Au cours de l’été 2019, 600 milliards de tonnes de glace ont fondu au Groenland (1).

Un tonne de glace donnant un mètre cube d’eau, c’est donc 600 milliards de m3  d’eau qui ont fondu.

Un milliard de m3, c’est un cube d’1 kilomètre de côté, vous voyez la taille du glaçon ?

Pour en avoir 600, c’est un bloc de 20 km sur 30 km sur 1 km d’épaisseur.

En réduisant la hauteur du glaçon, c’est comme si une couche de glace d’1,10 m avait fondu sur toute la surface de la France.

Et vu comme ça, ça fait beaucoup, et c’est arrivé en seulement 2 mois.

Heureusement, d’après Donald, ce n’est pas un problème.

(1) https://agupubs.onlinelibrary.wiley.com/doi/epdf/10.1029/2020GL087291

Près de chez moi, il y a dix ans, il y avait un champ.

Il a été remplacé par des résidences « de standing »

En anglais, « standing », ça veut dire « qui tient debout », ce qui est le minimum à demander à un immeuble d’habitation.

En français, ça veut dire : « appartement vendu au moins deux fois son prix pour que tous les intermédiaires puissent se gaver »

Il y a donc près de chez moi des logements hors de prix vendus à des zozos qui se prennent pour des investisseurs qui espèrent réduire leurs impôts, ou des naïfs qui veulent être propriétaires de leur logement pour un coût mensuel supérieur à 2 loyers.

Heureusement pour moi, je n’ai pas les moyens de payer 2 loyers, je n’ai donc pas à me soucier de la montée délirante des prix.

Les loyers, eux, ne peuvent pas suivre la même hausse, et sont d’ailleurs l’indice le plus évident la surévaluation des prix.

Voilà, c’est fait, je viens de franchir la très symbolique et fatidique cinquantaine.



Etant droitier j’ai immédiatement regardé mon poignet gauche afin d’y rechercher une preuve de réussite : mais pas de Rolex en vue, j’ai donc raté ma vie.



En plus, c’est l’entrée dans l’âge mûr, qui, comme disait Desproges, précède par définition l’âge pourri.



Ce grand âge maintenant atteint me permet de mesurer à quel point le monde a changé depuis que j’ai commencé à travailler.



De mon temps, bande de jeunes ignorants, il y avait des offres d’emploi  (1) imprimées dans des journaux spécialisés dans l’informatique.



Il fallait faire un beau CV, en noir et blanc parce les imprimantes couleurs ne couraient pas les rues, sans fioritures (de toutes façons impossibles à faire avec un PC de base qui coûtait 2 mois de salaire), et l’accompagner d’une lettre manuscrite (et souvent « obligatoirement manuscrite »).



Aujourd’hui, à en croire nos élites, c’est bien plus simple.

Il suffit de traverser la rue pour trouver un travail, puis pouvoir s’acheter un costume, et enfin traverser le hall de la gare en ayant réussi, étant autre chose que « rien ».



C’est beau le progrès.



(1) Des vraies offres, il y avait vraiment un ou plusieurs postes à pourvoir, le temps du « sourcing » pour remplir des banques de CV n’était pas arrivé, et le web non plus.

Dans la plupart des grandes entreprises, l’accès aux locaux, et parfois à d’autres services, se fait avec un badge.

Afin de ne pas mélanger torchons et serviettes, les prestataires de service ont le plus souvent un badge de couleur différente.

Lorsque durant une mission il m’arrive de croiser un ancien collègue qui a été embauché par ce client, sa première réaction n’est pas de me saluer, mais de vérifier la couleur de mon badge, en le retournant si nécessaire.

Ce n’est qu’après qu’il prendra le temps de me dire qu’il a oublié mon nom et l’endroit où on nous avions travaillé ensemble.

Mais maintenant il sait que je ne fais pas parti des élus, et que je ne dois vraiment pas être très doué pour être encore en ESN à mon âge.

Il passe ensuite quelques minutes à m’expliquer que tout n’est pas si facile, même quand on n’est plus prestataire, qu’il y a la pression, tout ça.

Tu penses ! 30% de salaire en plus, des augmentations régulières, 2 ou 3 semaines de congés supplémentaires, la possibilité d’évoluer et même de changer de métier, et un CE généreux, quel enfer (1) ! Si c’est si difficile, les ESN recrutent, je peux coopter.

Il n’a pas le temps de m’écouter lui raconter ce que j’ai fait depuis toutes ces années, mais prend poliment, et surtout rapidement, congé, afin de ne pas trop verser dans le social ou laisser penser qu’il aurait un semblant de considération pour celui qui n’est qu’un intrus dans « son » entreprise.

C’est comme ça la vie de prestataire.



(1)    Si, si, c’est encore le cas dans beaucoup de grandes entreprises dans lesquelles j’ai été prestataire