Le pôle emploi me propose de me recycler dans un domaine porteur : l'informatique.

C'est une telle pénurie dans ce domaine qu'il y a 20 (j'ai bien dit vingt) postes à pourvoir.

Les candidats sélectionnés, se verront offrir une formation de 2 mois par une entreprise qui fait des fautes sur ses pages de présentation (1), mais semble vivre confortablement en vendant  à des chômeurs des illusions de carrières dans l'informatique.

Les premiers critères de sélection sont simples : il faut avoir un bac+5 en n'importe quoi ou informatique (au choix), et être sans expérience, ou un bac+2 en informatique avec de l'expérience.

Pour les heureux et presque élus, des « tests de logique sur table » sont prévus (2). Et après, des tests « sous table » ???

Les postes qui deviendront ensuite – et éventuellement - accessibles sont ceux de « consultants développeurs SAP », soit en bon français, des « analystes programmeurs » (3).

Il y a cependant une spécificité française : ce métier est est mal vu, parce qu'il est technique. Dans d'autres contrées, plus civilisées, un programmeur expérimenté est considéré, à juste titre, comme un expert qu'il faut respecter et rémunérer en conséquence.

Ici, la technique, c'est bien évidemment pour les cons incapables d'évoluer, l'expertise technique ne vaut rien, le programmeur est dénigré, ce qui explique les délocalisations de plus en plus pressantes, et les désastres toujours plus nombreux sur les projets.

Non seulement la technique est dénigrée, mais il est courant de placer un débutant à la tête d'un projet, au seul prétexte qu'il a un diplôme prestigieux, et que dans l'esprit torturé des « managers », il est donc capable de gérer un projet sans connaître le monde du travail.

L'offre précise en fin de texte que cette formation me permettrait d'évoluer vers un métier « pérenne » sur une activité en « plein essor ».

C'est évidemment faux pour ceux qui ont plus de 30 ans. Les autres, s'ils ont les dents assez longues et le mépris assumé de leurs congénères, peuvent espérer un embryon de carrière.

Quant au « plein essor », et surtout à la « pérennité », ça serait un changement radical dans les SSII.

Un dernier détail : d'après cette propagande, la rémunération peut aller « jusqu'à 40 Keuros ».

Vous pouvez toujours rêver, même avec 10 ans d'expérience, aucune société n'embauchera un programmeur à ce prix. Et pour ceux plus expérimentés, pas d'embauche quel que soit le salaire (du moins en CDI, en intérim, il peut y avoir des miracles).

Mais tant qu'il y aura des experts pour expliquer dans les médias qu'il y a des offres d'emploi non pourvues (jusqu'à plusieurs centaines de milliers, d'après les plus zélés), les vendeurs de rêves et autres profiteurs auront de beaux jours devant eux.



(1) Des tournures discutables, une ponctuation aléatoire, etc. Qui veut le lien ?
(2) Faire passer des tests de logique à des bac+5 ou des informaticiens expérimentés : il fallait oser
(3) Que les journalistes s'obstinent à appeler « programmateurs » parce qu'ils confondent informatique et spectacle, ou informatique et machine à laver. D'ailleurs, on dit très peu « programmeur » dans le domaine en question (SAP), il faut dire « consultant technique », ce qui permet de vendre la prestation plus cher, mais sans augmenter le salaire.