Une récente découverte scientifique (1)  pourrait redonner de l'espoir à de nombreuses personnes : il serait possible d’apprendre sans cerveau.

Il ne s’agit évidemment pas d’animaux ou d’êtres humains, mais d’organismes unicellulaires.

Je pense qu'il serait opportun que je transmette cette information à ma responsable RH qui m'a clairement dit que je ne peux plus rien apprendre : je ne sais toutefois pas si elle considère que mes capacités intellectuelles arrivent au niveau de celles d’un être unicellulaire.



Une étude rapportée par le Telegraph (1) montre que les personnes intelligentes sont plus facilement distraites au travail.

L’article ajoute que les travailleurs qui ont le plus de mal à se concentrer seraient  « intellectuellement supérieurs » à leurs collègues.

D’après cette publication, ce serait le grand nombre d’idées qui jaillissent dans leur cerveau qui dérange la concentration de ces génies.

Ne nous emballons pas : d’abord parce que le Telegraph est plus connu comme tabloïd que pour sa rigueur scientifique.

Mais surtout parce que je vois au moins deux autres raisons d’avoir du mal à se concentrer.

L’une est  l’absence totale d’intérêt du travail qui vous est confié, croyez-moi, ça joue vraiment beaucoup, je m’en rends compte tous les jours : merci la sous-traitance en cascade des ESN. Et pas besoin d’un cerveau de compétition.

L’autre, bien plus évidente, est le contraire de la raison invoquée : les gros abrutis aussi ont plus de mal à se concentrer que leurs collègues qui sont eux normalement équipés avec la lumière à tous les étages.

(1)    http://www.telegraph.co.uk/news/newstopics/howaboutthat/12107840/IQ-Intelligent-people-are-more-easily-distracted-at-work.html

La Fontaine présentait les fourmis comme des modèles de sérieux et des bourreaux de travail, la culture populaire a perpétué cette image.

Pourtant, une étude sur une espèce de fourmis d’Amérique du nord, réalisée pendant 2 semaines, montre qu’il n’en est rien, et que beaucoup d’entre elles ont pour spécialité de ne rien faire.

Cette étude a montré que seulement 3% des fourmis de cette espèce travaillent tout le temps.

25% ne travaillent jamais, et 72% travaillent moins de la moitié du temps.

A croire que le chômage de masse est aussi une invention de la nature.

http://news.sciencemag.org/plants-animals/2015/10/most-worker-ants-are-slackers

Les SSII ont la faculté de toujours viser plus juste en ce qui concerne la démotivation des salariés, elles en sont même devenues le modèle de référence.

J’ai passé plusieurs mois en intercontrat, et une mission m’a enfin été proposée cet été, il s’agissait d’une mission en binôme, et je devais en être le principal responsable.

Illusion : j’ai juste été présenté au client parce que plus expérimenté, pour afficher une façade technique et un niveau d’anglais potable.

Dès que le client a validé le transfert de compétences fait avec l’ancien prestataire, on m’a informé que je ne faisais plus partie du casting, que je redeviens un intercontrat, mais qu’on me ressortira du placard lors des vacances de celui qui a été désigné.

Je suis trop vieux et trop cher pour les niveaux de marge qu’il est nécessaire d’atteindre, mais assez compétent pour m’afficher devant un client et le rassurer.

Cette attitude des auto-proclamés « managers » en SSII est partout la même : en réalité, ils ne managent rien, puisqu’ils n’ont rien du pouvoir qu’ils croient posséder.

Ce sont juste des pions qui ont des indicateurs à afficher en vert sur des feuilles Excel (1) qu’ils présentent très sérieusement à des « comités de pilotage » et autres « comités de direction », dans lesquels se pavane trop souvent le gratin de l’incompétence technique et managériale, qui a néanmoins suffisamment de talent politique (et d’absence de conscience) pour être arrivé dans ces comités.

Il faut bien comprendre qu’il est usant avec le temps de devoir toujours  remettre en cause ses connaissances pour chaque nouvelle mission : oublier les noms, les fonctions, l’organisation, l’environnement technique, les métiers de chacun, les logiciels à utiliser, les procédures, et parfois, plusieurs fois par an.

Chaque entreprise a des spécificités, et tout n’est pas transposable : ce qui peut paraître intéressant à la sortie des études (quand tout est nouveau) devient un calvaire avec les années.

Le plus accablant est que ce savoir est jetable, qu’au mieux une mission durera quelques mois (1 mois ½ pour la dernière en date me concernant.), et qu’il n’y aura aucun retour sur l’investissement personnel, aucune réutilisation.

D’autant plus que l’expérience acquise n’est pas un paramètre pris en compte pour les missions futures. Le commercial et sa marge sont les seuls critères de choix, et échappent donc aux premiers concernés.

Non seulement cette succession de missions est usante, mais en plus elle ne permet pas de bâtir un parcours cohérent.

C’est d’ailleurs une des thèmes favoris des entretiens annuels, au cours desquels il est courant d’utiliser l’argument d’une mission sans intérêt, mais imposée par le management, au nom de l’esprit d’entreprise, pour refuser une augmentation ou une évolution.

J’attends maintenant d’être convoquée par les RH pour m’entendre dire que je n’ai pas été à la hauteur de la mission.

(1) Il y quelques semaines, un de ces brillants personnages s’est calé dans son fauteuil en me disant solennellement : « nous, les managers, nous avons besoin d’indicateurs ». Que feraient-ils sans Excel ?