« plus fort que les dieux, la remarquable histoire du risque » par Peter L.Bernstein, président d'une société de consultants en économie pour les investisseurs.

L'histoire de la gestion du risque commence avec les premiers échanges commerciaux. Les premières formes d'assurance maritime datent de l'empire romain avant d'apparaître plus formellement sous le nom de « chambre d'assurance » en 1310 à Bruges, mais c'est à la renaissance que se font les premières tentatives d'étude et de formalisation.

Notamment avec Cardan qui rédige un traité de mathématiques « le grand art » en 1545, puis « le livre des jeux de hasard », dans lequel apparaît pour la première fois la notion de probabilité.

Au 17ème siècle, c'est en France que se poursuit cette étude, avec Pascal, Fermat, et le chevalier de Méré : pour la première fois on mesure la probabilité d'un évènement.

A la même époque, en 1696, Edward Lloyd crée en Angleterre la « Lloyd's List », périodique dressant le calendrier des mouvements de navires. La « Society of Lloy's » est créée en 1771, et devient une des premières compagnies d'assurance du monde.
Francis Bacon avait dès 1601 présenté un projet de loi pour règlementer les polices d'assurance qui « sont en usage depuis un temps immémorial ».
Aux états-unis, Benjamin Franklin a crée la « First American » en 1752.

Plus proche de nous, et surtout de nos préoccupations actuelles, la gestion du risque s'est intéressée aux marchés financiers, dès le 19ème siècle, avec une phrase qui aurait gagné à être gravée sur la façade du palais Brognard : « l'espérance mathématique du spéculateur est égale à zéro ».
Elle est de Louis Bachelier; sa thèse, intitulée « théorie de la spéculation », ne fut pas suffisamment bien notée par Poincaré pour lui permettre d'enseigner à l'université.

L'avant dernier chapitre est consacré aux produits dérivés, qu'on nous présente dans les médias comme une des causes de la crise actuelle.

C'est oublier ce qu'ils sont vraiment : la couverture d'un risque. L'exemple type est celui de l'agriculteur qui vend se récolte au moment des semailles pour un montant fixé par contrat : il peut rater un petit bénéfice si le prix des céréales augmente, mais s'assure un revenu si sa récolte est mauvaise. Le risque est transféré sur celui qui a acheté la récolte.

De tels produits existaient déjà en Europe au moyen âge, dans les foires, sous le nom de « lettres de faire », au 17ème siècle au Japon pour la récolte de riz, et depuis 1865 pour le blé à la bourse de Chicago : le but est de se protéger du risque de volatilité des prix (*).

Les problèmes surviennent quand les produits dérivés deviennent trop complexes (produits « structurés »), au point que personne ne sait plus ce qui est assuré ni le risque encouru. Tout le monde faisant mine d'oublier la simple devise : « on ne peut espérer gagner de l'argent sans prendre le risque d'en perdre ».

Le dernier chapitre, prémonitoire, s'intitule « En attendant les barbares... », et nous met en garde contre les dérives que pourrait entraîner un système financier trop complexe, mondialisé, utilisant abusivement l'effet de levier, et automatisé.

Il est regrettable que ce livre n'ait pas été lu par les traders : il date de 1998.


(*) Avec un effet exactement inverse ces dernières années, à cause des « hedge funds » ?

1 comments:

Gilles a dit…

ca a l'air tres interessant....