc de café ou les tarots. Mais tous les partisans vous diront que « ça marche ».
(2) Contrairement à une fausse idée, mais vrai marketing, propagée par nombre de « conseillers financiers » (ceux qui douteraient pourront se rappeler Eurotunnel, la bulle Internet, ou penser à ceux qui ont converti leur livret A en actions Natixis)

La semaine passée m'a permis de renouer avec les entretiens.

En l'occurrence, il s'agissait d'un premier entretien, dans une société de seconde zone, pour un poste de sous-traitant de troisième niveau.

Explication : cette société, dont je n'ai jamais entendu dire du bien (1), et qui ne souhaite pas perturber sa pyramide des âges en embauchant des débris quadragénaires, manque parfois de pantins pour aller faire le zozo chez ses clients (pour l'essentiel : banques et industries aéronautique et spatiale).

Pour pallier ces manques occasionnels de main d'œuvre, elle fait appel à des sociétés d'intérim, pour montrer sa réactivité tout en masquant son imprévoyance en matière de recrutement et sa pénurie de compétence.

L'avantage est double : pas de procédure compliquée de recrutement, de contrat contraignant et autres obligations légales : c'est la société d'intérim qui gère la paye.
Mais surtout, la possibilité pour le commercial de se sucrer sans effort  sur le tarif journalier auquel sera vendu le sous-traitant intérimaire.

Cerise sur ce gâteau moisi : si la mission se passe mal, c'est forcément la faute de ce précaire misérable à qui on a donné une ultime chance.

Le troisième niveau, c'est à dire l'entreprise qui a demandé la prestation n'y voit que du feu : le tarif est le même, et n'apparaît que le nom de la société de service.

Pour l'intérimaire il y a surtout des désavantages, notamment :
- Le salaire : forcément inférieur à celui qu'il aurait été en travaillant directement pour le client final, puisqu'il est basé sur celui de la SSII, et qu'il faut payer la marge...
- Aucun moyen de profiter des avantages habituellement liés à une mission d'intérim chez un client important (restaurant d'entreprise, congés plus nombreux, intéressement, primes, etc.)

Au final, une après-midi perdue, mais de bien belles « actions positives de recherche d'emploi » à raconter à mon conseiller pôle-emploi dès demain.


(1) Je ne me rappelle d'ailleurs pas avoir entendu du bien d'une SSII

Non content de remplir des comptes-rendus à ma place, le pôle emploi m'envoie aussi un courrier très épais, afin d'éviter de dépenser trop en envoyant des emails.

Il contient huit pages et trois offres d'emploi, certes dans l'informatique, mais aux antipodes de mes compétences (architecture matérielle PXI et FPGA, développement Delphi, outils GED : ça vous parle ? Rassurez-vous, à moi non plus).

L'offre la plus généreuse amputerait mon dernier salaire (qui était au prix du marché) de 25%.

Le courrier précise qu'il s'agit d'offres auxquelles « VOUS ALLEZ REPONDRE », ce qui me laisse le choix d'obéir.

C'est en majuscule, alors AU BOULOT, ET VITE : NOUS AVONS LES MOYENS DE VOUS FAIRE POSTULER !!!

Le problème est qu'il semble impossible de faire assimiler deux simples vérités à cette institution : d'une part, la plupart des emplois sont pourvus sans passer par une offre publiée, et d'autre part, passé 40 ans dans l'informatique (1), il vaudrait mieux se recycler (en passant par la case poubelle, comme avant tout recyclage), mais c'est impossible en France, pays dans lequel on ne peut faire que ce qu'on a déjà fait.

J'ai l'impression, voyant mon incapacité à faire accepter ces évidences, d'être victime du syndrome David Vincent (2) :

Les informaticiens inscrits au pôle-emploi, ces êtres étranges venus du monde des SSII.

Leur destination rêvée : l'entreprise (la vraie, pas la SSII); leur but : en faire leur univers.

Le demandeur d'emploi les a vus : pour lui, tout a commencé après une période sombre dans une entreprise qui l'a poussé à la démission, dans une SSII de campagne, à la recherche d'une carrière que jamais il ne trouva.

Cela a commencé par un poste abandonné, et par un employé resté trop longtemps sans perspectives pour poursuivre sa mission.

Cela a continué par l'apprentissage dans une formation diplômante qui l'a occupé pendant deux ans, avant de le renvoyer s'inscrire sur les listes.

Maintenant, le demandeur d'emploi sait que les informaticiens au chômage sont là, ils ont pris forme d'humains de plus de 40 ans, il sait qu'il doit convaincre un monde incrédule que le cauchemar de la vaine recherche d'emploi a déjà commencé.


(1) Je sais que je me répète, mais comment faire autrement ?
(2) « Les envahisseurs », qui se rappelle ? http://youtu.be/yj0-qBoPjlM

ILIAD l'eau dans le gaz ! Tous SEB bruits de récession, SAFRAN le roussi ! Le bout de l'EUROTUNNEL est-il après le CARREFOUR ? NIKKEI le CAC40 ?

Il faudrait lire dans le ZODIAC ou être un MANITOU.

ALTEN un peu, ESSILOR montait encore ? AXA fait peur une TELEPERFORMANCE ! Un seuil MEETIC !

Ce serait LEGRAND CASINO, les guichets pris DASSAULT, un succès TOTAL, des bénéfices HI-MEDIA. Payés RUBIS sur l'ongle, les traders BOIRON du BOURBON.
SANOFI une belle jambe !

En attendant, IMERYS l'épiderme et me font SUEZ, pas un ALSTOM de bonne foi. ESSO autres de payer ? DEXIA une crise, ICADE tout pour eux, de quoi on EULER

D'ACCOR, HAVAS écrouler encore, ça AREVA chaque fois, FAURECIA attendre.

Mais il faut VALEO boulot, attaché à THALES, ERAMET pour s'en sortir.

Gardez votre NRJ : WENDEL vos actions, allez au CLUB MED, et tenez-vous PPR.

Après avoir répondu à l'offre raisonnable pour laquelle je n'avais pas les compétences et qui proposait un salaire trop bas, j'ai quand même eu droit à une invitation pour un entretien, auquel je suis allé, n'ayant rien de mieux à faire, sinon satisfaire mon conseiller pôle -emploi par des actions « positives » de recherche.

La taille des locaux dans lesquels j'ai été reçu, qui se limitent à deux petits bureaux dans un immeuble vieillot, comme la présence de 4 ou 5 « chargés de recrutement » (1) pendus au téléphone, m'ont rassuré quant au sérieux de la société.

La présentation qui m'en a été faite par la responsable des lieux, et certainement la seule salariée, ne laisse aucune place au doute : il s'agit d'une SSII qui fait aussi dans la vente de pipeaux.

Comme à l'accoutumé, il y aurait une hypothétique mission, en parfaite adéquation avec mon CV, mais pour laquelle il va être difficile d'obtenir une réponse dans la semaine, parce que vous comprenez « en ce moment, les gens sont en vacances, d'ailleurs je pars en congés dès demain ».

En clair : déjà qu'ici nous n'arrivons pas à placer les jeunes sur des postes dignes de ce nom, n'allez-pas vous imaginer que nous en avons pour des vieux comme vous.

J'ai quand même fait ma BA en passant cet entretien : à chaque jour suffit sa peine.

(1) Des stagiaires qui passent leur journée à chercher des CV et à laisser des messages sur tous les téléphones qu'ils arrivent à joindre

Le pôle emploi, c'est plus fort que toi, et c'est même plus fort que la réalité : j'ai reçu aujourd'hui un email m'indiquant que suite à mon entretien de suivi d'hier, je vais être convoqué pour un nouvel entretien en septembre.

Admirons d'abord la vitesse d'exécution : entretien hier, courrier aujourd'hui (courrier électronique, certes, mais courrier quand même).

Notons aussi l'imagination fertile : je n'ai eu aucun entretien avec le pôle emploi depuis mai.

Donc, soit j'y suis allé tout en restant chez moi et sans m'en rendre compte, j'aurais donc un don d'ubiquité, soit je vais pouvoir me rendre dès aujourd'hui à l'entretien d'hier, mais c'est impossible.

En effet, une équipe de chercheurs de Hong-Kong (1) dit avoir démontré l'impossibilité du voyage dans le temps, ce qui ne pourra que consterner les adeptes de la procrastination.

Une autre explication, bien plus vraisemblable, est qu'un salarié très avisé (2), remplit les comptes-rendus d'entretien sans les candidats, et il a bien raison, parce qu'en août, il est peu probable  de trouver des offres d'emploi raisonnables à proposer à des  gens disponibles.


(1) http://www.physnews.com/physics-news/cluster171609531/
(2) Qui connaît l'état du marché dans l'informatique pour les séniors

Un mail du pôle emploi, envoyé automatiquement, me signale une offre « susceptible de me convenir ».

Je suis invité à y répondre dans les meilleurs délais, sinon, je risque la radiation, afin d'améliorer les statistiques.

L'offre en question ne correspond que de très loin à mes compétences puisqu'il s'agit d'un poste de développeur (pas d'autre précision, ce qui en dit long sur la compétence du rédacteur de l'annonce (1) ), donc de débutant (et il y a belle lurette que personne d'embauche des quadragénaires sur ces postes, déjà que passé 30 ans on est un sénior...).

Il faut aussi une expérience d'au moins 3 ans et un diplôme de bac+2 à bac+5.

Quant au salaire proposé, la fourchette va de  1600 (soit le minimum conventionnel) à 2250 euros bruts (2).

Le haut de la fourchette correspond à mon salaire de 2002, et arrive tout juste au niveau de mes allocations.

Si j'étais embauché sur ce poste (et je pourrais y être contraint, puisqu'il s'agirait d'une offre raisonnable), je me retrouverais sur un poste de débutant, payé comme il y a dix ans, et perdant de l'argent puisque j'aurais à engager des frais pour me rendre au travail.
Mais j'aurais aidé à améliorer les statistiques (surtout celles, très officielles, de l'emploi, pour le reste, je ne ferais que travailler plus pour gagner moins)

Comme je l'avais déjà écrit, ces offres raisonnables permettent à une entreprise d'embaucher à vil prix, puisqu'il suffit d'une période de chômage de 6 mois pour être obligé d'accepter un poste au niveau de ses allocations (et je suis convaincu que des recruteurs s'en réjouissent déjà).

Paradoxalement, les « experts » continuent de se répandre en imbécillités dans les médias à propos de la pénurie de candidats dans l'informatique.

Il existe pourtant une évidence : quand il y a pénurie, les prix montent (3). Or, les salaires dans l'informatique stagnent depuis des années.

En attendant, j'attends.

(1) Je ne suis pas dupe, il n'y a évidemment aucune réelle intention de recruter avec ce type d'annonce : il s'agit, au mieux, de récupérer des CV, pour le pire,à vous de voir
(2) 1250 à 1700 euros nets.
(3) Et ça, même l'auteur dont je parle dans l'article précédent en conviendrait

« Petites leçons d'économie à la portée de tous », de Jean-Marc Sylvestre, docteur en sciences économiques, animateur télé, et chroniqueur radio.

Ce n'est pas un manuel d'économie, mais une compilation de chroniques économiques, oublions au passage la condescendance du titre.

Une précision : j'ai acheté  ce livre sans avoir préalablement vérifié la date de parution. Je le pensais récent, il date en fait de 2007.

L'avantage de le lire avec 4 ans de retard, c'est de vérifier à nouveau l'adage : « un économiste, c'est quelqu'un qui vous expliquera l'an prochain pourquoi ce qu'il a dit l'an dernier n'est pas arrivé cette année », et profiter de quelques (involontaires ?) perles.

Quelques exemples...

p29 « l'Allemagne cessera de s'endetter et commencera à rembourser en 2010 »

p49 Sur l'économie américaine : « on avait craint un trou d'air en 2006, mais ses effets ont été gérés et les perspectives sont bonnes pour 2007 »

p68 « La crise de l'été 2007 n'aura eu que peu d'impact », « L'Amérique a réussi son atterrissage en douceur »

p122 « De l'avis des experts, l'action EDF ne peut que monter » (plus de 70 euros fin 2007, moins de 27 aujourd'hui).

p254 A propos des records consécutifs du CAC 40 de 2007 : « les grandes tendances sur lesquelles  les acteurs boursiers s'appuient depuis le début de l'année se confirment jour après jour » , notamment «  L'économie américaine continue de bien fonctionner » et « les perspectives européennes sont très améliorées ».

p266 Après une envolée boursière à New-York, et alors que les chiffres des prévisions pour 2007 sont « très bons » « on obtient l'équation de ce que les économistes appellent un 'cercle vertueux' »

p278 Sur le fonctionnement de l'économie américaine, en particulier les crédits hypothécaires, et les dégâts qui en résultent  puisque « les autorités monétaires ont pris le parti de laisser le système se purger »; « Finalement, le système retrouve son équilibre »

p304 Les prévisions d'embauche en France pour 2007 : « On continue d'embaucher massivement des ingénieurs en informatique (1) […]. Les risques de pénurie sont très sérieux ». Là c'est du pur délire, il y avait plus de 2,4 millions d'inscrits à l'ANPE à cette époque...

p323 « Vous avez acheté, il y a dix ans, un appartement à Paris ou dans une grande ville, les crédits sont remboursés ». Peut-on avoir ne serait-ce qu'un semblant de sens des réalités et écrire une énormité pareille ? Rembourser un appartement (A Paris !) en 10 ans ? Sait-il que le salaire médian (2) en France est en dessous de 1500 euros nets ??
Tout ça pour donner son avis sur l'ISF...

p345 Le croirez-vous : « Il est facile, avec le recul, d'expliquer le succès du scénario de rupture écrit par Nicolas Sarkozy »

p404 « Quand on ne se prend pas la tête dans les contraintes idéologiques, c'est assez simple l'économie ».

p413 L'environnement serait favorable en 2007, et « les prévisions 2008 prolongent cette tendance »

p429 « Le nouveau gouvernement compte bien faire la chasse aux dépenses de fonctionnement ». En baissant le salaire du président ? En évitant d'acheter un Airbus refait à neuf ?

p441 Quand l'état se mêle d'économie... « Le meilleur, c'est le succès de Natixis ».
Quel succès en effet, présentée en 2006 aux petits épargnants comme une valeur sans risque à 19,55 euros l'action, qui est tombée en dessous d'un euro au pire de la crise, et qui fluctue maintenant entre 3 et 4 euros.

p454 Selon l'auteur, l'abbé Pierre « à sa manière, il revendiquait l'efficacité des outils du libéralisme »

Il y a aussi (heureusement, vue l'épaisseur du livre !) quelques analyses et informations intéressantes, mais pas assez pour recommander à d'autres cette lecture, et souvent empreintes d'un parti pris qui frise la caricature (assez fatiguant de lire toutes les 15 pages que nous avons un président vraiment formidable, qui a tout compris à l'économie,etc.).

Peut-être devrais-je maintenant me procurer « l'économie n'existe pas », qui semble plus approprié, et beaucoup plus réaliste, et continuer de me demander pourquoi on associe « science » et « économie ».

(1) Une imbécillité qui ne pouvait m'échapper...
(2) « salaire médian » : la moitié des gens gagnent moins (et l'autre moitié plus, le lecteur éveillé l'aura compris)

- La fin du Skahndale ?
- Bah non, pas encore.

Mon fournisseur d'accès internet est une grosse buse, je le savais déjà : il m'a encore privé d'internet toute la semaine (*).

J'ai bien entendu appelé la Hotline : rien n'a changé là non plus.

Les questions sont toujours les mêmes : avez-vous connecté les câbles ? Non ! Bien sûr, 20 ans d'expérience dans l'informatique m'ont appris l'inutilité de ces ustensiles.

La « box » est-elle branchée ? Mais à quoi servirait de l'électricité ? C'est internet qui ne marche pas !

Il osent tout, il y a même de l'humour dans le message d'accueil : le temps d'attente est gratuit si on appelle depuis le téléphone de cet opérateur...Sauf que, si on les appelle, c'est précisément parce qu'il n'y a plus de connexion, et que par conséquent, ce téléphone-là ne fonctionne pas non plus.

Ils font aussi tous les efforts du monde pour faire durer la communication, puisqu'elle est surtaxée, en faisant systématiquement répéter les identifiants, noms, etc.

Même leur email de confirmation est un monument de connerie, il dit « En espérant que la xxxxxbox vous apporte entière satisfaction », ce qui n'a pas été sans influence sur la détérioration de mon humeur.

Le délai de prise en compte de 72 heures, soi-disant pour analyser le problème, puis encore 72 heures pour le traiter, soit 6 jours à glander et à continuer de facturer.

Le comble est atteint avec l'email qui suit la « prise en compte » et me demande de remplir une enquête de satisfaction alors que le problème n'est toujours pas résolu. Ils ajoutent que je peux me connecter sur leur site pour gérer mon abonnement : humour involontaire ou pure bêtise ?

Mon courrier de résiliation était prêt à partir, je le garde sous le coude.

(*) Si je cumule les pannes subies, le taux d'indisponibilité est d'environ 5%, soit plus d'une heure par jour

Comme je l'écrivais dans un article précédent, la fin du monde devrait avoir eu lieu, ou, plus précisément, le début de la fin du monde.

Rien ne me paraît pourtant avoir changé depuis la date fatidique (hormis quelques guerres, typhons, et autres calamités humaines et climatiques : la routine).

Un détail aurait dû me mettre la puce à l'oreille : sur le site de ces délirants prophètes, et même à quelques jours de l'apocalypse attendue, il y avait un message très significatif, qui montre que la proximité de cette échéance ne leur a pas fait perdre le nord :

« Family Radio's donation server is currently undergoing security maintenance. The donation page should be back up later today, however, if you would like to make a donation via credit or debit (ATM) card now, please call 1-800-543-1495 (Ext. 376) and a representative will help to process your donation. We apologize for the inconvenience »



En résumé : « notre serveur pour les donations  étant indisponible, vous pouvez continuer de donner avec une carte de crédit ».

Business is business.

Le pôle emploi me propose de me recycler dans un domaine porteur : l'informatique.

C'est une telle pénurie dans ce domaine qu'il y a 20 (j'ai bien dit vingt) postes à pourvoir.

Les candidats sélectionnés, se verront offrir une formation de 2 mois par une entreprise qui fait des fautes sur ses pages de présentation (1), mais semble vivre confortablement en vendant  à des chômeurs des illusions de carrières dans l'informatique.

Les premiers critères de sélection sont simples : il faut avoir un bac+5 en n'importe quoi ou informatique (au choix), et être sans expérience, ou un bac+2 en informatique avec de l'expérience.

Pour les heureux et presque élus, des « tests de logique sur table » sont prévus (2). Et après, des tests « sous table » ???

Les postes qui deviendront ensuite – et éventuellement - accessibles sont ceux de « consultants développeurs SAP », soit en bon français, des « analystes programmeurs » (3).

Il y a cependant une spécificité française : ce métier est est mal vu, parce qu'il est technique. Dans d'autres contrées, plus civilisées, un programmeur expérimenté est considéré, à juste titre, comme un expert qu'il faut respecter et rémunérer en conséquence.

Ici, la technique, c'est bien évidemment pour les cons incapables d'évoluer, l'expertise technique ne vaut rien, le programmeur est dénigré, ce qui explique les délocalisations de plus en plus pressantes, et les désastres toujours plus nombreux sur les projets.

Non seulement la technique est dénigrée, mais il est courant de placer un débutant à la tête d'un projet, au seul prétexte qu'il a un diplôme prestigieux, et que dans l'esprit torturé des « managers », il est donc capable de gérer un projet sans connaître le monde du travail.

L'offre précise en fin de texte que cette formation me permettrait d'évoluer vers un métier « pérenne » sur une activité en « plein essor ».

C'est évidemment faux pour ceux qui ont plus de 30 ans. Les autres, s'ils ont les dents assez longues et le mépris assumé de leurs congénères, peuvent espérer un embryon de carrière.

Quant au « plein essor », et surtout à la « pérennité », ça serait un changement radical dans les SSII.

Un dernier détail : d'après cette propagande, la rémunération peut aller « jusqu'à 40 Keuros ».

Vous pouvez toujours rêver, même avec 10 ans d'expérience, aucune société n'embauchera un programmeur à ce prix. Et pour ceux plus expérimentés, pas d'embauche quel que soit le salaire (du moins en CDI, en intérim, il peut y avoir des miracles).

Mais tant qu'il y aura des experts pour expliquer dans les médias qu'il y a des offres d'emploi non pourvues (jusqu'à plusieurs centaines de milliers, d'après les plus zélés), les vendeurs de rêves et autres profiteurs auront de beaux jours devant eux.



(1) Des tournures discutables, une ponctuation aléatoire, etc. Qui veut le lien ?
(2) Faire passer des tests de logique à des bac+5 ou des informaticiens expérimentés : il fallait oser
(3) Que les journalistes s'obstinent à appeler « programmateurs » parce qu'ils confondent informatique et spectacle, ou informatique et machine à laver. D'ailleurs, on dit très peu « programmeur » dans le domaine en question (SAP), il faut dire « consultant technique », ce qui permet de vendre la prestation plus cher, mais sans augmenter le salaire.


De nombreux illuminés situent la fin du monde pour le 21 décembre 2012, s'appuyant sur des calculs avantageusement arrangés, prétendument basés sur un calendrier maya, et se préparent vaillamment à  survivre à l'inévitable chaos (ils ne semblent pas remarquer qu'il faut quand même avoir un égo sérieusement démesuré ou un cerveau particulièrement dérangé pour estimer qu'on mériterait de survivre à tout le monde).

Mais voilà que d'autres illuminés situent maintenant la date fatidique au 21 mai 2011, ce qui nous laisse peu de temps. Ceux-là s'appuient sur une interprétation de la bible.

Ça tomberait bien, puisque ça m'éviterait de payer le deuxième tiers provisionnel, qui tombe précisément ce jour-là, mais ça risque quand même de nous raccourcir le week-end, puisque c'est un samedi.

Comme d'habitude, il y a aura les « élus », et les autres, à croire que c'est comme en politique (1).

Cette prophétie est bien évidemment étayée par des « preuves » totalement inattaquables, à défaut d'être scientifiques : le monde a été créé il y a 13000 ans, et justement, le 21 mai 2011, c'est son anniversaire, il a décidé de faire une fête à tout casser (2).

Plus précisément : tout ne fera que commencer le 21 mai, qui marquera le début d'une période de 5 mois (3), justement décrits comme « les 5 derniers mois », pendant lesquels le « châtiment divin » frappera, non sans avoir préalablement sauvé les gentils.

Un paragraphe plus loin, il y a une irréfutable preuve mathématique : 2011 – 33 = 1978 et 1978 = 2 * 23 * 43

Si vous n'êtes pas convaincus avec ça, je sais plus quoi faire : peut-être publier un article vers le 22 ?


(1) Pour ce qui est des promesses et des prévisions fantaisistes, c'est du pareil au même.
(2) Entres autres délires ici : http://worldwide.familyradio.org/fr/
(3) Pour sourire, et à condition de ne pas être allergiques aux erreurs de traduction,fautes de frappe, et autres imbécilités  :   http://worldwide.familyradio.org/fr/literature/waat/waat_5.html#5_3

« Les chèvres du pentagone » de Jon Ronson, journaliste (the guardian) et auteur de documentaires.

Le livre commence par le portrait du Général Stubblebine (1), chef des services de renseignement de l'armée américaine, en 1983. Il pense pouvoir traverser les murs, mais se heurte régulièrement à celui de son bureau lors de ses tentatives.
Il s'essaye aussi à la lévitation, sans plus de succès, et de son propre aveu « pas moyen de décoller mon gros cul du sol ».

Le général Stubblebine supervisait, entre autres, le « labo des chèvres », où étaient (sont ?) parquées des chèvres rendues muettes pour masquer leur présence sur une base militaire, et qui étaient utilisées pour tester les pouvoirs de l'esprit : tenter de les tuer en arrêtant leur cœur par la force de la pensée.

Un expert en arts martiaux, Guy Savelli, prétend pouvoir le faire sur des hamsters par la seule force de son regard.

Le but de ces expériences, de la traversée des murs au génocide des chèvres, était de former des « supers soldats », des « guerriers jedi », comme les appelle un ancien médium des forces spéciales, Glenn Wheaton, capables entre autres prouesses de devenir invisibles.

L'homme à l'origine des ces idées loufoques à la fin des années 70 est Jim Channon (2), auteur du « manuel d'opérations du bataillon de la première terre » (3) après son expérience traumatisante au Vietnam. (4).

Son manuel proposait des méthodes issues pour la plupart du mouvement « new age » pour mener les guerres autrement que par l'emploi de la force.

A cette époque, le général Noriega, qui émargeait à la CIA (alors dirigée par un certain Georges Bush) et devenait un problème a été la cible d'attaques d'une équipe de médiums logés à Fort Meade.
Noriega était lui aussi adeptes des méthodes paranormales pour assurer sa sécurité.

A partir de 1995, un des des anciens médiums de Fort Meade, Ed James, a commencé à faire des « révélations » et autres « prédictions », plus fantaisistes les unes que les autres, dans l'émission de radio d'Art Bell.

Ces nombreuses opérations secrètes ont aussi un coût : l'administration de Georges W Bush a fait verser, en 2004, 30 milliards de dollars à un budget secret pour les financer.

Il est aussi question du projet « MK-ULTRA » lancé par la CIA dans les années 50, à grand renfort de LSD, des méthodes utilisées à Abou Ghraib (5), de Guantanamo, etc.

Mais le plus difficile est de garder à l'esprit la première phrase du livre en lisant ces délires : « ceci est une histoire vraie ».

(1) http://en.wikipedia.org/wiki/Albert_Stubblebine
(2) http://en.wikipedia.org/wiki/Jim_Channon
(3) http://www.amazon.com/First-Earth-Battalion-Operations-Manual/dp/1449524559
(4) Où il a pu constater que  seuls 15 à 20% des soldats à qui on en donne l'ordre tirent pour tuer. Parmi ceux-là, 98% deviendront fous, les 2% restants étaient déjà fous. Il fit une dépression à son retour.
(5) Avec une version très différente de ce qu'avaient présenté les médias à l'époque du scandale

C'est le PDG de Total qui le dit, le prix de l'essence continuera à augmenter et atteindra « sans aucun doute » les deux euros.

L'essence à 2 euros le litre nous ramènerait à la fin des années 70, juste après le second choc pétrolier : le litre de super était à 3 francs (1), le SMIC horaire (brut) était à 13 francs, soit 4,3 litres.

En 2011, le SMIC horaire est à 9 euros, soit 4,5 litres.

Il a quelques nuances à apporter à la comparaison : les véhicules d'aujourd'hui consomment beaucoup moins, l'inflation de l'époque était autour de 11%, etc.

Ce que tout monde semble avoir oublié, c'est que dès 2006 , l'AIE (Agence Internationale de l'Énergie) nous informait que le pic de production de pétrole (2) avait été atteint, et que la production devrait commencer à chuter en 2010.

Heureusement (!), le ralentissement de l'économie qui suit la crise de 2007-2008 a permis de passer cette échéance sans trop de dégâts pour le prix du pétrole (pour le reste, c'est un peu moins vrai).

Mais voilà que partout la reprise s'amorce (ou plutôt : s'amorcerait), et que le prix du pétrole augmente : nous n'en sommes encore qu'au début.

C'est comme pour les déficits publics : chacun sait qu'il est impossible de continuer sur cette voie, mais tout le monde fait semblant de penser que ce n'est pas si grave, qu'on trouvera bien une solution, que d'autres ferons l'effort pour nous, ou qu'un miracle va survenir. Il n'y a d'ailleurs qu'à écouter les premières promesses qui arrivent pour 2012...

Ne nous inquiétons pas trop en avance : d'après certains économistes, le litre d'essence ne sera jamais à 2 euros, puisque l'euro aura disparu avant.


(2) le « peak oil »

« les stratégies absurdes » de Maya Beauvallet, économiste, maître de conférence à Telecom Paris.

Les absurdités dont il est question dans ce livre concernent les indicateurs de performance, qui sont devenus l'outil indispensable des managers en perdition, en particulier de ceux qui pensent que « parce que le travail suppose un effort, chacun y serait spontanément réticent ».

Le but de ces indicateurs chiffrés est de mettre en place des stratégies de contrôle, d'incitation, ou de sanction.

Au fil des chapitres, des domaines très divers sont passés en revue : des juges de patinage artistique au stockage des déchets nucléaires, du taux de placement des chômeurs au nombre de césariennes, etc.

De nombreux exemples viennent des USA, qui ont toujours un temps d'avance sur ce qu'il ne faut pas forcément faire, mais que nous tentons quand même d'imiter (avec une petite différence : eux arrêtent quand ça ne fonctionne pas).

Le travers de tous les indicateurs pris en exemple est le même : le plus souvent, ce qui est mesuré n'est pas la performance, mais l'indicateur lui-même.

Le propos du livre n'est pas de décourager ceux qui voudraient mesurer et améliorer les performances, mais de mettre en lumière les erreurs qu'entrainent les indicateurs mal définis.

A lire avant de signer sa feuille d'objectifs annuels, établis avec son cher manager.

La semaine dernière, suite à une demande insistante du pôle emploi (1), je me suis rendu à une « journée recrutement ».

Cette charmante journée était organisée par une SSII (2) qui se dit en manque de candidats de qualité, dûment diplômés et expérimentés (3).

L’invitation était donc réservée aux bac+4 minimum, avec une expérience significative dans l’informatique : en clair, des vieux inemployables.

Que croyez-vous qu’il arriva ?

Nous étions une bonne trentaine « d’invités » forcés, et tous avions le même profil, qui peut se résumer à : plus de 40 ans, et un regard désabusé sur le monde du travail en général, et l’informatique en particulier.

J’ai été reçu en entretien, comme il se doit par une responsable RH qui a environ la moitié de mon âge, et déborde donc de l’expérience nécessaire pour jauger un CV.

Elle a été calmée par mes prétentions salariales, qui l’ont brutalement ramenée à la réalité, lui ont rappelé que demandeur d’emploi ne signifie pas demandeur d’aumône, et peut-être lui ont appris que l’expérience a une valeur.

(1) Insistante : dont le ton indique qu’il est préférable que je m’y rende si je veux profiter de mes futures indemnités
(2) SSII : Société de Service en Ingénierie Informatique
(3) Bac +8, moins de 25 ans, 15 ans d’expérience, travaillant pour le SMIC

 Il est généralement admis que travailler est bénéfique pour la santé mentale, ce que le demandeur d'emploi que je suis ne peut que confirmer.

Une étude (1) vient cependant de démontrer qu'il y a des limites à cette affirmation : le travail en question doit être de qualité.

Un travail de mauvaise qualité est défini par « des fortes exigences, peu de contrôle sur la prise de décision, une mauvaise sécurité de l’emploi et un déséquilibre entre l’effort et la récompense », qui peut même « s’avérer plus néfaste que le chômage ».

Ces quelques points décrivent très précisément la prestation de service en général, et dans l'informatique en particulier :

- il n'y a aucune prise de décision : c'est le client qui les prend
- l'emploi est précaire : les missions sont souvent de courte durée
- la récompense de l'effort n'est qu'exceptionnellement au rendez-vous : la seule possibilité de réelle augmentation de salaire étant le changement de société.

Ce qui m'étonne le plus, c'est de ne pas être surpris par cette étude.

(1) http://www.slate.fr/lien/35623/sante-chomage-travail

Depuis quelques semaines, tout le monde se demande comment un médicament dangereux n'a pas été retiré du marché plus tôt.

D'où mon envie de demander aux autorités compétentes : mais à quoi est-ce que vous serviez ?

La fin d'année 2010 a été riche en offres promotionnelles dans le domaine automobile : il était urgent de se dépêcher de sa hâter de se précipiter en courant, la prime à la casse (1) allait disparaître, et avec elle, toutes les bonnes affaires.

Prime à la casse qui ne représentait souvent que 10% du montant des réductions proposées.

Et voilà qu'en ce début d'année, ils recommencent tous : partout des offres plus miraculeuses les unes que les autres, et cette fois sans l'aide de l'état.

Dans ces conditions, en quoi est-il utile d'afficher les « prix catalogue » des voitures, puisque personne ne les payera ce prix-là ? Pourquoi ne pas directement proposer, et à tout  le monde, un même prix non négociable, ce qui donnerait au moins l'impression de ne pas se faire gruger, quand une promotion arrive la semaine suivant un achat .

D'autre part, croient-ils vraiment que ça va durer ? (Essayer de) nous faire changer de voiture comme de chemise, sous prétexte que le dernier modèle consomme 0,1 litre de moins et possède une prise USB ?

D'autant plus ridicule que paradoxalement, sous la pression de certains constructeurs, les garanties s'allongent.

Si ces véhicules sont si fiables, pourquoi en changer si souvent ?

(1) Nos futurs impôts

Bonne année !


Manigong bagong taon !


Happy new year !


新年快乐 !