« Ubu loi » de Philippe Sassier et Dominique Lansoy.

Nul n’est censé  ignorer la loi, mais ce principe est impossible à respecter : plus de 10000 lois, 120000 décrets, 7400 traités, 17000 textes communautaires, le tout dans 62 codes différents et leurs dizaines de milliers de pages.


« Trop de loi tue la loi » avait déclaré un ancien président, et ce livre fourmille d’exemples.

Un des premiers donnés concerne les droits des personnes handicapés : il y a tellement de textes différents que la loi qui prévoit une aide financière pour favoriser leur travail ne peut s’appliquer qu’à ceux dont le handicap est tel qu'il exclut tout travail.


Le code du travail, lui, n’en finit pas d’épaissir : de 1984 à 2004, il est passé de 1800 à 2664 pages.

Plus loin on apprend qu’en 1997, un rapport de l’IGF pointait un sureffectif global de 500000 agents dans les 3 fonctions publiques. Ce rapport précisait que les 35h devraient s’y appliquer au cas par cas, et sans création de poste : on connaît la suite.


A Bruxelles aussi, on cogite sérieusement pour nous compliquer la vie : d’après les auteurs, il s’en est fallu de peu que ne soit règlementée l’exposition au soleil. Ce qui aurait amené à interdire des métiers comme moniteur de ski ou marin-pêcheur.


D’après la cours des comptes (rapport de 2005), même la recherche pâtit de son modèle de gestion.

Ce livre date de 2007, d’autres ont été écrits avant sur le même thème, et je ne doute pas que d’autres l’ont été depuis.

Le plus paradoxal est finalement d’avoir un système législatif si compliqué dans un pays où le budget de la justice est un des plus faibles (1).

(1)    http://www.coe.int/t/dghl/cooperation/cepej/evaluation/2010/2010_pays_comparables.pdf

Bonne année !

Manigong bagong taon !

Happy new year !

新年快乐 !


Dans la vie d'un prestataire, il y a toujours un moment où le client vous rappelle votre misérable condition.

C'était ce matin, un des directeurs du site sur lequel je suis très temporairement affecté passait dans les couloirs présenter une nouvelle dirigeante à tout l'étage.

Lorsqu'il est arrivé devant moi, il a dit d'un air entendu, pointant son index : "ça, c'est un prestataire", puis il a continué sa tournée.

"ça" ne mérite pas qu'on en parle, "ça" a-t-il un nom ou un prénom, a-t-il une âme ?

On s'en fout : c'est du jetable, du kleenex, de l'éjectable à l'envi, de la chair à missions sans intérêt, presque rien.

Ce n'est pas la première fois que je suis ainsi ramené à la réalité : il y a longtemps déjà, un directeur informatique avait dit à tous ceux qui étaient avec moi dans le bureau : "ici, vous êtes du bétail".

C'est beau la vie de presta.


« La fin du pétrole, histoire de la pénurie sous l’occupation » de Mathieu Flonneau.

Il y avait en 1940 en France, environ 1,7 millions de véhicules automobiles, soit 20 fois moins qu’aujourd’hui, mais la pénurie de carburant, dès le début du conflit, a mis en lumière la dépendance au pétrole, et surtout l’impossibilité de trouver des solutions alternatives viables à grande échelle.

Les alternatives de l’époque étaient le gazogène, l’acétylène, le gaz de ville et les véhicules électriques (déjà !).

Chacune de ces technologies nécessite des apports en matière première ou des processus de fabrication incompatibles avec une utilisation de masse rapide, surtout en période de pénurie.

C’est pourquoi de nombreux règlements, lois et décrets sont apparus pour limiter l’utilisation de chaque technologie : la méthode est toujours appliquée aujourd’hui, légiférer afin de freiner tout changement.

La conclusion du livre est qu’il n’y a pas de solution simple, durable, et applicable à grande échelle. 


Pas plus qu’il n’existerait une hypothétique solution alternative « cachée » qui nous sauverait tous.