Avant, se masquer le visage dans l’espace public était interdit et mal vu, aujourd’hui, ne pas se masquer le visage est mal vu, et peut-être bientôt interdit.

Avant, changer de trottoir pour éviter de passer près de quelqu’un était très mal venu, aujourd’hui, c’est un signe de politesse qui peut rapporter un sourire.

Avant, il il y a avait des files d’attente aux caisses des supermarchés, aujourd’hui, la file d’attente commence sur le parking du supermarché.

Avant les médias nous montraient des pays lointains en crise dans lesquels les rayons des magasins étaient vides, maintenant plus besoin d’aller au bout du monde pour trouver les mêmes images.

Avant il fallait être prudent avant de traverser la rue, maintenant on entend les voitures arriver de loin.

Avant, je sortais les mains dans les poches, maintenant, si la main dans ma poche ne trouve pas mon attestation, je rentre chez moi.

Avant tout le monde se serrait la main et se faisait des bises, ça ne se fera plus, du moins au travail, et c’est tant mieux.

Avant mon employeur refusait quasi-systématiquement le télétravail, maintenant il se réjouit que nous puissions tous le faire afin de continuer à facturer les clients, et sans avoir à nous fournir aucun équipement.

Un seul mot a suffit, « confinement », pour semer la panique dans les chaumières.

Ruée vers les supermarchés pour faire le plein de denrée plus ou moins utiles.

Puis des millions de personnes en télétravail, et d’autres millions en chômage partiel.

Tout s’est arrêté, ou presque.

Ça m’a rappelé une phrase d’Umberto Eco, dans laquelle il dit que c’est l’industrie du superflu qui constitue l’ossature du système économique.

Tout est dit : les compagnies aériennes au bord de la faillite, des aéroports, les cinémas, salles de sport, cafés, restaurants, salles de spectacle, campings, hôtels, etc. qui ferment, et la vie continue.

Tant qu’il y a de l’électricité, de l’eau, du pétrole, des agriculteurs, et des camions pour transporter la nourriture, tout va bien.

Les « pénuries » dans les magasins m’ont rappelé des mauvaises blagues des années 80 sur les pays de l’Est :
« un sandwich , c’est un ticket de jambon entre deux tickets de pain ».
Ou encore «
- Ils sont 2 fois moins chers les oeufs dans le magasin d’en face, mais ils n’en ont plus
- Nous aussi, quand on n’en a plus, ils sont 2 fois moins cher »

Il aura suffit d’un microscopique organisme pour faire tomber les certitudes des obsédés de la croissance.

Ou plutôt faire vaciller leurs certitudes : des économistes  ou responsables politiques se répandent déjà dans les médias pour rassurer tout le monde ( et surtout se rassurer eux-mêmes), annonçant des « plans de relance » et autres milliards qui seront débloqués, histoire de repartir comme avant.

Et pour en avoir plus sur pourquoi ça ne repartira pas comme avant, c’est ici, en anglais: https://ourfiniteworld.com/2020/03/31/economies-wont-be-able-to-recover-after-shutdowns/


Et restez chez vous

Au cours de l’été 2019, 600 milliards de tonnes de glace ont fondu au Groenland (1).

Un tonne de glace donnant un mètre cube d’eau, c’est donc 600 milliards de m3  d’eau qui ont fondu.

Un milliard de m3, c’est un cube d’1 kilomètre de côté, vous voyez la taille du glaçon ?

Pour en avoir 600, c’est un bloc de 20 km sur 30 km sur 1 km d’épaisseur.

En réduisant la hauteur du glaçon, c’est comme si une couche de glace d’1,10 m avait fondu sur toute la surface de la France.

Et vu comme ça, ça fait beaucoup, et c’est arrivé en seulement 2 mois.

Heureusement, d’après Donald, ce n’est pas un problème.

(1) https://agupubs.onlinelibrary.wiley.com/doi/epdf/10.1029/2020GL087291