La nouvelle fait la une de diverses publications : des grandes SSII (sociétés de services informatiques) interrogées annoncent d'enthousiasmantes perspectives de recrutement.

Il y aurait en effet 5000 postes à pourvoir en 2010 dans ces sociétés.

Cette annonce est à rapprocher du nombre de diplômés en informatique qui arrivent sur le marché du travail tous les ans en France : 33000 (1)

Le plus drôle est qu'ils soulignent leur prévision d'embaucher pour l'essentiel des débutants, comme si cette tendance était nouvelle.

Que vont bien pouvoir faire les 28 000 (minimum, si on considère qu'ils ne recruteront que des « jeunes diplômés ») qui n'auront pas eu la joie d'être embauchés ?


(1) http://affresdemploi.blogspot.com/2009/05/pyramide-des-ages.html

Alexandre continue de m'envoyer ses incroyables offres d'emploi : aujourd'hui, il me propose un très enviable poste de développeur COBOL (1) junior, ayant 3 à 5 ans d'expérience.

Il y a quelques semaines, ce brave guignol m'a envoyé une offre de « développeur COBOL sénior », pour laquelle la même expérience était demandée.

Donc, pour un as du recrutement de bras cassés, un parfait chasseur de têtes vides, un gestionnaire de ressources inhumaines, junior = sénior.

Ce serait une bonne chose que les vraies entreprises aient la même attitude vis-à-vis des séniors.


(1) Le COBOL est un vénérable langage qui a fêté ses 50 ans l'an dernier, mais toujours utilisé par de nombreux logiciels bancaires.

« The tipping point, how little things make a big difference » de Malcolm Gladwell, journaliste et écrivain.

Ce livre traite des phénomènes épidémiques et plus particulièrement du « point de bascule » (tipping point), le moment où une idée, une mode, une maladie, etc. se répand à grande échelle.

La théorie de l'auteur est que trois règles régissent ces phénomènes : les déclencheurs, le principe d'adhérence, et le pouvoir du contexte.

La première règle dit que le point de départ d'un phénomène de masse n'est du qu'à un petit nombre de personnes, les déclencheurs : un des exemples donnés est celui du début de la guerre d'indépendance américaine.

Deux personnes seulement ont suffi à soulever les milices américaines autour de Boston contre l'imminente offensive anglaise : Paul Revere et Joseph Waren.

Ce type d'individu, qui connaît beaucoup d'autres personnes, est appelé « connecteur » par l'auteur. Parmi les déclencheurs, il existe aussi les « mavens » (experts de leur domaine) et les vendeurs.

Le principe d'adhérence est illustré par le succès des séries pour enfants « Sesame Street » et « Blue's Clues » : comment faire en sorte qu'un programme soit non seulement regardé, mais aussi qu'il permette d'apprendre.

Le premier chapitre sur le pouvoir du contexte traite de la criminalité à New-York au début des années 90, dont l'explication du déclin par l'auteur est très différente de celle exposée dans « Freakonomics » (1).
Ce chapitre expose par ailleurs de façon claire la théorie du « carreau cassé » pour lutter contre la criminalité, mal interprétée et transformée en « tolérance zéro » de ce côté de l'Atlantique.

Dans la suite de l'étude du contexte, il est question du nombre maximum de personnes avec qui nous pouvons avoir une relation « sociale » : ce chiffre est d'environ 150 (plus précisément 147.8, il est donné par une équation reliant la taille du néo-cortex à celle du cerveau).

Ce chiffre a quelque chose de particulier puisqu'il se retrouve dans de nombreuses et diverses cultures (Groenland, terre de feu, Australie, etc.) dans lesquelles il correspond à la taille moyenne des villages.
Au delà de 150, une communauté devient moins efficace.

C'est ce principe qu'a appliqué la société « Gore » (pas le cinéma, mais les vêtements en Gore-Tex par exemple) pour la taille de ses sites : dès qu'un site dépasse ce chiffre, un nouveau est créé (2).
Il ne s'agit le plus souvent que d'un bâtiment différent, parfois assez proche pour être visible du premier, mais qui permet de conserver un même niveau d'efficacité (3).

Il est aussi question des couples et de leur capacité à avoir une mémoire commune, chacun ayant une partie de l'information, des vagues de suicide en Micronésie, ou liées à des accidents de la route, ou aux décès de stars, du tabac, de diverses expériences en psychologie, etc.


(1) http://affresdemploi.over-blog.com/article-12343014.html
(2) http://www.commonsenseadvice.com/human_cortex_dunbar.html
(3) Ici, on pourra sourire de la propension des grandes entreprises – ou administrations - à se regrouper dans des sites démesurés.

C'est par hasard que j'ai lu un article sur les infusions dans le dernier numéro de « Que Choisir » (je l'ai surtout acheté pour l'étude sur la fiabilité des voitures).

Les différents tests effectués sont très instructifs quant au sérieux et à l'éthique de certains industriels.

Les résultats les plus marquants concernent la contamination par des pesticides (1) : 8 produits en sont totalement exempts, mais curieusement, aucun n'est certifié « bio ».

Par contre, tous les produits certifiés « bio » testés contiennent des pesticides (1), à des doses flirtant parfois avec la limite règlementaire.

Mention spéciale à la tisane « bio » qui contient des traces de 6 pesticides, dont 4 non autorisés en France, et qui est aussi la plus chère dans sa catégorie (113 euros / kilo).

Les pesticides sont heureusement peu solubles, tout comme le plomb et le cadmium contenus dans plusieurs produits.

Ceux qui préfèrent manger de la viande que boire des tisanes pourront lire dans le même magazine le compte-rendu d'un rapport européen sur des abattoirs français : sur 7 visités, 3 présentent des « déficiences majeures ».

Au point qu'un d'eux à du être fermé (parce qu'impossible à mettre aux normes européennes), celui-là même qui avait déjà été accablé par une une étude identique il y a 3 ans.

Bon appétit.

(1) Pesticides de culture, pour ce qui est des pesticides de stockage, les produits « bio » en sont exempts.

Il est gentil cet Alexandre, il travaille pour une cabinet de recrutement et m'écrit presque tous les jours, avec à chaque fois une offre hypothétique d'emploi, et des compétences toujours plus improbables.

La dernière en date nécessite de connaître DL1.

DL1 est un langage d'accès aux bases de données IMS, aujourd'hui propriété d'IBM, mais qui date de la préhistoire informatique.

Cette base de données a en effet été créée pour les besoins du projet Apollo, durant les années 60.

Il va sans dire que les personnes ayant acquis des compétences sur ces techniques sont pour beaucoup retraitées, et que cette recherche n'a que peu de chances d'intéresser les générations aujourd'hui présentes sur le marché du travail.

Heureusement, le taux de chômage dans l'informatique étant en France de plus de 7% (*), il est tout à fait probable qu'il trouve un candidat à vil prix, même si ni la durée de la mission, ni le salaire, ne sont précisés (ce qui signifie que le poste est sous payé en région parisienne).

Je vais quand même attendre une proposition plus réaliste pour me décider, par exemple dans le domaine de la programmation en hiéroglyphes sur tablette d'argile.


(*) En fait, ça dépend des sources; lire ici par exemple : http://www.zdnet.fr/actualites/informatique/0,39040745,39710585,00.htm

Après les déboires économiques de l'année passée, et pour ne pas penser à ceux à venir, il est nécessaire de relativiser : tout ça n'est peut-être pas si important qu'on le croit.

 

Bonne année !

Manigong bagong taon !

Happy new year !

新年快乐 !