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Ma naïveté me perdra, je le sais, cette habitude saugrenue qui consiste à faire confiance à des gens dans le monde professionnel, précisément parce qu'ils sont supposés être professionnels.

Je devrais le savoir : il ne faut jamais faire confiance, à personne.

Tout a commencé par un banal entretien : ce qui m'a mis la puce à l'oreille, c'est le ton mielleux sur la fin de l'entrevue, façon « maintenant que le contrat est quasiment signé, on peut se tutoyer ». Cette formule est la préférée des commerciaux en goguette après avoir arnaqué le candidat.

Sauf que le contrat...Ben...Il n'est pas près d'être signé dans les termes qui me sont proposés.

Ils ont ressorti des oubliettes une habitude qui consiste à mélanger salaire brut, indemnités de déplacement et de repas, primes hypothétiques, intéressement, etc.

Le résultat qui apparaît alors est flatteur et bien supérieur au salaire réel qui sera perçu.

Cette astuce fonctionne bien par téléphone, puisqu'il n'est pas toujours aisé de vérifier les chiffres. Par contre, dès que le contrat arrive, l'énormité de l'arnaque saute aux yeux.

En l'espèce, il s'agissait (autant en parler au passé vu le mail que je leur ai envoyé) de me sous-traiter auprès d'un client dont le salaire minimum d'embauche est celui qui m'est proposé.

Le prix de mes années d'expérience est donc de 0 centime et 0 euro.

Par contre, comme je suis vendu sur la base de mon expérience, la marge du commercial, qui sur ce contrat n'a absolument rien eu à faire, est ENORME.

C'est pourquoi il sera de très mauvaise humeur après avoir lu mon mail, je pense même qu'il ira jusqu'à la menace « on va vous griller sur le marché », les plus minables le font souvent.

Il est hors de question, du moins tant que je ne suis pas physiquement menacé (1), d'accepter de travailler pour le salaire d'un débutant tout juste sorti de l'école.

(1) C'est à dire : revolver sur la tempe, ou plus probablement, suppression des allocations.

Avec le temps, je devrais être habitué à entendre des foutaises lors des entretiens, et ne plus me formaliser du décalage entre les paroles et les actes.

Mais je n'y arrive pas : l'honnêteté est une irrémédiable tare dont je n'arrive pas à me défaire et qui me pousse à penser qu'un recruteur peut parfois, dans un moment de faiblesse, dire la vérité.

Les propos auxquels j'ai eu droit lors d'un des derniers entretiens que j'ai passé, et qui constituait la deuxième étape d'un processus de recrutement à rallonge, auraient pourtant du me mettre la puce à l'oreille.

C'était trop beau pour être vrai.

Parmi les nombreuses salades, j'avais eu droit au caricatural : « il n'y a pas de piège ici, nous jouons carte sur table, nous cherchons à mieux vous connaître ». Ce à quoi j'avais failli répondre, mais j'ai évité de le faire grâce à un effort surhumain : « oui, je le sens bien votre intérêt pour ma personne, d'ailleurs, j'ai déjà mal au cul » (1).

Ces pantins m'avaient dit que je recevrai, dès la semaine suivante, une proposition de collaboration éventuelle, mais quoi qu'il en soit, je pouvais avoir la certitude d'être tenu au courant de la suite donnée à ma candidature.

L'absence de réponse depuis plus de trois semaines, et ce malgré mes multiples relances auprès de tous les interlocuteurs que j'avais eu, fait que je connais maintenant la suite donnée à ma candidature : la corbeille.

Que de temps perdu, mais il est vrai qu'en ce moment, ils n'ont que ça à faire : passer des entretiens et trier des CV, puisqu'il n'y a aucune mission en vue, et qu'une amélioration ne semble pas attendue avant plusieurs mois.

(1) Ma patience ayant atteint ses limites, ce blog pourrait désormais se voir régulièrement émaillé de propos grossiers, vulgaires, et autres allusions graveleuses : ça défoule.

Pas plus tard que l'autre jour, je me suis rendu à un entretien, n'ayant rien de mieux à faire.

La personne qui m'a reçu m'a fait, comme d'habitude, une présentation détaillée de la société.

Elle a beaucoup insisté sur l'importance du « social » dans cette société, sous l'impulsion d'un dirigeant très à l'écoute de ses employés.

Parmi les prétendues avancées, je n'ai vu que des RTT en nombre correct.

L'intéressement et la participation, présentés comme des cadeaux d'une généreuse direction, ne sont que des obligations légales vue la taille de cette entreprise.

Aucun détail ne m'a d'ailleurs été donné sur ces prestations, certainement à cause de leur montant modeste, mais surtout parce que je n'y aurai jamais droit dans cette entreprise, à moins d'un miracle, que je ne souhaite pas forcément.

Mais il y a plus ridicule : la personne qui me vante les nombreuses avancées sociales n'est même pas une employée . Il s'agit d'une stagiaire, qui d'après mes informations, est là depuis de très nombreux mois.

En voilà du recrutement : faire vendre les qualités humaines et sociales d'une entreprise par une personne qui n'y est même pas salariée et ne profite d'aucun de ces avantages.

Suite à la consultation de mon CV sur un site web (« je ne sais plus lequel, peut-être l'APEC, ou monster, ou un autre... » m'ont-ils dit), je me suis à nouveau rendu à un entretien.

Les locaux de cette société sont perdus au milieu d'autres locaux d'autres sociétés, avec une particularité régionale : des milliers de bureaux, mais les places de parking se limitent à quelques dizaines.

D'autant plus stupide qu'il y a largement la place d'en faire plus, mais surtout qu'il n'y a absolument aucun moyen de s'y rendre en transport en commun.

Une belle galère avant même de commencer...

Une fois dans leurs locaux, j'ai compris de quoi il retournait vraiment : une usine à entretiens.

Nous étions 5 convoqués à la même heure et dans les mêmes lieux, chacun étant ensuite reçu par un « consultant en recrutement », et dans mon cas un débutant qui ne sait pas trop comment s'y prendre.

Comme il ne sait pas, il commence par me présenter sa société dont il me fait une hagiographie en règle, et ça dure, ça dure...

Plus de 20 minutes de moulin à paroles sur les avantages, la proximité, la reconnaissance, le partage, toutes ces calembredaines entendues partout et pratiquées nulle part.

Ce long discours m'a laissé le temps de préparer ma défense : « une SSII n'est pas une entreprise, c'est une boîte d'intérim déguisée dans laquelle la réussite n'est en aucun cas liée à la qualité du travail fourni ».

Mais finalement je ne l'ai pas dit, il faut laisser les jeunes à leurs illusions, j'ai patiemment attendu le moment ou viendrait les mots qui fâchent : c'est soit l'âge, soit le salaire.

J'ai eu droit aux deux, je ne suis plus très jeune, pas contre je coûte déjà trop cher. Avec pour précision : « c'est normal, en intérim, avec les primes, vous étiez mieux payé ». A quoi j'ai répondu que le salaire que je lui demandais est de 10% inférieur, sans les primes (1), à celui qui m'est versé depuis plus de 4 ans.

Peut-être aurais-je du lui proposer de contacter les entreprises pour lesquelles j'ai travaillé, et les prévenir que je suis un dangereux escroc qui les a spoliées par une rémunération sans rapport avec la réalité de ses compétences.

Peu importe, un entretien de plus, c'est surtout un entretien de moins à passer.

(1) Pourquoi « les primes » ? Il n'y a en qu'une, dite de précarité, qui représente 10% des rémunérations versées, et qui couvre la période de carence des ASSEDIC...Le reste, ce sont les congés payés acquis, ce qui n'a rien d'une prime.

Par un hasard malheureux, un clic de trop, j'ai postulé dans une société de service, et ces pantins m'ont appelé pour un entretien.

L'individu qui m'a reçu a, d'entrée, marqué son territoire, en brave chien de garde de la bienséance : il m'a fait remarquer, comme s'il s'agissait d'une faute impardonnable ou d'un manque de respect, que j'étais en avance.

La suite a été sans surprise : 20 minutes de blabla sur l'entreprise, ses qualités, ses valeurs, son côté familial, la façon dont les collaborateurs sont choyés et évoluent dans un environnement disneylandesque, avec de merveilleuses perspectives de carrière.

Puis il en est venu à mon CV, et là, c'est le drame : rien ne correspond à ses attentes, dès le titre du CV « mais vous n'êtes pas du tout ça », « ça ne correspond pas à notre recherche ».

Il a passé 10 bonne minutes à relever toutes les compétences nécessaires pour le poste (1), dont il a une image grandiose, et qu'il se prévaut de parfaitement maîtriser, mais qui me font toutes défaut.
Lui serait un vrai « chef », un « manager » de compétition capable de gérer moult projets comme un vrai chef d'entreprise. Le déroulement de l'entretien me fait néanmoins penser que côté management et communication, il a de sérieuses lacunes à combler.

J'ai hésité un moment à lui demander nonchalamment : « dis-donc blaireau, si tu avais lu mon CV, tu aurais certainement remarqué les carences et lacunes, et tu nous aurais évité à tous les deux cette entrevue désagréable. Alors, pourquoi me recevoir ? Tu as des soucis ? Besoin de te défouler sans risque ? »

C'est d'autant plus ridicule que les CV sont en général enjolivés (2), et que je n'ai comme compétences, au mieux, que ce qui est écrit. Si c'est déjà insuffisant, pourquoi un entretien ?

Le point culminant de l'incompétence, et un indice me faisant penser qu'il ne faut pas forcément chercher dans les lacunes de mon CV, est venu sur la fin. Il m'a demandé mon âge : le grand classique de la conclusion d'entretien bidon.

Autre élément dans cette vaste comédie : je connais quelqu'un qui a 10 ans de moins que moi, les mêmes diplômes mais beaucoup moins d’expérience, et aucune compétence dans le domaine demandé sur l'annonce (3), qui a été embauché il y a quelques jours dans cette même entreprise.

Il est vrai qu'il est fringant et porte bien mieux le costume.

Pour résumer, un lien intéressant, concernant les entretiens et leur utilité. Il s'agit d'une interview de Jean-François Amadieu, dont j'avais parlé ici-même pour son livre (4) :

http://www.cadremploi.fr/edito/actu-et-conseils/cadremploi-tv/on-revient-vers-vous/d/1/jean-francois-amadieu-lentretien-ne-sert-a-rien.html

Si les entretiens sont inutiles, ou au moins inefficaces pour un vrai travail, imaginez un peu leur utilité pour un presque-job éventuel à une date inconnue, si une mission se présente ?


(1) Il s'agit d'une SSII, donc d'un poste hypothétique, voire imaginaire, et toujours dans un futur indéterminé.
(2) Pas le mien (parce que je mens très mal), mais les études montrent que deux tiers des CV le sont à divers degrés (de la période de chômage cachée au diplôme inventé).
(3) Il en bien d'autres, là n'est pas la question
(4) Il y a bien longtemps : http://affresdemploi.blogspot.com/2009/04/le-poids-des-apparences.html