La Fontaine présentait les fourmis comme des modèles de sérieux et des bourreaux de travail, la culture populaire a perpétué cette image.

Pourtant, une étude sur une espèce de fourmis d’Amérique du nord, réalisée pendant 2 semaines, montre qu’il n’en est rien, et que beaucoup d’entre elles ont pour spécialité de ne rien faire.

Cette étude a montré que seulement 3% des fourmis de cette espèce travaillent tout le temps.

25% ne travaillent jamais, et 72% travaillent moins de la moitié du temps.

A croire que le chômage de masse est aussi une invention de la nature.

http://news.sciencemag.org/plants-animals/2015/10/most-worker-ants-are-slackers

Les SSII ont la faculté de toujours viser plus juste en ce qui concerne la démotivation des salariés, elles en sont même devenues le modèle de référence.

J’ai passé plusieurs mois en intercontrat, et une mission m’a enfin été proposée cet été, il s’agissait d’une mission en binôme, et je devais en être le principal responsable.

Illusion : j’ai juste été présenté au client parce que plus expérimenté, pour afficher une façade technique et un niveau d’anglais potable.

Dès que le client a validé le transfert de compétences fait avec l’ancien prestataire, on m’a informé que je ne faisais plus partie du casting, que je redeviens un intercontrat, mais qu’on me ressortira du placard lors des vacances de celui qui a été désigné.

Je suis trop vieux et trop cher pour les niveaux de marge qu’il est nécessaire d’atteindre, mais assez compétent pour m’afficher devant un client et le rassurer.

Cette attitude des auto-proclamés « managers » en SSII est partout la même : en réalité, ils ne managent rien, puisqu’ils n’ont rien du pouvoir qu’ils croient posséder.

Ce sont juste des pions qui ont des indicateurs à afficher en vert sur des feuilles Excel (1) qu’ils présentent très sérieusement à des « comités de pilotage » et autres « comités de direction », dans lesquels se pavane trop souvent le gratin de l’incompétence technique et managériale, qui a néanmoins suffisamment de talent politique (et d’absence de conscience) pour être arrivé dans ces comités.

Il faut bien comprendre qu’il est usant avec le temps de devoir toujours  remettre en cause ses connaissances pour chaque nouvelle mission : oublier les noms, les fonctions, l’organisation, l’environnement technique, les métiers de chacun, les logiciels à utiliser, les procédures, et parfois, plusieurs fois par an.

Chaque entreprise a des spécificités, et tout n’est pas transposable : ce qui peut paraître intéressant à la sortie des études (quand tout est nouveau) devient un calvaire avec les années.

Le plus accablant est que ce savoir est jetable, qu’au mieux une mission durera quelques mois (1 mois ½ pour la dernière en date me concernant.), et qu’il n’y aura aucun retour sur l’investissement personnel, aucune réutilisation.

D’autant plus que l’expérience acquise n’est pas un paramètre pris en compte pour les missions futures. Le commercial et sa marge sont les seuls critères de choix, et échappent donc aux premiers concernés.

Non seulement cette succession de missions est usante, mais en plus elle ne permet pas de bâtir un parcours cohérent.

C’est d’ailleurs une des thèmes favoris des entretiens annuels, au cours desquels il est courant d’utiliser l’argument d’une mission sans intérêt, mais imposée par le management, au nom de l’esprit d’entreprise, pour refuser une augmentation ou une évolution.

J’attends maintenant d’être convoquée par les RH pour m’entendre dire que je n’ai pas été à la hauteur de la mission.

(1) Il y quelques semaines, un de ces brillants personnages s’est calé dans son fauteuil en me disant solennellement : « nous, les managers, nous avons besoin d’indicateurs ». Que feraient-ils sans Excel ?

Pas plus tard que l’autre jour, j’ai été pris d’une inextinguible nausée après avoir entendu un reportage expliquant que les séniors sans emploi peuvent se reconvertir dans l’informatique pour retrouver un travail.

Un spécialiste du secteur, encravaté comme il se doit a déclaré solennellement : « il y a 30000 postes non pourvus tous les ans dans les métiers du numérique ».

J’ai un message personnel pour cet archétype du connard imbu de sa marge sur les prestations : le chômage a progressé de 10% sur un an dans les métiers du numérique (comme je l'ai déjà dit dans un autre post), il n’y a pas, et il n’y a jamais eu, de pénurie de candidats.

Aller raconter au 20H que « le numérique » est un eldorado pour les plus de 40 ans au chômage est honteux, c’est de l’escroquerie.

Expliquer  qu’en 15 mois de formation en alternance ces chômeurs séniors se recyclent dans ce domaine porteur est de la fumisterie.

Ceux qui ont essayé de trouver une formation en alternance le savent : les entreprises rechignent à prendre des séniors, parce qu’il faut presque les payer.

Quand je pense que ma redevance finance ces foutaises télévisées, il me viendrait presque des envies de fraude.

Pour ceux que je n’arrive pas à convaincre, allez voir ce site : 

https://munci.org/Penurie-d-informaticiens-un-mythe-planetaire

Qui explique que c’est un mythe planétaire qui est en train de tomber.

La prochaine fois que vous entendrez une personne parler de "difficulté de recrutement" ou de "pénurie de main d’œuvre" dans l'informatique, veuillez s'il vous plaît lui envoyer le lien suivant :

http://www.lemondeinformatique.fr/actualites/lire-le-chomage-dans-l-informatique-en-hausse-de-9-8-en-juillet-2015-62161.html


Le chômage dans l’informatique aurait connu une hausse de 9,8% sur un an, ce qui fait beaucoup pour un secteur constamment cité comme "en tension".

Peut-être cela ne suffira-t-il pas à convaincre les plus incompétents de vos interlocuteurs, mais au moins vous aurez essayé.

L'article que je cite semble immédiatement contredit par celui-ci, publié le lendemain :

http://www.lemondeinformatique.fr/actualites/lire-apec-les-offres-d-emploi-it-en-hausse-de-9-en-juillet-62173.html

La contradiction n'est qu'apparente, les explications se trouvent en partie dans les commentaires : trop de gens formés, des salaires en berne, des RH qui recherchent des moutons à 5 pattes en solde, etc.

Bref, j'en ai assez de radoter.

« Salaires 2016 : vers des hausses... modérées » titre « la tribune ».

Me concernant, c’est depuis la signature de mon dernier contrat (dernier au sens du dernier en date, il y en aura d’autres, je ne me fais pas d’illusions), que je suis très précisément augmenté de 0% par an, ce qui est effectivement assez modéré.

Heureusement que les taxes, impôts, mutuelles et autres prélèvements ont tant baissé depuis lors que mon pouvoir d’achat s’en est trouvé boosté au point, n’en doutez pas, de mener un train de vie de nabab.

Une nouvelle annoncée l’année dernière est curieusement passée inaperçue, alors qu’elle serait de nature à changer le monde et régler tous nos problèmes de production d’énergie : rien que ça.

Il s’agit de l’annonce par Lockheed Martin de la mise sur le marché d’ici 10 ans d’un réacteur à fusion nucléaire (1).

Ce réacteur aurait une capacité de 100 mégawatts et serait suffisamment compact pour être emporté sur un camion.


Sa capacité permettrait de faire voler un avion de la taille d’un C5 Galaxy pendant un an, avec « quelques bouteilles d’hydrogène » (sans plus de détail).

Dans le même temps, le projet ITER (2) vise lui aussi à utiliser la fusion nucléaire. Il y a cependant une différence de taille : ITER n’est qu’un prototype, et nécessite  90 hectares pour la totalité de son installation.


L’exploitation ITER doit commencer  en 2020 pour une durée de 21 ans, mais il ne s’agit que d’un réacteur expérimental visant à valider sa technologie.

Conclusion : soit Lockeed Martin a fait une avancée majeure qui pourrait nous changer la vie, soit c’est juste annonce, mais pourquoi ? 


(1) http://lockheedmartin.com/us/products/compact-fusion.html
(2) https://www.iter.org/

Ce moi-ci, à la une du magazine "science et vie" : "On peut vivre sans cerveau !".

Rien de neuf sous le soleil.

Une semaine a suffi à mon employeur pour me convoquer  à nouveau.

J’étais cette fois un peu mieux préparé, mais ça reste pénible.


Il faut quand même noter à quel point la présence à mes côtés d’un délégué du personnel peut lisser le vocabulaire des RH : tout n’est plus qu’allusions et périphrases.


Finis les « tu as pensé à postuler ailleurs ? » et « on va t’envoyer sur des missions à l’autre bout du pays ».


Juste un blabla qui traîne en longueur : puisqu’il n’est plus possible de dire la vérité parce qu’il y a un témoin, on contourne, on adoucit, on édulcore, tout est dans l’euphémisme.


Le fond, lui, n’a pas changé : je suis dans la ligne de mire, et je peux me préparer à des moments pénibles.


Sans surprise, j'ai appris que ce type d'entretien se multiplie dans les SSII de la région.

L'efficacité de mon employeur est pour une fois surprenante : mon départ risque d’être précipité.

Une banale invitation à une réunion s’est transformé en une séance de chantage : on ne veut plus de toi, on va te faire une proposition, si tu n’acceptes pas, on t’enverra sur des missions à plusieurs centaines de kilomètres pour te rendre la vie impossible, et ensuite on te licenciera.

Les propos que j’évoque ont été tenus, bien entendu, dans des termes bien plus policés, mais ça ne change rien au fond.

Je dois donc m’attendre à des moments pénibles dont je ne manquerai pas de faire le compte rendu, si toutefois j’en ai l’énergie.

Finalement, j’avais bien affaire à des professionnels du licenciement.

Mon employeur est aux fraises : il y a tellement d’inter contrats que la situation devient ingérable.

A tel point que j’ai eu le déplaisir de recevoir un mail à 21h30 un vendredi, me demandant de fournir un CV à jour pour le lundi suivant…


C’est par hasard que j’ai consulté ma boîte mail professionnelle, ce qu’en général je ne fais  pas en dehors du travail : si mon employeur veut me joindre le week-end, il n’a qu’à me payer un téléphone de fonction, le PC et la connexion internet qui vont avec, ainsi que rémunérer cette astreinte.


J’ai néanmoins répondu avant le lundi (en ces temps difficiles, n’importe quel prétexte se transforme en un pas de plus vers la porte), joignant un CV à jour, et précisant que je l’avais déjà transmis il y a plusieurs semaines aux responsables commerciaux.


Admirez au passage la parfaite communication au sein de cette entreprise, de taille pourtant modeste.


Méfions-nous quand même : je pense que j’ai affaire à des professionnels.

« Ubu loi » de Philippe Sassier et Dominique Lansoy.

Nul n’est censé  ignorer la loi, mais ce principe est impossible à respecter : plus de 10000 lois, 120000 décrets, 7400 traités, 17000 textes communautaires, le tout dans 62 codes différents et leurs dizaines de milliers de pages.


« Trop de loi tue la loi » avait déclaré un ancien président, et ce livre fourmille d’exemples.

Un des premiers donnés concerne les droits des personnes handicapés : il y a tellement de textes différents que la loi qui prévoit une aide financière pour favoriser leur travail ne peut s’appliquer qu’à ceux dont le handicap est tel qu'il exclut tout travail.


Le code du travail, lui, n’en finit pas d’épaissir : de 1984 à 2004, il est passé de 1800 à 2664 pages.

Plus loin on apprend qu’en 1997, un rapport de l’IGF pointait un sureffectif global de 500000 agents dans les 3 fonctions publiques. Ce rapport précisait que les 35h devraient s’y appliquer au cas par cas, et sans création de poste : on connaît la suite.


A Bruxelles aussi, on cogite sérieusement pour nous compliquer la vie : d’après les auteurs, il s’en est fallu de peu que ne soit règlementée l’exposition au soleil. Ce qui aurait amené à interdire des métiers comme moniteur de ski ou marin-pêcheur.


D’après la cours des comptes (rapport de 2005), même la recherche pâtit de son modèle de gestion.

Ce livre date de 2007, d’autres ont été écrits avant sur le même thème, et je ne doute pas que d’autres l’ont été depuis.

Le plus paradoxal est finalement d’avoir un système législatif si compliqué dans un pays où le budget de la justice est un des plus faibles (1).

(1)    http://www.coe.int/t/dghl/cooperation/cepej/evaluation/2010/2010_pays_comparables.pdf

Bonne année !

Manigong bagong taon !

Happy new year !

新年快乐 !