« Il y a des moments de la vie où une sorte de beauté naît de la multiplicité des ennuis qui nous assaillent. »

Marcel Proust, « Albertine disparue »

Avec le temps, je devrais être habitué à entendre des foutaises lors des entretiens, et ne plus me formaliser du décalage entre les paroles et les actes.

Mais je n'y arrive pas : l'honnêteté est une irrémédiable tare dont je n'arrive pas à me défaire et qui me pousse à penser qu'un recruteur peut parfois, dans un moment de faiblesse, dire la vérité.

Les propos auxquels j'ai eu droit lors d'un des derniers entretiens que j'ai passé, et qui constituait la deuxième étape d'un processus de recrutement à rallonge, auraient pourtant du me mettre la puce à l'oreille.

C'était trop beau pour être vrai.

Parmi les nombreuses salades, j'avais eu droit au caricatural : « il n'y a pas de piège ici, nous jouons carte sur table, nous cherchons à mieux vous connaître ». Ce à quoi j'avais failli répondre, mais j'ai évité de le faire grâce à un effort surhumain : « oui, je le sens bien votre intérêt pour ma personne, d'ailleurs, j'ai déjà mal au cul » (1).

Ces pantins m'avaient dit que je recevrai, dès la semaine suivante, une proposition de collaboration éventuelle, mais quoi qu'il en soit, je pouvais avoir la certitude d'être tenu au courant de la suite donnée à ma candidature.

L'absence de réponse depuis plus de trois semaines, et ce malgré mes multiples relances auprès de tous les interlocuteurs que j'avais eu, fait que je connais maintenant la suite donnée à ma candidature : la corbeille.

Que de temps perdu, mais il est vrai qu'en ce moment, ils n'ont que ça à faire : passer des entretiens et trier des CV, puisqu'il n'y a aucune mission en vue, et qu'une amélioration ne semble pas attendue avant plusieurs mois.

(1) Ma patience ayant atteint ses limites, ce blog pourrait désormais se voir régulièrement émaillé de propos grossiers, vulgaires, et autres allusions graveleuses : ça défoule.

Pas plus tard que l'autre jour, je me suis rendu à un entretien, n'ayant rien de mieux à faire.

La personne qui m'a reçu m'a fait, comme d'habitude, une présentation détaillée de la société.

Elle a beaucoup insisté sur l'importance du « social » dans cette société, sous l'impulsion d'un dirigeant très à l'écoute de ses employés.

Parmi les prétendues avancées, je n'ai vu que des RTT en nombre correct.

L'intéressement et la participation, présentés comme des cadeaux d'une généreuse direction, ne sont que des obligations légales vue la taille de cette entreprise.

Aucun détail ne m'a d'ailleurs été donné sur ces prestations, certainement à cause de leur montant modeste, mais surtout parce que je n'y aurai jamais droit dans cette entreprise, à moins d'un miracle, que je ne souhaite pas forcément.

Mais il y a plus ridicule : la personne qui me vante les nombreuses avancées sociales n'est même pas une employée . Il s'agit d'une stagiaire, qui d'après mes informations, est là depuis de très nombreux mois.

En voilà du recrutement : faire vendre les qualités humaines et sociales d'une entreprise par une personne qui n'y est même pas salariée et ne profite d'aucun de ces avantages.

Les niveau des salaires en France donne lieu à des débats sans fin, chacun pensant que celui qui est bien payé, c'est l'autre.

Pour mettre tout le monde d'accord, l'observatoire des inégalités a mis un site sur lequel il est possible de savoir où chacun se situe précisément sur l'échelle des salaires.

La page donne le pourcentage de personnes qui gagnent moins qu'un salaire donné.

Ça se passe ici : http://www.inegalites.fr/spip.php?page=salaire

NB : les données sont celles des secteurs privé et parapublic pour l'année 2008

A titre d'information, dans la fonction publique d'état, en 2007 :
10% des agents gagnent moins de 1429 euros, contre 33% dans le privé.
90% gagnent moins de 3223 euros, contre 89% dans le privé.

Source INSEE : http://www.insee.fr/fr/themes/document.asp?reg_id=0&ref_id=ip1257