« Les chèvres du pentagone » de Jon Ronson, journaliste (the guardian) et auteur de documentaires.
Le livre commence par le portrait du Général Stubblebine (1), chef des services de renseignement de l'armée américaine, en 1983. Il pense pouvoir traverser les murs, mais se heurte régulièrement à celui de son bureau lors de ses tentatives.
Il s'essaye aussi à la lévitation, sans plus de succès, et de son propre aveu « pas moyen de décoller mon gros cul du sol ».
Le général Stubblebine supervisait, entre autres, le « labo des chèvres », où étaient (sont ?) parquées des chèvres rendues muettes pour masquer leur présence sur une base militaire, et qui étaient utilisées pour tester les pouvoirs de l'esprit : tenter de les tuer en arrêtant leur cœur par la force de la pensée.
Un expert en arts martiaux, Guy Savelli, prétend pouvoir le faire sur des hamsters par la seule force de son regard.
Le but de ces expériences, de la traversée des murs au génocide des chèvres, était de former des « supers soldats », des « guerriers jedi », comme les appelle un ancien médium des forces spéciales, Glenn Wheaton, capables entre autres prouesses de devenir invisibles.
L'homme à l'origine des ces idées loufoques à la fin des années 70 est Jim Channon (2), auteur du « manuel d'opérations du bataillon de la première terre » (3) après son expérience traumatisante au Vietnam. (4).
Son manuel proposait des méthodes issues pour la plupart du mouvement « new age » pour mener les guerres autrement que par l'emploi de la force.
A cette époque, le général Noriega, qui émargeait à la CIA (alors dirigée par un certain Georges Bush) et devenait un problème a été la cible d'attaques d'une équipe de médiums logés à Fort Meade.
Noriega était lui aussi adeptes des méthodes paranormales pour assurer sa sécurité.
A partir de 1995, un des des anciens médiums de Fort Meade, Ed James, a commencé à faire des « révélations » et autres « prédictions », plus fantaisistes les unes que les autres, dans l'émission de radio d'Art Bell.
Ces nombreuses opérations secrètes ont aussi un coût : l'administration de Georges W Bush a fait verser, en 2004, 30 milliards de dollars à un budget secret pour les financer.
Il est aussi question du projet « MK-ULTRA » lancé par la CIA dans les années 50, à grand renfort de LSD, des méthodes utilisées à Abou Ghraib (5), de Guantanamo, etc.
Mais le plus difficile est de garder à l'esprit la première phrase du livre en lisant ces délires : « ceci est une histoire vraie ».
(1)
http://en.wikipedia.org/wiki/Albert_Stubblebine
(2)
http://en.wikipedia.org/wiki/Jim_Channon
(3)
http://www.amazon.com/First-Earth-Battalion-Operations-Manual/dp/1449524559
(4) Où il a pu constater que seuls 15 à 20% des soldats à qui on en donne l'ordre tirent pour tuer. Parmi ceux-là, 98% deviendront fous, les 2% restants étaient
déjà fous. Il fit une dépression à son retour.
(5) Avec une version très différente de ce qu'avaient présenté les médias à l'époque du scandale