Un mail du pôle emploi, envoyé automatiquement, me signale une offre « susceptible de me convenir ».

Je suis invité à y répondre dans les meilleurs délais, sinon, je risque la radiation, afin d'améliorer les statistiques.

L'offre en question ne correspond que de très loin à mes compétences puisqu'il s'agit d'un poste de développeur (pas d'autre précision, ce qui en dit long sur la compétence du rédacteur de l'annonce (1) ), donc de débutant (et il y a belle lurette que personne d'embauche des quadragénaires sur ces postes, déjà que passé 30 ans on est un sénior...).

Il faut aussi une expérience d'au moins 3 ans et un diplôme de bac+2 à bac+5.

Quant au salaire proposé, la fourchette va de  1600 (soit le minimum conventionnel) à 2250 euros bruts (2).

Le haut de la fourchette correspond à mon salaire de 2002, et arrive tout juste au niveau de mes allocations.

Si j'étais embauché sur ce poste (et je pourrais y être contraint, puisqu'il s'agirait d'une offre raisonnable), je me retrouverais sur un poste de débutant, payé comme il y a dix ans, et perdant de l'argent puisque j'aurais à engager des frais pour me rendre au travail.
Mais j'aurais aidé à améliorer les statistiques (surtout celles, très officielles, de l'emploi, pour le reste, je ne ferais que travailler plus pour gagner moins)

Comme je l'avais déjà écrit, ces offres raisonnables permettent à une entreprise d'embaucher à vil prix, puisqu'il suffit d'une période de chômage de 6 mois pour être obligé d'accepter un poste au niveau de ses allocations (et je suis convaincu que des recruteurs s'en réjouissent déjà).

Paradoxalement, les « experts » continuent de se répandre en imbécillités dans les médias à propos de la pénurie de candidats dans l'informatique.

Il existe pourtant une évidence : quand il y a pénurie, les prix montent (3). Or, les salaires dans l'informatique stagnent depuis des années.

En attendant, j'attends.

(1) Je ne suis pas dupe, il n'y a évidemment aucune réelle intention de recruter avec ce type d'annonce : il s'agit, au mieux, de récupérer des CV, pour le pire,à vous de voir
(2) 1250 à 1700 euros nets.
(3) Et ça, même l'auteur dont je parle dans l'article précédent en conviendrait

« Petites leçons d'économie à la portée de tous », de Jean-Marc Sylvestre, docteur en sciences économiques, animateur télé, et chroniqueur radio.

Ce n'est pas un manuel d'économie, mais une compilation de chroniques économiques, oublions au passage la condescendance du titre.

Une précision : j'ai acheté  ce livre sans avoir préalablement vérifié la date de parution. Je le pensais récent, il date en fait de 2007.

L'avantage de le lire avec 4 ans de retard, c'est de vérifier à nouveau l'adage : « un économiste, c'est quelqu'un qui vous expliquera l'an prochain pourquoi ce qu'il a dit l'an dernier n'est pas arrivé cette année », et profiter de quelques (involontaires ?) perles.

Quelques exemples...

p29 « l'Allemagne cessera de s'endetter et commencera à rembourser en 2010 »

p49 Sur l'économie américaine : « on avait craint un trou d'air en 2006, mais ses effets ont été gérés et les perspectives sont bonnes pour 2007 »

p68 « La crise de l'été 2007 n'aura eu que peu d'impact », « L'Amérique a réussi son atterrissage en douceur »

p122 « De l'avis des experts, l'action EDF ne peut que monter » (plus de 70 euros fin 2007, moins de 27 aujourd'hui).

p254 A propos des records consécutifs du CAC 40 de 2007 : « les grandes tendances sur lesquelles  les acteurs boursiers s'appuient depuis le début de l'année se confirment jour après jour » , notamment «  L'économie américaine continue de bien fonctionner » et « les perspectives européennes sont très améliorées ».

p266 Après une envolée boursière à New-York, et alors que les chiffres des prévisions pour 2007 sont « très bons » « on obtient l'équation de ce que les économistes appellent un 'cercle vertueux' »

p278 Sur le fonctionnement de l'économie américaine, en particulier les crédits hypothécaires, et les dégâts qui en résultent  puisque « les autorités monétaires ont pris le parti de laisser le système se purger »; « Finalement, le système retrouve son équilibre »

p304 Les prévisions d'embauche en France pour 2007 : « On continue d'embaucher massivement des ingénieurs en informatique (1) […]. Les risques de pénurie sont très sérieux ». Là c'est du pur délire, il y avait plus de 2,4 millions d'inscrits à l'ANPE à cette époque...

p323 « Vous avez acheté, il y a dix ans, un appartement à Paris ou dans une grande ville, les crédits sont remboursés ». Peut-on avoir ne serait-ce qu'un semblant de sens des réalités et écrire une énormité pareille ? Rembourser un appartement (A Paris !) en 10 ans ? Sait-il que le salaire médian (2) en France est en dessous de 1500 euros nets ??
Tout ça pour donner son avis sur l'ISF...

p345 Le croirez-vous : « Il est facile, avec le recul, d'expliquer le succès du scénario de rupture écrit par Nicolas Sarkozy »

p404 « Quand on ne se prend pas la tête dans les contraintes idéologiques, c'est assez simple l'économie ».

p413 L'environnement serait favorable en 2007, et « les prévisions 2008 prolongent cette tendance »

p429 « Le nouveau gouvernement compte bien faire la chasse aux dépenses de fonctionnement ». En baissant le salaire du président ? En évitant d'acheter un Airbus refait à neuf ?

p441 Quand l'état se mêle d'économie... « Le meilleur, c'est le succès de Natixis ».
Quel succès en effet, présentée en 2006 aux petits épargnants comme une valeur sans risque à 19,55 euros l'action, qui est tombée en dessous d'un euro au pire de la crise, et qui fluctue maintenant entre 3 et 4 euros.

p454 Selon l'auteur, l'abbé Pierre « à sa manière, il revendiquait l'efficacité des outils du libéralisme »

Il y a aussi (heureusement, vue l'épaisseur du livre !) quelques analyses et informations intéressantes, mais pas assez pour recommander à d'autres cette lecture, et souvent empreintes d'un parti pris qui frise la caricature (assez fatiguant de lire toutes les 15 pages que nous avons un président vraiment formidable, qui a tout compris à l'économie,etc.).

Peut-être devrais-je maintenant me procurer « l'économie n'existe pas », qui semble plus approprié, et beaucoup plus réaliste, et continuer de me demander pourquoi on associe « science » et « économie ».

(1) Une imbécillité qui ne pouvait m'échapper...
(2) « salaire médian » : la moitié des gens gagnent moins (et l'autre moitié plus, le lecteur éveillé l'aura compris)

- La fin du Skahndale ?
- Bah non, pas encore.

Mon fournisseur d'accès internet est une grosse buse, je le savais déjà : il m'a encore privé d'internet toute la semaine (*).

J'ai bien entendu appelé la Hotline : rien n'a changé là non plus.

Les questions sont toujours les mêmes : avez-vous connecté les câbles ? Non ! Bien sûr, 20 ans d'expérience dans l'informatique m'ont appris l'inutilité de ces ustensiles.

La « box » est-elle branchée ? Mais à quoi servirait de l'électricité ? C'est internet qui ne marche pas !

Il osent tout, il y a même de l'humour dans le message d'accueil : le temps d'attente est gratuit si on appelle depuis le téléphone de cet opérateur...Sauf que, si on les appelle, c'est précisément parce qu'il n'y a plus de connexion, et que par conséquent, ce téléphone-là ne fonctionne pas non plus.

Ils font aussi tous les efforts du monde pour faire durer la communication, puisqu'elle est surtaxée, en faisant systématiquement répéter les identifiants, noms, etc.

Même leur email de confirmation est un monument de connerie, il dit « En espérant que la xxxxxbox vous apporte entière satisfaction », ce qui n'a pas été sans influence sur la détérioration de mon humeur.

Le délai de prise en compte de 72 heures, soi-disant pour analyser le problème, puis encore 72 heures pour le traiter, soit 6 jours à glander et à continuer de facturer.

Le comble est atteint avec l'email qui suit la « prise en compte » et me demande de remplir une enquête de satisfaction alors que le problème n'est toujours pas résolu. Ils ajoutent que je peux me connecter sur leur site pour gérer mon abonnement : humour involontaire ou pure bêtise ?

Mon courrier de résiliation était prêt à partir, je le garde sous le coude.

(*) Si je cumule les pannes subies, le taux d'indisponibilité est d'environ 5%, soit plus d'une heure par jour