Ce brave Alexandre, dont j'ai déjà beaucoup parlé (1), a visiblement conservé mon adresse mail, et toute son incompétence.

Il est aujourd'hui tellement perdu qu'il me réclame non pas un, mais « des » CV à jour.

Qu'est-ce qu'il s'imagine ? Que j'en ai un tout prêt pour chaque pantin qui me spamme ?

Il demande aussi que je lui indique les opportunités « qui ne correspondent pas à mes attentes mais qui peuvent intéresser d'autres personnes. ».

La liste des postes qui ne correspondent pas à mes attentes est très facile à établir, et il peut le faire tout seul : elle correspond très précisément à la liste des mails qu'il m'a envoyés.

Quant aux personnes qui pourraient être intéressées, très simple aussi : il s'agit de tous les candidats assez demeurés pour s'imaginer qu'un rigolo qui m'écrit de l'autre bout de l'Europe pour un hypothétique poste sans rapport avec mes compétences a autre chose à proposer que du vent.

Mais ne nous fâchons pas, puisque tout va pour le mieux dans le monde merveilleux de l'informatique.

C'est Cadresonline qui me l'a dit : une célèbre SSII, qui m'a déjà à maintes reprises signifié son désintérêt pour ma personne, recrute 1600 personnes en France, dans 26 villes, mais 600 pour Paris.

Bloqué hier par la neige en pleine campagne, et sans internet, j'ai zappé entre divers programmes jusqu'à tomber sur un monument d'incompétence journalistique (1).

Comme souvent, faute d'oser aborder de vrais sujets et d'enquêter avec sérieux, il faut faire du sensationnalisme de pacotille (et, en l'occurrence, pour d'évidentes raisons politiques, vue l'invitée).

Qu'ont-ils donc bien pu dire, se demande le lecteur, pour justifier mon courroux ? Vous ne voyez-pas ? Mais si voyons : la pénurie de compétences dans l'informatique et la nécessité de recruter dans d'autres pays. (la question n'est pas de savoir s'il faut recruter à l'étranger, mais pourquoi on ment sur la disponibilité de compétences en France)

Ils ont illustré leurs propos avec un exemple de « génie » de l'informatique, qui connaîtrait « 20 langages différents », et porte le catogan (j'ai la conviction que ce dernier point est la raison première de son embauche, ainsi que son âge).

Soyons clair : si connaître 20 langages informatiques fait de vous un génie, je suis donc un demi-génie, puisque je n'en connais qu'une dizaine, ce qui n'est pas si mal, bien que je ne programme plus depuis longtemps.

Mais l'escroquerie n'est pas là, elle est sur le salaire offert à ce gentil garnement, qui est de 54 keuros, soit 4500 euros bruts par mois (environ 3500 euros nets), le chiffre sur le contrat est d'ailleurs montré en gros plan, et l'embauche se fait directement en CDI.

Une telle somme pour un poste de développeur, c'est à dire programmeur, est tout simplement impensable, sinon, je n'aurais jamais arrêté de programmer.

Faire passer cette inexplicable exception pour ce qui serait une règle dans les métiers de l'informatique relève de la manipulation.

Ce niveau de salaire est inatteignable pour la plupart des informaticiens, y compris avec beaucoup d'expérience, un bac+5, et un autre niveau de responsabilité que programmeur.

Me concernant, si j'osais demander un tel niveau de rémunération lors d'un entretien, je passerais aussitôt pour un comique involontaire, ou plus probablement pour un demeuré.

Mais surtout, comment croire qu'il n'y a pas en France de programmeur de bon niveau ? Ce métier est généralement méprisé par les recruteurs, et sous payé, au point que beaucoup de ces postes sont délocalisés dans des pays à bas coût.

Si des programmeurs ont vu ce reportage, il est certain qu'ils vont dès aujourd'hui aller demander une augmentation de 100%, puisque la plupart sont payés bien moins que 30 keuros, soit 2500 euros bruts mensuels, environ 2000 euros nets (2).

Pour plus de réalisme, il vaut mieux lire les articles du MUNCI (2), notamment celui qui explique qu'en 2012, le chômage dans l'informatique augmentera de 10 à 30 %.

Au delà de cet exemple, comment accorder désormais le moindre crédit à un reportage télévisé (4), puisque si dans un domaine que je connais, ils racontent n'importe quoi, je n'ai aucune raison de penser que sur le reste ils puissent montrer plus de compétence.


(1) Vous voudrez bien excuser le pléonasme
(2) Un collègue gagne cette somme avec 20 ans d'expérience,et la connaissance d'un langage pourtant très demandé...Mais lui aussi est sûrement une exception...
(3) http://munci.org/Le-chomage-des-informaticiens-est-reste-quasi-stable-en-2011?page=article
(4) Rassurez-vous : je n'ai pas attendu hier soir pour me rendre compte du désastre

Après trois visites au pôle-emploi, autant de photocopies et d'interlocuteurs différents, j'ai enfin récupéré les allocations qui m'étaient dues depuis plus de deux mois.

Il m'aura suffi de répéter inlassablement mon argumentaire, et de photocopier avec assiduité.

Finalement, ils m'ont versé plus que prévu, ce qui tombe bien : les soldes continuent.

Une société que j'avais rencontrée cet été me recontacte : rien de bien original.

Ils m'avaient pourtant laissé un souvenir assez clair : des locaux mal situés, des bureaux vétustes,étriqués, et mal aménagés, dans lesquels s'entassaient des  « consultants en recrutement » (stagiaires chargés de faire du racolage téléphonique), et une « responsable du recrutement » dont la seule image qui me revient celle d'un décolleté particulièrement inadéquat pour un entretien qui se prétend professionnel.

Voilà qu'après 6 mois de réflexion(s ?), mon CV serait devenu intéressant, c'est du moins ce que dit le message qu'elle m'a laissé.

Message qui oublie, en ce début d'année, de commencer par des meilleurs vœux : je n'en attendais pas plus de ces champions.

Quant au poste qui me conviendrait il s'agirait, je cite, d'une « éventuelle opportunité pour un poste intéressant ».

C'est tout.

Un peu léger non ?

Je rappellerai quand même, juste pour le plaisir de décliner cette offre improbable, dont il est possible que je me délecte des détails qui me seront donnés dans un autre article.