Dans l'aéroport d'Amsterdam, je n'ai pas vu des marins qui chantent les rêves qui les hantent, mais des petits malins qui mentent.

Ils utilisent une technique éculée, autrefois utilisée (peut-être encore) par des vendeurs de toutes sortes, dans le but inavoué d'extorquer quelques euros.

Cette technique (1) consiste à faire dire 3 fois « oui » à son interlocuteur dans le but d'en obtenir le consentement futur (et lui vendre un aspirateur, une voiture, des actions, un abonnement à « J'achète n'importe quoi », etc.).

Les questions qui m'ont été posées sont :

- « Vous parlez français ? »
- « Vous êtes français ? »
- « Pouvez-vous me rendre un service ? »

Évidemment, c'est la dernière question qui a posé un problème, je ne vais quand même pas répondre « oui » à n'importe quoi, le demandeur d'emploi n'est pas si naïf; « ça dépend du service » m'a paru plus approprié.

Ça n'a pas empêché mon interlocuteur de continuer son discours qu'il croit original (2) et efficace, en m'expliquant sa situation désespérée : il lui manque 28 euros pour payer son billet d'avion et rentrer en France.

Les gages de confiance qu'il me propose sont d'une crédibilité en béton armé : une adresse email et un numéro de téléphone portable.

C'est d'autant plus ridicule qu'il y a une gare dans l'aéroport, et que si l'avion est trop cher, ce petit con n'a qu'à y aller en train, voire, à coups de pompes dans le train.

Il reste 2 inexplicables mystères : y a-t-il vraiment des gens qui tombent dans le panneau ? Et pourquoi 28 euros ?


(1) Pour une description détaillée de cette technique de vente, et des autres, voir le livre « petit traité de manipulation à l'usage des honnêtes gens » de Joule et Beauvois.

(2) Un autre m'a déjà raconté ses malheurs en janvier, au même endroit, avec les mêmes questions, et pour le même montant.