« Le poids des apparences, Beauté, amour et gloire » de Jean-François Amadieu, professeur à l'université de Paris-I en sociologie et gestion des ressources humaines.

Dès l'introduction, le ton est donné : « Le moment est peut-être venu de dire clairement la vérité sur l'un des facteurs les plus obscurs de discrimination sociale. Par cet ouvrage, nous voudrions pouvoir contribuer à cette prise de conscience dans un pays qui se plaît à ignorer et minimiser le poids des apparences »

Le livre commence par une (tentative de) définition des « standards de la beauté », et se poursuit par les préjugés liés à l'apparence, notamment dans le vocabulaire, et les paradoxes des proverbes. Des études,près de 200, montrent que de nombreuses qualités sont associés aux belles personnes.

Et tout commence très tôt : de l'école au lycée, le physique d'un élève prédit entre 20 et 40% de la variance (1) des résultats scolaires. Le titre du chapitre le résume : « une clef du succès scolaire ».

Le chapitre 3 tombe sous le sens, puisqu'il traite des conquêtes et du mariage. La corrélation entre la beauté des conjoints est un bon moyen de déterminer la stabilité d'un couple.

Après les études, c'est la vie professionnelle et « l'inavouable réalité ». Il est connu de longue date que le non-verbal peut compter jusqu'à 90% dans la transmission d'information (2).

Au cours d'un entretien cette proportion peut tomber à 45%. Il reste alors à éviter, entre autres pièges, la « dissociation cognitive » du recruteur, qui n'admet pas que les aptitudes réelles du candidat soient en contradiction avec celles qu'il supposait.
Il y a aussi l'effet de « halo » : la première impression empêche d'apprécier de façon objective les caractéristiques réelles d'un individu.

Le salaire pâtit aussi de l'apparence : une étude menée en Angleterre a montré que s'il n'y a pas de bénéfice salarial à être beau, il y a en revanche un préjudice de 15% à être laid.
Aux états-unis, l'écart a été mesuré à 15% pour les employés.
Les écarts de salaires dépendent aussi du secteur : un beau vendeur gagne 13% de plus, un vendeur de grande taille gagne 25% de plus.

Parmi les nombreux exemples donnés, et les études citées, la plus marquante concerne l'académie militaire de West Point aux USA : le meilleur prédicteur de carrière des cadets est leur tête.
Sur la base de cette photo, il est possible de prévoir la carrière qu'ils auront : le rang de sortie de l'école n'a aucun lien avec la suite.

L'avant dernier chapitre s'intitule « délit de sale gueule » : les études montrent que pour un même délit, le montant de la sanction financière est inversement proportionnel à la beauté du coupable; l'écart est de 1 à 3.
Il ne faut pourtant pas (qui en doutait ?) se fier aux apparences : les délinquants au visage d'enfant commettent plus de délits que ceux au visage mature.

Le dernier chapitre traite de « politique et séduction », où il est plus question de notoriété que d'apparence.

Une remarque pour finir : si la réussite est grandement liée à l'apparence physique, il est aussi remarquable que tous les parents pensent avoir enfants très beaux. Une étude a révélé que le cerveau trouve beau ce qu'il est habitué à voir; il ne faut donc pas tirer de conclusions trop hâtives de ses propres observations.

(1) Pour faire court, la variance est la moyenne des carrés des écarts à la moyenne. L'écart type, qui est la racine carrée de la variance, lui est général préféré pour mesurer la dispersion d'un échantillon.
(2) Mehrabian et Wiener, 1967

1 comments:

Patou a dit…

A l'article, on peut ajouter aussi les personnes avec une surcharge pondérale ne sont pas crédibles pour être des managers capables. Ils ont peut être un capital sympathie mais ne paraissent pas être des leaders crédibles. Il suffit de voir le résultat au niveau des hommes politiques de notre pays. Il vaut mieux être un petit nerveux qu'un moyen bedonnant. Et comme j'aimerai être responsable d'équipe c'est décidé demain j'attaque un régime/ ;-)