Il y a longtemps que Cindy ne m’avait pas écrit, et ses emails ne me manquaient pas.
Mais la revoilà, et c’est un plaisir de commenter sa prose.


Sa carrière a fait un bond, elle se présente maintenant comme « chasseur de tète », ou avait-elle la « tête », et m’apprend que mon profil a été sélectionné « par mots clés ».


Je le sais déjà : personne ne lit les CV, des recherches en base de données ont depuis longtemps remplacé cette pratique ancestrale, et c’est compréhensible, étant donnée la quantité que les « recruteurs » doivent avoir  en stock.


D’après son offre alléchante, ce serait un atout pour moi d’avoir travaillé dans « l’informatique industriel », et sans faute ?


Ou encore d’avoir travaillé dans le domaine de l’énergie, ou les domaines proches comme l’électronique. C’est bien connu, les centrales nucléaires, les raffineries, et la fabrication de processeurs : c’est la même chose !


Quant au niveau d’anglais, il doit être « correct », ce qui n’est pas trop demandé.


Dire que je vais devoir décliner cette offre alléchante, alors qu’il m’est proposé un salaire sur 13 mois, des RTT, et même, c’est vraiment le luxe, des tickets restaurants, dont le montant n’est cependant pas précisé.


En effet, ce poste est situé près d’une célèbre capitale française, ce qui fait un peu loin pour un trajet quotidien.

« Le livre noir de l'agriculture », d'Isabelle Saporta, journaliste.

En ces temps de lasagnes de bœuf au cheval (que nous allons failli manger avec une cuillère de bois) et de tarte au caca, la lecture de ce livre ne peut que légitimer nos inquiétudes.


D’autant que tout ce qui y est décrit obéit aux règlementations françaises et européennes, il ne s’agit pas  de tromperie. 


Le premier chapitre nous dit tout sur le cochon : pauvre bête ! Gavé de mélanges les plus improbables de produits achetés aux quatre coins du monde, et dopé aux antibiotiques, ça ne donne pas très envie de manger du jambon.
 

Du maïs peut-être ? Mais c'est bien sûr : comment faire pousser une plante tropicale dans des régions où on manque d'eau quand il fait chaud ? Facile, il suffit d'irriguer, et même, de donner des primes pour irriguer.
Ensuite, il suffit de donner d'autres primes pour dépolluer l'eau contaminée par les pesticides diffusés par l'irrigation...
 

Mangez des pommes ! Et bon courage à ceux qui le font : c'est un des fruits les plus traités (26 à 27 traitements chimiques différents, mais d’autres sources en indiquent plus).
 

Inutile d'espérer éviter cette pollution en pelant les pommes avant de les manger nous dit l’auteur  (il faudrait enlever 8mm d'épaisseur), d'autant que de plus en plus de produits sont dits "systémiques", et qu'ils se diffusent jusqu'au cœur du fruit.
 

Du pain peut-être ? Alors évitez le pain complet s’il n’est pas bio : il serait truffé d’additifs chimiques dont plus de 200 sont autorisés au niveau européen.
Je m’arrête là, il y aurait trop à dire tant les exemples cités sont nombreux.
 

Tout au long du livre, il est triste de constater que des solutions simples et peu coûteuses permettraient de passer rapidement à une agriculture « raisonnée », beaucoup moins polluante et presque aussi productive. Mais il faudrait pour ça changer les mentalités, et plus difficile encore, faire plier les lobbys.

En conclusion : bon appétit bien sûr !

D’après une enquête du site cadremploi.fr (1), les salaires dans l’informatique continuent d’augmenter.

Je suis ravi d’apprendre qu’un développeur ayant 5 à 10 ans d’expérience gagne déjà plus que moi (2), comme d’ailleurs presque n’importe quel profil d’après cette étude.


Et encore, en restant dans le domaine « études et développement » (3), si je regarde du côté « conseil et MOA », c’est avant 5 ans d’expérience que tout le monde gagne plus que moi.


C’est à se demander ce que j’ai bien pu foutre pendant toutes ces années pour en arriver à un poste et un salaire aussi misérables.


A moins que ces chiffres ne soient un tantinet bidonnés, ou strictement parisiens, parce qu’en fait, la plupart des gens que je connais sont dans ma situation.

(1) http://www.cadremploi.fr/editorial/actualites/actu-metiers-regions/detail/article/informatique-et-telecoms-les-grilles-des-salaires-2013.html
(2) Ceux qui me connaissent savent que mon âge avancé m'a donné une expérience bien plus consistante

(3) Un nom bien ronflant pour tout ce qui concerne la programmation


Une annonce a attiré mon attention, personne ne sera surpris d'apprendre que ce n'est pas pour ses qualités.
 

Le début est toujours le même : les 2/3 de l'annonce servent à présenter l'entreprise, comme s’il était encore nécessaire de présenter une SSII.
 

Le contenu qui décrit le poste est une succession de banalités et de fautes de grammaire, d'orthographe, ou de syntaxe.

Il faut par exemple "bien sûre assurer la qualité de livraison".  Bon sang, mais c’est « bien sûre » !

Il faut aussi posséder un "anglais technique développé », c’est "un plus". C'est quoi donc qu'est-ce dont il s'agit ?
A Croire qu'il existe de l'anglais "sous-développé", qui serait donc un "moins".


La plus grande partie de l'annonce décrit, non pas un poste particulier, mais ce que tout manuel de gestion de projet racontera, et je me demande à qui ce genre d'annonce s'adresse : en quoi est-il nécessaire de répéter ces lieux communs ? D’autant plus que ceux à qui il faut les rappeler n’ont pas les compétences pour répondre à l’annonce.

Sans compter qu'il faut "Une certaine aisance relationnelle" pour gérer un projet.
Quelle surprise ! D'habitude ils recrutent des dictateurs ou des mercenaires pour gérer les projets ?

Peut-être viennent-ils  de trouver la pierre philosophale de l'informatique de gestion : pour gérer un projet, il faut des qualités, notamment relationnelles, et pas seulement une grande gueule pour harceler son équipe en pensant que les décibels valent tous les arguments, et qu’une langue bien baveuse peut suffire à satisfaire sa hiérarchie.

Ce poste n'est, on s’en doutait, accessible qu'avec un bac+5, sans que ne soit précisée l'expérience, alors qu'elle est évidemment nécessaire pour ce type de poste.

La conclusion de tout ça : à force de recruter n'importe comment, ils n'y a même plus de recruteurs capables de recruter, la boucle est bouclée.