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Le titre n’est pas de moi, c’est celui d’un article très pertinent dont je vous conseille la lecture, en voici un extrait : 

« En fait, nous sommes devant les enfants de la nouvelle idéologie pédagogique qui dévalorise le savoir et la culture­­.
Ils ne s’inclinent pas devant la culture, ils n’ont pas honte d’échouer, ils n’ont pas honte non plus de leur inculture, ils se victimisent et considèrent désormais que c’est un droit fondamental d’avoir des examens adaptés à leur ignorance. »



Les années passent, mon salaire reste, les charges et impôts augmentent.

Il me semblait depuis quelques années que les fins de mois étaient de plus en plus justes.

Il y a heureusement un site pour vérifier ce constat : l’observatoire des inégalités (http://www.inegalites.fr/) , qui classe la population par niveau de vie et composition du foyer.

D’après leurs chiffres, je suis dans le haut de la tranche basse, mon foyer fait donc partie des plus riches des pauvres.


J’ai néanmoins un avantage sur la majorité des salariés : ma prochaine augmentation, après que mon cher employeur m’aura enfin viré, me sera offerte par le pôle emploi, et sera de -40%.

Le futur est plein de promesses.

Subitement très concerné par mon avenir, mon cher employeur m’a trouvé une mission. 

C’est précisément la mission sur laquelle j’ai fait un très beau burnout il y a 3 ans.

Il m’avait été promis, juré, que jamais je ne retournerai chez ce client où les managers ont de parfaits profils de psychopathes, où la pression est insupportable, où les locaux dédiés aux prestataires sont éloignés de tout, en très mauvais état, et aussi sales que malodorants.

Mais je vais devoir y retourner quand même, pour 3 mois m’a-t-on dit. 

C’est sur l’ordre de mission que j’ai pu voir que les 3 mois en font 5 dans un premier temps, avec une prolongation tacite…


L’honnêteté des mes managers me fascine, ainsi que leur capacité à renier tout ce qui peut ressembler à un semblant d’éthique ou de respect, cette facilité à traiter les gens comme du mobilier jetable.

Une étude rapportée par le Telegraph (1) montre que les personnes intelligentes sont plus facilement distraites au travail.

L’article ajoute que les travailleurs qui ont le plus de mal à se concentrer seraient  « intellectuellement supérieurs » à leurs collègues.

D’après cette publication, ce serait le grand nombre d’idées qui jaillissent dans leur cerveau qui dérange la concentration de ces génies.

Ne nous emballons pas : d’abord parce que le Telegraph est plus connu comme tabloïd que pour sa rigueur scientifique.

Mais surtout parce que je vois au moins deux autres raisons d’avoir du mal à se concentrer.

L’une est  l’absence totale d’intérêt du travail qui vous est confié, croyez-moi, ça joue vraiment beaucoup, je m’en rends compte tous les jours : merci la sous-traitance en cascade des ESN. Et pas besoin d’un cerveau de compétition.

L’autre, bien plus évidente, est le contraire de la raison invoquée : les gros abrutis aussi ont plus de mal à se concentrer que leurs collègues qui sont eux normalement équipés avec la lumière à tous les étages.

(1)    http://www.telegraph.co.uk/news/newstopics/howaboutthat/12107840/IQ-Intelligent-people-are-more-easily-distracted-at-work.html

Les SSII ont la faculté de toujours viser plus juste en ce qui concerne la démotivation des salariés, elles en sont même devenues le modèle de référence.

J’ai passé plusieurs mois en intercontrat, et une mission m’a enfin été proposée cet été, il s’agissait d’une mission en binôme, et je devais en être le principal responsable.

Illusion : j’ai juste été présenté au client parce que plus expérimenté, pour afficher une façade technique et un niveau d’anglais potable.

Dès que le client a validé le transfert de compétences fait avec l’ancien prestataire, on m’a informé que je ne faisais plus partie du casting, que je redeviens un intercontrat, mais qu’on me ressortira du placard lors des vacances de celui qui a été désigné.

Je suis trop vieux et trop cher pour les niveaux de marge qu’il est nécessaire d’atteindre, mais assez compétent pour m’afficher devant un client et le rassurer.

Cette attitude des auto-proclamés « managers » en SSII est partout la même : en réalité, ils ne managent rien, puisqu’ils n’ont rien du pouvoir qu’ils croient posséder.

Ce sont juste des pions qui ont des indicateurs à afficher en vert sur des feuilles Excel (1) qu’ils présentent très sérieusement à des « comités de pilotage » et autres « comités de direction », dans lesquels se pavane trop souvent le gratin de l’incompétence technique et managériale, qui a néanmoins suffisamment de talent politique (et d’absence de conscience) pour être arrivé dans ces comités.

Il faut bien comprendre qu’il est usant avec le temps de devoir toujours  remettre en cause ses connaissances pour chaque nouvelle mission : oublier les noms, les fonctions, l’organisation, l’environnement technique, les métiers de chacun, les logiciels à utiliser, les procédures, et parfois, plusieurs fois par an.

Chaque entreprise a des spécificités, et tout n’est pas transposable : ce qui peut paraître intéressant à la sortie des études (quand tout est nouveau) devient un calvaire avec les années.

Le plus accablant est que ce savoir est jetable, qu’au mieux une mission durera quelques mois (1 mois ½ pour la dernière en date me concernant.), et qu’il n’y aura aucun retour sur l’investissement personnel, aucune réutilisation.

D’autant plus que l’expérience acquise n’est pas un paramètre pris en compte pour les missions futures. Le commercial et sa marge sont les seuls critères de choix, et échappent donc aux premiers concernés.

Non seulement cette succession de missions est usante, mais en plus elle ne permet pas de bâtir un parcours cohérent.

C’est d’ailleurs une des thèmes favoris des entretiens annuels, au cours desquels il est courant d’utiliser l’argument d’une mission sans intérêt, mais imposée par le management, au nom de l’esprit d’entreprise, pour refuser une augmentation ou une évolution.

J’attends maintenant d’être convoquée par les RH pour m’entendre dire que je n’ai pas été à la hauteur de la mission.

(1) Il y quelques semaines, un de ces brillants personnages s’est calé dans son fauteuil en me disant solennellement : « nous, les managers, nous avons besoin d’indicateurs ». Que feraient-ils sans Excel ?

Pas plus tard que l’autre jour, j’ai été pris d’une inextinguible nausée après avoir entendu un reportage expliquant que les séniors sans emploi peuvent se reconvertir dans l’informatique pour retrouver un travail.

Un spécialiste du secteur, encravaté comme il se doit a déclaré solennellement : « il y a 30000 postes non pourvus tous les ans dans les métiers du numérique ».

J’ai un message personnel pour cet archétype du connard imbu de sa marge sur les prestations : le chômage a progressé de 10% sur un an dans les métiers du numérique (comme je l'ai déjà dit dans un autre post), il n’y a pas, et il n’y a jamais eu, de pénurie de candidats.

Aller raconter au 20H que « le numérique » est un eldorado pour les plus de 40 ans au chômage est honteux, c’est de l’escroquerie.

Expliquer  qu’en 15 mois de formation en alternance ces chômeurs séniors se recyclent dans ce domaine porteur est de la fumisterie.

Ceux qui ont essayé de trouver une formation en alternance le savent : les entreprises rechignent à prendre des séniors, parce qu’il faut presque les payer.

Quand je pense que ma redevance finance ces foutaises télévisées, il me viendrait presque des envies de fraude.

Pour ceux que je n’arrive pas à convaincre, allez voir ce site : 

https://munci.org/Penurie-d-informaticiens-un-mythe-planetaire

Qui explique que c’est un mythe planétaire qui est en train de tomber.

La prochaine fois que vous entendrez une personne parler de "difficulté de recrutement" ou de "pénurie de main d’œuvre" dans l'informatique, veuillez s'il vous plaît lui envoyer le lien suivant :

http://www.lemondeinformatique.fr/actualites/lire-le-chomage-dans-l-informatique-en-hausse-de-9-8-en-juillet-2015-62161.html


Le chômage dans l’informatique aurait connu une hausse de 9,8% sur un an, ce qui fait beaucoup pour un secteur constamment cité comme "en tension".

Peut-être cela ne suffira-t-il pas à convaincre les plus incompétents de vos interlocuteurs, mais au moins vous aurez essayé.

L'article que je cite semble immédiatement contredit par celui-ci, publié le lendemain :

http://www.lemondeinformatique.fr/actualites/lire-apec-les-offres-d-emploi-it-en-hausse-de-9-en-juillet-62173.html

La contradiction n'est qu'apparente, les explications se trouvent en partie dans les commentaires : trop de gens formés, des salaires en berne, des RH qui recherchent des moutons à 5 pattes en solde, etc.

Bref, j'en ai assez de radoter.

« Salaires 2016 : vers des hausses... modérées » titre « la tribune ».

Me concernant, c’est depuis la signature de mon dernier contrat (dernier au sens du dernier en date, il y en aura d’autres, je ne me fais pas d’illusions), que je suis très précisément augmenté de 0% par an, ce qui est effectivement assez modéré.

Heureusement que les taxes, impôts, mutuelles et autres prélèvements ont tant baissé depuis lors que mon pouvoir d’achat s’en est trouvé boosté au point, n’en doutez pas, de mener un train de vie de nabab.

Une semaine a suffi à mon employeur pour me convoquer  à nouveau.

J’étais cette fois un peu mieux préparé, mais ça reste pénible.


Il faut quand même noter à quel point la présence à mes côtés d’un délégué du personnel peut lisser le vocabulaire des RH : tout n’est plus qu’allusions et périphrases.


Finis les « tu as pensé à postuler ailleurs ? » et « on va t’envoyer sur des missions à l’autre bout du pays ».


Juste un blabla qui traîne en longueur : puisqu’il n’est plus possible de dire la vérité parce qu’il y a un témoin, on contourne, on adoucit, on édulcore, tout est dans l’euphémisme.


Le fond, lui, n’a pas changé : je suis dans la ligne de mire, et je peux me préparer à des moments pénibles.


Sans surprise, j'ai appris que ce type d'entretien se multiplie dans les SSII de la région.

L'efficacité de mon employeur est pour une fois surprenante : mon départ risque d’être précipité.

Une banale invitation à une réunion s’est transformé en une séance de chantage : on ne veut plus de toi, on va te faire une proposition, si tu n’acceptes pas, on t’enverra sur des missions à plusieurs centaines de kilomètres pour te rendre la vie impossible, et ensuite on te licenciera.

Les propos que j’évoque ont été tenus, bien entendu, dans des termes bien plus policés, mais ça ne change rien au fond.

Je dois donc m’attendre à des moments pénibles dont je ne manquerai pas de faire le compte rendu, si toutefois j’en ai l’énergie.

Finalement, j’avais bien affaire à des professionnels du licenciement.

Mon employeur est aux fraises : il y a tellement d’inter contrats que la situation devient ingérable.

A tel point que j’ai eu le déplaisir de recevoir un mail à 21h30 un vendredi, me demandant de fournir un CV à jour pour le lundi suivant…


C’est par hasard que j’ai consulté ma boîte mail professionnelle, ce qu’en général je ne fais  pas en dehors du travail : si mon employeur veut me joindre le week-end, il n’a qu’à me payer un téléphone de fonction, le PC et la connexion internet qui vont avec, ainsi que rémunérer cette astreinte.


J’ai néanmoins répondu avant le lundi (en ces temps difficiles, n’importe quel prétexte se transforme en un pas de plus vers la porte), joignant un CV à jour, et précisant que je l’avais déjà transmis il y a plusieurs semaines aux responsables commerciaux.


Admirez au passage la parfaite communication au sein de cette entreprise, de taille pourtant modeste.


Méfions-nous quand même : je pense que j’ai affaire à des professionnels.


Dans la vie d'un prestataire, il y a toujours un moment où le client vous rappelle votre misérable condition.

C'était ce matin, un des directeurs du site sur lequel je suis très temporairement affecté passait dans les couloirs présenter une nouvelle dirigeante à tout l'étage.

Lorsqu'il est arrivé devant moi, il a dit d'un air entendu, pointant son index : "ça, c'est un prestataire", puis il a continué sa tournée.

"ça" ne mérite pas qu'on en parle, "ça" a-t-il un nom ou un prénom, a-t-il une âme ?

On s'en fout : c'est du jetable, du kleenex, de l'éjectable à l'envi, de la chair à missions sans intérêt, presque rien.

Ce n'est pas la première fois que je suis ainsi ramené à la réalité : il y a longtemps déjà, un directeur informatique avait dit à tous ceux qui étaient avec moi dans le bureau : "ici, vous êtes du bétail".

C'est beau la vie de presta.


Le croirez-vous ? Je suis invité par une société de service, et via un réseau social professionnel, à une soirée « conférence et recrutement », dont le titre est « exploitation et mitigation » : je n’ai presque aucune idée de ce qui se cache derrière ce titre.

Si j’en crois la consonance et mon envie d’y réfléchir avec sérieux, ça doit être une soirée esclavagisme et robinetterie.

Le contenu de l’invitation est heureusement plus explicite, l’annonce s’adresse à des jeunes experts en sécurité. 


Il leur est proposé de rejoindre les « Warriors » de la « cyber sécurité », ça ne plaisante pas, d’autant qu’il y a des ninjas en arrière-plan. (1)

Je suis quand même très étonné que malgré les compétences en sécurité de la société, qui affiche des guerriers japonais dans ses emails, personne n’a pensé à cibler les destinataires : je n’ai aucune compétence dans le domaine demandé, puisque d’après la liste des profils recherchés, il me faudrait être expert dans n’importe quoi, pourvu que ça se termine par « sécurité ». ( et accessoirement, être
« jeune »)

De toute façon, je n’ai aucune envie de travailler pour cette entreprise qui m’a déjà montré son mépris pour mon CV.




 (1) Je vous jure qu’il y a vraiment des ninjas sur l’invitation, ils sont comme ça :




C’était hier, au journal télévisé, la bonne nouvelle de l’année : le pôle emploi prévoit en 2014 une hausse de 5% des intentions d’embauche.

Il faut souligner qu’il ne s’agit que d’intentions, et surtout que je ne connais personne à qui pôle emploi ait trouvé un travail. Sans compter que ce n’est pas une hausse des intentions, même de plusieurs  % qui permettra  de faire baisser le chômage. 

La suite du reportage coule de source : la journaliste a jugé bon de poser à l’expert du marché de l’emploi la question bête qui appelle une réponse inepte. Elle lui a demandé si par un hasard curieux il n’y aurait pas des secteurs « en tension » qui auraient beaucoup, mais alors vraiment beaucoup, de mal à recruter malgré 5 millions d’inscrits chez Pôle.

Qui l’eut cru ? Le premier secteur cité est l’informatique : il serait difficile de recruter des « ingénieurs en informatique ».  Allez donc demander aux 77 000 inscrits dans ce secteur (1) ce qu’ils en pensent : il est vrai qu’ils ont sûrement trop d’expérience, ou plus de 35 ans, ce qui revient au même dans un secteur où on est sénior après 5 ans d’expérience.

Autre secteur cité : la restauration. Rassurez-vous, il n’auront pas besoin de recruter bien longtemps : les tickets restaurants qui jusque-là étaient surtout cumulés pour se payer un bon restaurant le week-end ou les courses de la semaine ne deviendront bientôt utilisables que dans des restaurants, en semaine, le midi. (C’était déjà le cas, en théorie, mais le laxisme était de mise).

Si cette règle est strictement appliquée, nombreux seront ceux qui comme moi, diront clairement à leur employeur ce qu’il peut faire de ses tickets (il est tout à fait possible d’y renoncer), puisqu’il est hors de question que je sois obligé de manger dans des restaurants où on me servira du réchauffé le midi (2) : je peux le faire pour moins cher à la maison. Les intentions d’embauche devraient s’en ressentir.

Mais voilà, il faut bien remplir le journal télévisé avec des bonnes nouvelles, quitte à passer pour définitivement incompétent, pour faire croire qu’il reste une lumière au bout du tunnel, alors qu’elle a été éteinte pour des raisons budgétaires.

(1)    Les (vrais) chiffres sont là : http://munci.org/emploi-informatique.pdf
(2)    Selon l’Umih, le principal syndicat des métiers de l’hôtellerie, "aujourd’hui, près de 80 % des 150 000 établissements répertoriés dans l’Hexagone travaillent avec des produits industriels semi-élaborés ou finis". source : http://www.ufc-quechoisir-tours.org/acturestosplats.html

L’intercontrat est la période pendant laquelle un salarié de SSII est sans mission, c’est mon cas en ce moment.

Il ne faut pas en conclure que c’est une période reposante durant laquelle on peut rester tranquillement à l’agence en passant ses courtes journées de « travail » à surfer sur internet : être sans mission peut être risqué.


Dans les périodes fastes, l’intercontrat ne dure pas longtemps, et il se trouve rapidement n’importe quelle mission sur laquelle un commercial est prêt à vous vendre au plus offrant : il est là pour construire sa carrière (c’est-à-dire faire le plus de marge possible sur le dos des autres), et certainement pas celle de ceux qu’il vend.


Dans les périodes difficiles, comme en ce moment, l’intercontrat est souvent le premier pas vers le pôle-emploi, les départs plus ou moins arrangés sont de mise.


La société qui a racheté celle dans laquelle j’étais (depuis 3 mois) voit d’un très mauvais œil que des quadras qu’elle estime surpayés soient en intercontrat., et nous sommes déjà nombreux dans la ligne de mire.


Déjà en 2009, le site cadremploi (1) rappelait que « « Les entreprises se retrouvent avec des stocks d'informaticiens dont elles ne savent pas quoi faire », et la situation est loin de s’être améliorée.


Ce n’est pourtant que le début, il n’est pas prévu d’embellie, ou autre « inversion de courbe », dans les mois à venir pour la prestation de service, il suffit de voir ce qu’il en est :
http://www.lemondeinformatique.fr/actualites/lire-chomage-plus-d-informaticiens-a-pole-emploi-en-janvier-2014-56706.html

(1) http://www.cadremploi.fr/editorial/conseils/droit-du-travail/detail/article/salaries-en-intercontrat-de-ssii-quels-sont-vos-droits.html

Les jours passent et le message reste dans les médias : c’est maintenant l’aéronautique qui aurait du mal à recruter (un effet secondaire du salon du Bourget).

Les mêmes poncifs débités par les mêmes journalistes : il serait difficile de trouver des ingénieurs, techniciens, et ouvriers pour l’aéronautique.


Evidemment, puisque peu d’écoles forment à ces métiers, et qu’il y a la fuite vers d’autres domaines d’activité pour les ingénieurs. 


Les premiers de promotion des meilleures écoles vont dans la finance : il faut des têtes bien faites pour fabriquer les produits financiers qui provoqueront la prochaine crise en prétendant la prévenir.


Ensuite il y a l’informatique, les ESN bien sûr, qui recrutent à tour des bras des ingénieurs (obligatoirement jeunes et débutants), en leur promettant là aussi des carrières.


Ils y déchantent ensuite, mais trop tard, en voyant qu’il est très difficile de faire carrière quand tous les autres sont aussi compétents et diplômés que vous, et surtout se demandent  à quoi peut bien servir un bac+5 quand leur activité consiste souvent à faire des réunions et envoyer des mails (je me demande encore pourquoi ils ont tant scruté mon CV pour ma mission en cours, qui consiste à faire du secrétariat et du support téléphonique).


Au final, les employeurs pleurnichent parce qu’ils ne trouvent pas à vil prix un jeune surdiplômé possédant par avance toutes les compétences du poste visé.


Il me paraît pourtant évident que des spécialistes d’un domaine ne peuvent se former que dans le domaine en question, en particulier dans l’aéronautique, où l’on peut difficilement parler de pléthore de constructeurs concurrents chez qui il serait possible de dégotter la perle rare.


Il faut bien commencer par embaucher des débutants pour un jour avoir des spécialistes. Mais allez expliquer ça à un brillant responsable RH, qui croit dur comme fer que le candidat parfait existe quelque part, ce qui est plus facile que de prendre le risque d’en choisir un sur son potentiel.

Le Syntec numérique (1), qui se présente comme « le 1er syndicat professionnel de l’écosystème numérique français », a beaucoup travaillé.

Tellement qu’il en est arrivé à la conclusion qu’il fallait renommer les SSII (Sociétés de Services en Ingénierie Informatique).


Il faudra désormais les appeler des ESN : Entreprise de Services du Numérique.


Ça ne change rien, et c’est sûrement ce qui change tout.


Le chômage, qui lui n’a pas encore changé de nom, a augmenté de presque 16% dans l’informatique en 2012 (2).


Après ça, on pourra rire ou pleurer devant les "économistes" qui dissertent dans les médias sur la difficulté à recruter dans l’informatique , ou plutôt, dans les ESN …


(1)    http://www.syntec-numerique.fr/content/qui-sommes-nous
(2)    http://munci.org/Bilan-de-l-emploi-informatique-en-2012-et-previsions-2013

D’après une enquête du site cadremploi.fr (1), les salaires dans l’informatique continuent d’augmenter.

Je suis ravi d’apprendre qu’un développeur ayant 5 à 10 ans d’expérience gagne déjà plus que moi (2), comme d’ailleurs presque n’importe quel profil d’après cette étude.


Et encore, en restant dans le domaine « études et développement » (3), si je regarde du côté « conseil et MOA », c’est avant 5 ans d’expérience que tout le monde gagne plus que moi.


C’est à se demander ce que j’ai bien pu foutre pendant toutes ces années pour en arriver à un poste et un salaire aussi misérables.


A moins que ces chiffres ne soient un tantinet bidonnés, ou strictement parisiens, parce qu’en fait, la plupart des gens que je connais sont dans ma situation.

(1) http://www.cadremploi.fr/editorial/actualites/actu-metiers-regions/detail/article/informatique-et-telecoms-les-grilles-des-salaires-2013.html
(2) Ceux qui me connaissent savent que mon âge avancé m'a donné une expérience bien plus consistante

(3) Un nom bien ronflant pour tout ce qui concerne la programmation

D'habitude, quand je parle des SSII en disant qu'elles n'embauchent que des jeunes, mes interlocuteurs me répondent que je me fais des idées, ou sous-entendent que je dois être particulièrement incompétent pour ne pas trouver plus facilement du travail : même le JT de 20h dit qu'elles embauchent.

Heureusement, hier matin, sur une radio nationale,  le président d'une grande SSII française a clarifié les choses : « on embauche des jeunes, pas assez, encore, des jeunes, puisqu'effectivement c'est un des paramètres importants pour baisser le salaire moyen » (1).

Il fallait oser le dire, remercions-le, maintenant les choses sont claires : on ne veut ni des vieux (c'est à dire des plus de 35 ou 40 ans) ni des gros salaires (2).

Il dit aussi dans la même interview qu'il voudrait arriver à 40% des effectifs de la société en Inde...

Au moment où tous les responsables politiques gesticulent à propos des délocalisations, celles-là n'intéressent personne : il ne s'agit que d'emploi qualifiés irrémédiablement perdus, et pour lesquels de toutes façons les salaires sont déjà, pour les ingénieurs, inférieurs à ceux des autres secteurs (c'est quasiment le secteur qui paye le moins, voir le lien (2) ).

Curieux que personne ne reproche à ces sociétés, d'une part les délocalisations, et d'autre part le rejet des vieux : qu'en serait-il s'il s'agissait, au hasard, d'un constructeur automobile, qui annoncerait tranquillement qu'il va envoyer la moitié de ses usines en Asie et n'embaucher que des jeunes pour baisser sa masse salariale ?

Mais puisque les les médias nous disent qu'il y a pénurie de candidats dans l'informatique.

(1) Qui veut le lien vers l'interview ?
(2) Sauf pour les dirigeants de ces entreprises : http://www.zdnet.fr/actualites/salaires-de-l-informatique-l-ecart-se-creuse-entre-patrons-et-ingenieurs-39705752.htm